La légende des Lynites partie 1 : Lackmine

Rêve ou réalité ?

Chapitre 1 : Rêve ou réalité ? 

MÉLANIE

La nuit était tombée. Seuls quelques lampadaires éclairaient la rue déserte où je me trouvais, dans la petite ville de Paya. Ce n'est pas que j'ai peur du noir, mais la nuit je perds tout repère. Il suffit qu'il fasse un tout petit peu sombre pour que je me sente complètement perdue. Déjà qu'en plein jour mon sens de l'orientation n'est pas top... Et puis la nuit il y a tous ces petits bruits qui viennent d'on ne sait où, ainsi que ces ombres aux formes étranges qui cachent toutes sortes de créatures imaginaires. En plus de tout ça, la grosse valise que je traînais derrière moi ne me facilitait pas vraiment la tâche. J'avais hâte d'arriver à destination pour pouvoir enfin me reposer !

« Dix-sept. Je cherche le numéro dix-sept. » Cette maison-là portait le numéro treize, et la suivante le quinze. En toute logique, la prochaine maison devait donc être la bonne. Mais... ça alors ! Après le numéro quinze, la route était soudainement coupée par une barrière et tout s'arrêtait là, la rue, les maisons, ainsi que les lampadaires. Au-delà, c'était l'obscurité complète. Pas une seule étoile n'illuminait le ciel.

Je ne comprenais vraiment pas. J'étais pourtant dans la bonne rue et les numéros impairs se trouvaient sur la gauche, donc normalement j'aurai dû continuer tout droit. Mais voilà qu'il y avait cette barrière qui m'empêchait d'avancer. Grâce à la faible lueur du dernier lampadaire je distinguais un panneau « interdit » dessus. C'était mauvais signe. Je sortis mon téléphone portable de la poche de ma veste pour constater qu'il était vingt-trois heures pile. Si mon train n'avait pas été en retard je ne me serais pas trouvée pas dans cette situation. À cette heure-ci, la pension tout comme l'école, étaient déjà fermées et il était trop tard pour téléphoner. Je n'avais donc aucun logement pour la nuit... sans parler du fait que c'était la première fois que je venais dans le coin. Ah ! Que faire ? J'étais au bord du désespoir.

J'essayai de réfléchir à une solution mais je n'arrivais pas à penser calmement. Pensante, je fixai le vide au-delà de la barrière et mes yeux s'habituèrent peu à peu au noir. J'apercevais à présent le contour des arbres au loin. C'est alors que je remarquai une faible lumière qui scintillait doucement entre ceux-ci. C'était ma lumière d'espoir. En pensant que je trouverais peut-être une personne assez aimable pour m'indiquer le chemin, j'enjambai la barrière « interdit » sans trop réfléchir. Après tout, que pouvait-il m'arriver ? Une fois que ma valise fut passée de l'autre côté, je soufflai un bon coup puis m'engouffrai.

Bientôt je ne pensai plus qu'à cette étrange lueur et mon pas s'accéléra. De quoi pouvait-il donc s'agir ? Alors que j'avançais rapidement et suivais la lumière qui se rapprochait, je me retrouvai soudainement devant un haut mur entourant ce qui semblait être une propriété privée. Mon étonnement n'aurait pu être plus grand. En effet, une substance rouge lumineuse semblait couler à travers les pierres du mur. C'était cette lueur que j'avais aperçue de loin. Je continuai en le longeant, ce mur fascinant, sans n'oser y toucher. Le temps semblait s'être arrêté et je me trouvais à présent tout à fait sereine. Il n'y avait pas un bruit. Je me sentais comme dans un rêve.

En fait, qu'est-ce que je cherchais déjà ? Ah oui, le numéro dix-sept. Je ne savais plus depuis combien de temps je longeais ce mur. Cette propriété était vraiment immense. L'inquiétude me repris. Je ressortis mon téléphone pour voir l'heure. Cela faisait plus de dix minutes que je marchais, mais ce qui m'alarma fut le fait que je n'avais plus aucun réseau ! Cette fois je m'étais vraiment perdue. Je n'avais aucune idée de l'endroit où je me trouvais. Il m'apparut alors avec évidence que je n'aurais jamais dû franchir cette barrière. S'il y avait une interdiction d'entrer, ça ne devait pas être sans raison. Je sentis que la panique était sur le point de m'envahir. J'avais envie de crier au secours. Mais personne ne m'aurait entendue... Je vivais un cauchemar !