Tout me semblait si lointain, comme si un mur d'eau me séparait du reste du monde. Les rayons du soleil d'été traversaient ce mur avec des éclats dorés. Un poisson en laissa échapper une bulles d'air de plaisir alors que ses écailles multicolores brillaient de toutes ses flammes.
Les sons et les mouvements autour de moi étaient flous, indistincts. Les gens pouvaient me parler, me toucher, tout était sous l'effet d'un miroir. Je n'étais que le double de moi-même.
Un jour, j'étais au supermarché avec mon père et je me souviens que lorsque le vendeur avec lequel mon père discutait m'a adressé la parole pour la première fois, la première chose que je me suis dite étais << il me voit ? >>. Il m'a fallu quelques instants pour me rendre compte qu'il attendait une réponse à sa question (que j'avais déjà oubliée).
J'étais là, je pensais, je marchais à travers les rayons, mais je ne me rendais pas compte que les gens me voyaient, que mon esprit était accompagné par une enveloppe corporelle que tout le monde pouvait voir et juger à sa guise.
Je lévitais donc en direction de l'école en repensant à cette histoire. L'amour et les gens semblent tristes ; lointains eux aussi. Je m'arrêta car un petit bonhomme me le demanda. Et pourquoi l'obéirais- je ? Je continuais donc sans pouvoir sentir le sol sous mes pieds. Je traversais ces chars de fumée noire comme une flaque d'eau qui explosait à mon contacte. Sauf que cette eau était noire, signifiant le mal. L'ombre de la mort. Le goudron traversé, je glissais à présent sur le givre posé par le vent sur les pierres plates et abruptes.
Les gens autour de moi me dévisagent car je ne suis pas comme eux. Derrière ce mur d'eau fuse des éclats de rire et des visages fermés qui ne me touchent même plus. Je ne ressens plus rien. Je ne pense à rien et je regarde devant moi.
C'est donc dépourvue de sentiments que j'arriva à l'école et que je le vis. Il était nonchalement appuyé sur le mur, les mains dans les poches et les écouteurs dans les oreilles. Il tourna la tête et me vit.