Chapitre 1 : SARA - Partie 3

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Je ne remercierai jamais assez mon père d'avoir été à mes côtés. C'est le genre de parent qui vous laisse vivre votre vie, faire vos expériences et vos erreurs sans vous juger, mais qui est toujours là au moindre problème, prêt à se plier en quatre. Je n'ai pas souvent fait appel à son aide, car, durant des années, j'ai appris à faire semblant et à lui cacher ce que je ressentais au fond de moi. Tous les jours, je bénissais et maudissais à la fois les milliers de kilomètres qui nous séparaient. Je regrettais de ne pas pouvoir retrouver la chaleur et la sécurité de sa présence, cependant, j'étais heureuse qu'il ne voie pas ce qu'était devenue ma vie. Or, quand nous avons débarqué chez lui sans prévenir, avec nos valises, je n'ai pas pu lui cacher l'échec de mon mariage. Sans son soutien paternel inconditionnel, tout aurait été beaucoup plus difficile. Je ne doute pas que j'aurais réussi à m'en sortir seule, mais il m'aurait fallu beaucoup plus de temps et d'énergie.

Je range mes souvenirs dans un coin de ma tête et Matthew fonce vers moi.

— Dis, pour la glace, je pourrai choisir tous les parfums que je veux ?

Je lui réponds en attrapant mes clés et mon sac à main.

— Bien sûr mon chéri.

Je vérifie pour au moins la dixième fois que mon sac à main (enfin, vu sa taille, on dirait plutôt un sac de voyage) contient tout ce qu'il me faut en allant de mon vieux téléphone à un billet de vingt dollars pour mon déjeuner en passant par quelques produits dont toute femme doit être équipée. Nous sortons dans la douce lueur matinale et descendons l'escalier extérieur main dans la main.


Le trajet jusqu'à la nouvelle école de Mat ne nous prend pas plus de cinq minutes. J'essaie d'avoir l'air le plus détendu possible pour ne pas lui transmettre un stress supplémentaire maintenant qu'il a recouvré son entrain. On sous-estime trop souvent le pouvoir d'une glace sur l'humeur d'un enfant !


Après avoir confié mon fils à son enseignante, madame Potter, je me dirige vers mon travail. Pour mon premier jour, Kimy, ma patronne, m'a autorisé à commencer un peu plus tard, histoire de pouvoir prendre mes marques avant que je ne plonge dans le grand bain. J'en profite pour flâner, repérer les diverses boutiques et services dont je pourrais avoir besoin. Je crois que ce qui a fini de me convaincre de m'installer ici après avoir trouvé un emploi qui me plaît et qui me laisse du temps et de la souplesse au niveau des horaires pour m'occuper au mieux de Mat, c'est le Starbucks qui se trouve à deux rues à peine de mon travail. Je m'arrête pour acheter un latte. Bien que tentée par leurs pâtisseries, qui ont l'air toutes plus délicieuses les unes que les autres, je ne prends que mon café à emporter. Tout ce que je mange a tendance à s'incruster aussitôt sur mes hanches. Bon, un café noir sans sucre ou un thé vert serait préférable pour ma silhouette, mais il faut bien se faire un peu plaisir ! Malgré les nombreux régimes que j'ai pu faire depuis l'adolescence, je n'ai jamais réussi à être aussi mince que mes copines de classe. J'ai encore quelques kilos dont je n'arrive pas à me débarrasser depuis ma grossesse, qui me complexent et que je tente de dissimuler sous des vêtements assez amples hormis le caleçon moulant que je porte aujourd'hui, nouveau travail oblige. Pour ne rien arranger, je suis très gourmande et j'ai toujours du mal à résister à la tentation. Mon gobelet à la main, j'accélère le pas pour mettre au plus vite une distance de sécurité entre ces tentations sucrées et moi. Bon, j'avoue, il n'y a pas que sur Mat que les friandises ont un effet apaisant !

Je m'approche du salon de tatouage que j'avais déjà remarqué en faisant le tour du quartier. Non pas que je sois tentée d'y entrer parce que d'une part, je ne suis pas une grande fan des aiguilles et d'autre part, même si je peux trouver cela joli, j'ai du mal à concevoir qu'on puisse se faire marquer de manière indélébile. Heureusement, les mariages ne sont pas comme les tatouages : même s'ils sont censés durer toute la vie, on peut y mettre un terme.

Opposites T1 - You're my opposite {Sous contrat d'édition - Edition ALTER REAL}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant