Sirènes

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Je crois que pour la deuxième fois de ma vie je me lève tôt.

Enfin disons que j'ai été aidé : le jour de "repos" a été écoulé. Demain sera le dernier jour.

Le dernier jour où je le verrai. Oui, parce que je savais d'avance qu'il n'allait rien dire cet abruti.

Donc certes je m'étais levé tôt mais ce n'était pas pour autant que j'étais de bonne humeur.

J'ai fait la pire chose, la chose à ne jamais, ô grand jamais, faire quand on est pirate : s'attacher à un prisonnier.

Déjà parce que j'avais trahi et menti à l'équipage et au capitaine, et aussi parce que j'allais le regretter.

Il allait me manquer cet idiot.

J'allais me chercher quelque chose à boire dans la réserve, et pour me donner bonne conscience je pris un morceau de pain.

Je montais sur le pont, histoire de me changer les idées. Je regardais les gabiers sur le gréement.

Ça devait être bien d'être là haut, sauf pendant les tempêtes évidemment.

Je buvais et mangeais. La mer était relativement calme, le soleil venait à peine de faire sa totale apparition, le vent soufflait une brise agréable.

Ça m'apaisais un peu. Mon regard se posa sur l'eau, elle avait la couleur de ses yeux...

Mais dans quoi je m'embarquais.

J'entendais des voix derrière moi, elles chuchotaient mais je parvenais à entendre quelque bribes de phrases.

« Et pour le coffre on fait quoi ?

- On donne le contenu aux gars et on conserve le reste. Ça peut valoir une fortune un coffre comme ça !

- T'as raison, en plus y'a que des babioles dedans. »

En me retournant légèrement je compris que c'était notre second et notre maître canonnier qui chuchotait.

Alors comme ça ils voulaient garder le coffre et donner les "babioles" au reste de l'équipage ?

Honnêtement ça ne nécessitait pas un chuchotement.

Enfin bon.

Des voix plus fortes approchaient, et visiblement très en colère, nul doute que ça devait être Witterel.

Mon corps se raidit, finalement Damien avait raison, j'ai bel et bien peur de lui.

Mais sincèrement, qui n'aurait pas peur d'un homme comme ça.

« Mais quel incompétent !

- Mon capitaine, je sais que vous êtes en colère contre lui mais -

- La ferme ! Il aura ce qu'il mérite. »

Je pâli, mon cœur battait extrêmement vite et fort, je ne bougeait plus, j'étais à l'affût de chacun de ses pas.

Parlait-il de moi ? J'en étais quasiment certain. Qu'allait-il me faire ?

Quelque chose me frappa, Damien m'avait-il dénoncé ? Pourquoi avait-il fait ça ?

Les pas se rapprochaient de moi, mon cœur allait exploser.

« Thomas ! Cria Witterel.

- O-oui mon capitaine ?

- J'aimerais- tu es sûr que tout va bien ? Sa voix retrouva son intonation normale. Tu es bien pâle.

- Oui tout va bien, ne vous inquiétez pas. Je lui fit un sourire forcé.

- Dans ce cas j'aimerais, donc, te confier ceci. Il tenait devant moi une clé.

La Malédiction du Cobra's HookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant