Le Lycée Mauprin - Phobie de la Réussite (1/4)

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Dans ce lycée et surtout depuis peu, j'ai toujours été apeuré ou effrayé tant que je ne fais pas ce que je fais de mieux, c'est à dire courir. Je suis un athlète de haut niveau et depuis que je participe aux championnats d'athlétisme je n'ai jamais perdu. Je suis infatigable et surtout irrattrapable si je pars au loin personne n'a le potentiel de me rattraper. Quelque part c'est un peu injuste vu que je ne pense pas avoir fourni de tels efforts pour ces résultats.

Je m'appelle Aaron Wesley, je n'ai aucun souvenir d'avant mes sept ans mais d'aussi loin que je me souvienne j'ai toujours vécu en famille d'accueil sans trace de mes parents biologiques et je passe ma vie à courir après tout ce qui me passionne, et à fuir tout ce qui m'effraie. Un peu comme vous tous finalement, sauf que mon cas est plutôt particulier...

C'était deux semaines avant nos examens de fin d'année de première, avec Eva, une des raisons qui me fait courir. Je venais de finir de m'échauffer, une dizaine de tours de stade à pleine vitesse. En quelques minutes j'avais terminé comme à mon habitude, elle m'attendait fasciné par mes performances. La nuit tombait, et le terrain au bord d'une colline verdoyante laissait passer l'air doux du début de l'été qui rafraichissait nos corps chauds. Son regard était rivé sur mes tâches de rousseurs puis sur mes cheveux bruns. Le mien rivé sur ses cheveux courts blonds vénitiens. Elle est constamment là à éviter de croiser mon regard. Entre Eva et moi on n'a jamais passé ce cap, celui du regard de braise comme si on attendait tous les deux que l'autre fasse le premier pas.

"-Eh bah ! Tes grandes enjambés m'impressionneront toujours, je sais que tu es grand mais tout de même !

-Ah ah oui sans elles je ne serais surement pas aussi rapide !

-Bref toujours aussi rapide champion, tu te sens comment pour le championnat de France ?

-Euh, à vrai dire je sais bien que je n'ai pas à m'en faire pour l'issue de tout ça...Malgré ça cela me tétanise. C'est dingue non ?

-Je comprends, mais réjouis toi, avec un talent pareil ton avenir est tout tracé...J'aimerai pouvoir en dire autant pour moi." Dit-elle en rigolant légèrement d'un air gêné.

On s'asseyait sur l'herbe et on semblait en oublier l'entrainement, on se regarde, respire profondément, puis une tension naturelle monte. Je me mets à tapoter du pied frénétiquement, elle semblait vouloir se rapprocher de moi, mais j'avais peur. Une raison qui m'était totalement inconnue venait me bloquer comme si j'appréhendais. Pourtant j'avais tellement envie de la serrer dans mes bras à ce moment là, mais la pression montait et pas dans le bon sens. C'était inexplicable et je commençais réellement à ressentir des migraines violentes. Eva posa sa main sur mon épaule l'air soucieuse de mon état. On décida peu après d'annuler l'entrainement à cause de ma crise d'angoisse, elles se faisaient de plus fréquentes et cela inquiètait beaucoup Eva, je le sentais. Une fois chez moi c'est toujours la même chose, je me sens idiot d'avoir été apeuré devant elle, mais malgré ça je n'ai jamais peur en dehors du Lycée. C'est là la partie étrange de mes crises. C'est comme si tout venait de ce Lycée, comme si c'était lui le monstre qui m'écrasait jour après jour.

Le lendemain, en cours, mon groupe de potes vint s'asseoir avec moi parmi eux il y avait Julien, Jeremy et Christian. Comme à leur habitude sauf que depuis plusieurs jours ils semblaient m'exclure de leurs plans, je les voyais souvent discuter et se taire à mon arrivée. Je sais que j'ai été très occupé ces derniers temps avec Eva et mes entrainements mais je les voyais mal me le reprocher. Finalement je ne sais pas si ils m'évitaient vraiment, tout ça là c'était surement dû au stress.

TOTEM : Enfances EffacéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant