leçon 5 : ne mens pas

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Toute sa famille n'était qu'un amas d'alphas trompeurs et briseurs de coeur. Ils méritaient de rôtir en enfer, songea douloureusement l'adolescente.

Justement elle avait un bel démon en face d'elle.

Vêtu tout en blanc comme pour étouffer sa nature sombre ou peu-être s'attirer sa sympathie, il semblait attendre qu'elle se montre cordiale. Elle n'en avait cure, sa pitié avait tari dans les caves du club même la vue de sa main bandée ne fit naître qu'une vague curiosité. Elle ne solliciterait plus son aide et n'attendrait plus rien de lui.

Ils se fixèrent un long moment comme deux combattants, aucun faisant l'effort pour tendre la main.

Gege resta immobile, près de lui, un plateau en main. Elle lui faisait penser à un gnome, sombre, inquiet, le regard perfide.

Au bout d'un moment, les flammes dans les yeux de Ren changèrent d'une froide expression pour devenir aussi inquisiteurs que ceux d'un cobra royal. Et si il me mettait à bouger sa queue... elle se savait qu'elle mordrait.

- Sortez

Il n'en fit rien. Son regard glissa sur sa peau, là où Yuna avait laissé ses traces. Instinctivement, elle tira sur ses cheveux pour les cacher.

- Madame Gege, fit-il d'un ton calme mais où perlait une légère contrariété

La fille de La Veuve Noire, aussi silencieuse que lugubre, comprit cet ordre et se hâta vers Lilith. Celle-ci la fixa avec grande méfiance.

- Mme Gege va vous assister, expliqua Ren

- Je n'ai pas besoin ...

La vieille femme lui prit le bras brusquement.

- Elle va vous soigner, fit Ren

- Je vais bien, rétorqua Lilith qui souhaitait éviter de devoir repousser la vielle dame

Mais Gege ne l'écouta pas bien décidée à lui pourrir la vie.

Elle commença par allumer des encens un par un, avant de sortir, de sa manche de kimono, une panoplie des pots dont la diversité de parfums envahit les narines de Lilith. C'était musqué et aigre. Sans chercher le consentement de l'adolescente, elle appliqua les pommades sur ses bras et son cou sans que Lilith tenta de se dégager, car elle sentait bien que Gege, sous sa carapace de gnome, n'accepterait pas qu'elle se rebelle.

Cela piquait et ne sentait pas très bon, mais tout compte fait ce n'était pas désagréable.

- Aie!

Gege venait de mettre une drôle de pâte sur son cou. Cela brûlait. Elle fit un geste pour l'enlever. Gege secoua la tête et lui donna une petite claque sur la main qui la fit voir des étoiles.

- Cela me fait mal, rétorqua Lillith en arrachant la pâte

La vieille femme déposa une nouvelle couche sur la peau irritée qu'elle étendit aussi sur les marques que Yuna avait laissé sur ses bras. Lilith allait les enlever, mais Ren la retint par le bras. Elle sentait le feu monter jusqu'à sa tête. Qu'était-ce donc cette crème?

- Lâchez-moi! Vous voulez me brûler?

Il émit un son qui raisonnait à un ricanement.

- Au contraire, Lilith san, nous tentons de vous garder vivante

Son corps était si près du sien, qu'elle pouvait respirer son arôme qui lui rappela le parfum du paradis perdu. Malgré elle, son coeur se remit en marche. Cet homme était un péril pour la race féminine. Elle fixa sa main bandée. Un bandage couvrait son doigt. Un bandage qui portait quelques gouttes de sang. Les mots de Mei lui revinrent en tête. Que lui était-il donc arrivé?

La griffe de la panthère noireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant