Partie 4

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Une semaine plus tard j'étais encore sous le choc. Plus de 10 ans de mensonges venant de la personne à qui j'avais toujours fait confiance. Ma mère et le reste de ma "demi-famille" tentaient tant bien que mal de me remonter le moral, mais dès que ma main attrapait mon téléphone, la réalité me rattrapait à la vitesse de la lumière. En voyant tous ses appels en absences et ces messages que je n'avais pas même pris la peine de lire je devinais qu'il avait compris que j'avais appris la vérité. Tout ce qui me retenait, mon roc, mon ancre s'était comme volatilisé et je n'avais plus aucun repère fixe, même les mots doux de ma meilleure amie n'avaient pas réussi à m'arracher un sourire. j'étais désorienté, perdue, déboussolée, désarçonnée, plus aucun adjectif ne pouvait décrire ce que je ressentais.

J'entendis quelqu'un toquer doucement à la porte, je ne répondis pas. Ça ne pouvait pas être ma mère qui se permettait d'entrer sans soucis. J'avais mon dos contre la tête de lit, un écouteur dans l'oreille et un oreiller dans mes bras. On tapa à nouveau, avec un peu plus de vigueur cette fois, je murmure un "entrez" entre mes dents sans aucune grande conviction. Steve fit son apparition. Je m'attendais à tout le monde sauf à lui, instantanément je me redressais dans mon lit. Il ne devait pas être en train de travailler? 

- Je peux te rejoindre? me demande-t-il.

Pour toute réponse, je lui fis de la place sur mon lit. Il ne fit aucun commentaire sur le manque de luminosité, de rangement dans la pièce. Le tout était négligé, des vêtements trainaient un peu partout, mon téléphone sans batterie tenait en équilibre sur le dossier du fauteuil, quelques sachets de bonbons et de chips au sol... J'habitais un peu comme un ermite dans cette chambre, je ne me souvenais même pas la dernière fois que j'avais vu la lumière du soleil ou mangé autre chose qu'un aliment empaqueté. Ma tête dans mon oreiller, je regardais dans le vide quand la voix de Steve me sortit de mes pensées. 

- Je sais que ce n'est pas vraiment ma place et même si ça ne fait qu'une semaine que nous nous côtoyons, tu es de la famille Olivia. Je ne suis pas ton père et mes mots n'auront peut-être aucun impact mais j'essaye tout de même.Rester dans cette chambre n'arrangera pas la situation, les éviter ne fait que repousser l'échéance et rien d'autre. Il ne faut pas que tu en veuilles à ta mère de ne t'avoir pas dit la vérité. Quand je l'ai rencontrée Il y a 9 ans, son coeur était toujours meurtri, j'avais perdu ma femme un an auparavant, c'était autant dur pour elle que pour moi et je sais que les histoires sont différentes mais la douleur est toujours là. L'amour rend aussi heureux qu'il ne détruit. Les choses ne sont jamais soit blanches soit noirs mais nous sommes les seuls à pouvoir voir la vie en couleur. Parles-en a ta mère, elle te racontera tout.  Quant à ton père, tu ne sauras jamais pourquoi il a fait ce qu'il a fait ou pourquoi il te l'a caché. Tu peux peut-être juste lui envoyer un message lui disant pourquoi tu ne réponds pas, il n'arrête pas d'appeler à la maison et de laisser des messages à Elizabeth. Un simple message lui disant que tu vas bien et que tu as besoin de temps, c'est tout ce dont il aura besoin. 

Steve se leva et allait quitter la pièce mais avant de partir il me dit que quelqu'un voulait me voir. Je fronçais un sourcil avant de voir une tête blonde courir et sauter sur mon lit puis vint s'asseoir sur le lit.

- Livia? Tu m'accompagnes au parc? Papa va travailler et Elliott est chez un ami. S'il te plaît. S'il te plaît. S'il te plaît. S'il te plaît, me supplia du regard Zach. Personne ne pouvait résister à ce regard si innocent, pas même moi. Mais c'est une autre réponse qui sortit de ma bouche. 

- Peut-être un autre jour Zach, lui dis-je.

Je le vis quitter ma chambre sans un mot et surtout déçu. Son regard était planté dans le plancher et il était avachi sur ses épaules, montrant combien je venais de lui briser le coeur. Le voir partir de cette façon me faisait mal je devais l'avouer. 

Les paroles de Steve ne faisaient que tournoyer dans ma tête. J'en voulais énormément à mon père mais je ne pouvais pas mettre 18 ans de ma vie derrière moi de cette façon. Et je ne pouvais pas rester là à me morfondre sur mon sort, oui cela faisait mal mais il fallait combattre le mal par le mal comme on disait. 

Après quelques minutes, je me levais de mon lit, pris mon téléphone, tentais de l'allumer en vain, je le chargeais donc. J'allumais mon ordinateur et mis de la musique en fond. Je n'ouvrais même pas ma boîte mail sachant éperdument qu'elle serait remplie de messages ou du moins je ne l'ouvrirais pas maintenant, pas avant d'avoir envoyé un message à mon paternel. Avec les 8% de batterie de mon portable, je l'allumais tout en le laissant chargé. Après l'avoir déverrouillé, je le laissais recevoir toutes les notifications pendant bien deux longues minutes. J'ignorais les différents messages précédents et cherchai mon père dans mes contacts et je lui écrivis un message très simple.  

"Papa, je vais bien, ne t'inquiètes pas. Maman m'a racontée pourquoi elle est partie. J'ai besoin d'un peu de temps pour réfléchir. On pourra en discuter plus tard et tu pourras m'expliquer ta version de l'histoire mais pour le moment j'ai juste besoin d'espace. Je t'aime. - Liv"

J'envoyais aussi un message à ma meilleure amie lui expliquant la situation et elle me dit qu'elle comprenait et que si j'avais besoin de me confier, elle était toujours là. Mon père me répondit qu'il attendrait le temps qu'il faudrait. Finalement ce n'était pas si dur et je me sentais même libérée d'un poids sur le coeur.

Il fallait que je sorte de ma léthargie. Steve avait raison, je ne pouvais pas rester la indéfinitivement. Les rideaux ouverts, le sol propre et nettoyé, je me lançais dans une douche bien méritée, l'eau chaude sur mon corps me faisait énormément de bien, après plusieurs jours passés dans mon lit, c'était tout ce dont j'avais besoin, une bonne douche et un bon bol d'air frais.

Me sentant plus en forme que jamais, je choisis un playsuit d'été de couleur bordeaux ainsi que mes converses blanches, une touche de mascara et mes cheveux relevés en un chignon un peu messy. 

En bas, Zach jouait seul avec des petites voitures et il fut surpris de me voir, se demandant ce qu'il me prenait.

- Et bien qu'est ce que tu attends? On va au parc?  

Un sourire comme je n'en avait jamais vu se lut sur son visage et un cri strident se fit entendre, quelques secondes après, la petite tête blonde se jetait sur moi en souriant. Il était déjà habillé, ses chaussures aux pieds et un petit sac sur le dos, comme s'il savait que j'allais l'accompagner, ce petit est surement un génie. 

Main dans la main dans Central Parc, on se dirigeait vers l'aire de jeu où ont pris des hot dogs avec du ketchup et de la moutarde. Quelques heures plus tard, Zach eut faim et je lui donnais de l'argent afin d'acheter des glaces juste en face. Je regardais la scène de loin, un jeune homme lui tendit deux cornets et il me fit coucou, je lui répondis par un signe de la main et un sourire. Il courait pour me ramener ma glace et c'est là que le vendeur me semblait familier. Je n'en crus pas mes yeux...

Le jeune homme de l'aéroport. J'allais aller le voir mais le temps que Zach me tende la glace et le brun ténébreux avait disparu de mon champ de vision et un homme plus âgé avait pris sa place au stand de glace.  Pourquoi fallait-il toujours qu'on ne se croise sans avoir le temps de se dire bonjour? C'était définitivement quelque chose qui m'intriguait. 





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