Tu n'es plus là.
C'est plutôt rapide comme constat, reconnais-le. Je ne m'étale pas et vais droit au but. Pas de phrases poétiques, pas d'éloges en tout genre, pas de grands gestes théâtraux. Juste un constat.
Tu as quitté ce monde.
Au début, ça m'a fait bizarre.
Après tout, je passais tout mon temps avec toi. Tu me parlais, je t'écoutais, inversement.
Tu avais besoin de moi, j'étais là.
Tu ne voulais plus me voir, j'étais quand même là.
Nous réfléchissions de la même façon, pensions aux mêmes choses, avions les mêmes rêves, parlions de la même manière. Tu étais une part de moi, et j'étais une part de toi.Mais il a fallu que tu foutes tout en l'air.
Explique-moi pourquoi tu n'as pas simplement levé la tête ? Ne tenais-tu pas à la vie ? Ce garçon était-il si important pour que tu ne l'oublies pas trente secondes le temps de traverser la route ?
Évidement qu'il l'était, je le savais.Mais c'est de ma faute. J'aurais dû faire attention. J'étais avec toi, comme toujours, et je n'ai rien vu.
Tu sais, quand cette voiture t'a envoyée dans le décor, j'ai eu peur. Tellement peur.
Mal aussi. Tellement mal que je n'ai tout simplement pas réussi à bouger le moindre orteil. J'étais tétanisée. Je savais que tu ne te relèverais pas, et pourtant je ne bougeais pas.
Autour de moi, je devinais les gens qui s'activaient pour appeler les secours, ne pas trop te toucher, te maintenir en vie.Ce que tu n'es plus.
Je me souviens avoir pensé à ta famille que tu laissais derrière. Elle est dévastée, tu l'imagines.
Tes parents qui t'adoraient, avec qui tu parlais de tout, plaisantais, te disputais, ne te dévoilais pas sur tout non plus parce qu'une meilleure amie c'est quand même mieux pour ça, ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes.
Ils pleurent corps et âme.
Tu leur manques tellement.Il n'y aura plus jamais tes rires dans cette maison pour l'égayer.
Plus de blagues, nulles ou pas, pour faire rire ta famille.
Plus de pseudo crise d'adolescence pour un oui ou pour un non.
Plus de câlins, de bisous ou n'importe quelle attention envers eux de ta part.
Plus de tout ce qui te faisait toi.
Ils ne tourneront jamais la page.
Tu laisses tellement de choses derrière toi. Ton entourage, qui jamais ne t'oubliera et mettra sans aucun doute autant de temps à s'en remettre qu'il est possible de s'en imaginer ;
tes rêves, et Dieu sait que tu en avais, des plus fous aux plus réalistes.
Je les connais tous, évidement.Tu ne trouveras jamais l'amour, ne le vivras pas, ne connaîtras jamais de déception amoureuse, n'auras pas d'enfants, ne deviendras ni mère ni grand-mère.
Tu ne sauteras jamais en parachute pour te délecter de cette sensation forte que tu adorais tant.
Tu n'exploreras pas non plus les profondeurs océaniques pour y découvrir des poissons tous plus colorés les uns que les autres, et sentir l'eau te caresser doucement la peau.
Les grandes études que tu espérais accomplir ne resteront qu'un rêve, toi qui adorais apprendre, progresser, te dépasser.
D'ailleurs, tes projets de remporter les championnats de boxe s'envolent en fumée, tout comme tes espoirs concernant les multiples voyages aux quatre coins du monde que tu avais planifié avec tes amis ou ta famille.Et malgré tout ce que tu abandonnes, est ce que tu as pensé à moi ?
"Chérine s'en sortira, je peux la laisser." Voilà ce que tu t'es dit ?
Qu'est-ce que je vais faire maintenant ? Sans toi ? Comment suis-je censée faire face à ça ? Dois-je lutter contre ta mort, ou tout simplement accepter ce sort funeste ?
Tu as été d'un égoïsme pur. Je vais dépérir en même temps que toi, n'étant tout simplement pas capable, pas assez forte pour vivre sans ta présence à mes côtés ;sans tes paroles réconfortantes quand je me trouvais au plus bas ;
sans tes mots durs mais si justes lorsque je me laissais aller ;
sans toi, tout simplement.
Je ne sais pas si t'en étais rendue compte, mais tu étais bien plus qu'une moitié pour moi. Tu me représentais entièrement, qualités et défauts, points forts et points faibles, hauts et bas. Plus qu'une âme sœur même.
Tu m'étais.
Je ne vivais que par et pour toi.
Et à présent, il est évident que la douleur que je ressens dans la poitrine ne s'en ira pas, à moins de mourir.
Mourir... Voilà une idée bien alléchante face à cette situation.
Je suis si déchirée que j'en viendrais presque à espérer que ça arrive.
Et pourtant tout cela n'aurait pu être qu'un simple rêve. Difficile mais bien irréel.
Il aurait simplement fallu que tu résiste un moment, un instant aussi court qu'un battement de cœur.
Les secours auraient pu te sauver.
Peut-être que c'était ton choix au final.
Peut-être. Je n'en sais rien.
Pour la première fois de ma vie, je ne sais pas ce que tu pensais. C'était sans aucun doute le capharnaüm dans ta tête.
C'est douloureux un choc comme ça. Ça m'étonne même que tu ne sois pas morte sur le coup.
Mais bon. J'avais peu d'espoir.
Je n'en ai absolument plus maintenant.
Je n'ai même pas pu assister à ton enterrement. Impossible de bouger, de penser, de respirer même. En partant, tu m'as faite partir aussi.
Dossier médical :
Mademoiselle G. Chérine, morte d'un accident de voiture à 17 ans.
Souffrait de schizophrénie aiguë.
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Short StoryTu n'es plus là. Et moi dans tout ça ? Je sais que j'ai mis des mots clés en rapport avec bts, mais cette nouvelle n'a aucun rapport avec eux. Je voulais simplement avoir plus de visibilité. Rien ne vous empêche de la lire quand même ☺