Le Carnet

Chapitre 8

Ayana se sentait comme dans un brouillard.

Elle tenta d'ouvrir ces yeux, sans pour autant y parvenir.

Perdu, elle voulut utiliser ses autres sens pour comprendre où elle était.

Alors qu'elle se trouvait sur une surface dure, une odeur de renfermé humide l'envahit.

Soudain elle entendit des bruits étranges comme des grognements bestiaux.

Anxieuse, elle voulut de nouveau ouvrir ces yeux mais ceux-ci restaient désespérément clos.

Elle n'arrivait pas non plus à bouger.

Son angoisse augmentait de plus en plus.

Un cri résonna dans la pièce.

Ayana sortit de la brume qui l'entourait.

Ces yeux papillonnèrent avant de s'ouvrir complètement.

Terrifiée, elle observa ce qui l'entourait.

Elle se trouvait sur un vieux lit dur qui était collé au mur à droite.

Il faisait trop sombre pour qu'elle aperçoive quoi que ce soit d'autre.

Un nouveau cri déchira le silence de la pièce et sa mémoire lui revint d'un coup.

Elle se souvint des cauchemars, du carnet, du tableau et surtout de Neav.

C'était Neav qui criait, et pas un étrange animal.

Ces mouvements se débloquèrent, et elle se leva rapidement.

Un frisson la parcourut lorsqu'elle posa ces pieds sur le sol glacé.

Elle ne voyait presque rien dans la pièce et ne put se servir que de son ouïe pour déterminer la position de son ami.

Ayana esquiva de peu la table au centre de la pièce et s'agenouilla près de son ami.

Elle l'observa quelques secondes jusqu'à ce qu'un souvenir refasse surface dans sa mémoire.

Elle se souvint de la première fois où elle avait rencontré Neav.

Alors qu'il avait cinq ans, ils se trouvaient dans une cour de récréation avec leurs classes respectives. Depuis qu'elle l'avait vu, elle n'avait plus quitté sa petite tête blonde.

De fil en aiguille, ils étaient vite devenus amis puis meilleurs amis jusqu'à devenir inséparable.

Ayana le considérait comme une des personnes les plus importantes à ses yeux.

Neav hurla de nouveau et sortit Ayana de sa torpeur.

Elle tenta de le calmer en lui caressant les cheveux et en lui chuchotant :

« Chut, chut, Neav. C'est moi Ayana. Tout va bien. »

Le jeune homme se réveilla en sursautant ne comprenant pas où il se trouvait.

« Où sommes-nous ? Que se passe-t-il ?

- Je ne sais pas. Mais ta bien seout v passer, je suis là. »

Ayana n'était pas sereine mais elle se devait de le rassurer.

Peu à peu, les battements effrénés de son cœur ralentirent.

Soudain, alors que le silence était revenu, une porte, que les deux jeunes n'avaient pas vue auparavant, grinça sur ces gonds.

Et un homme entra dans la pièce accompagné d'une lampe à huile.

Surprise, Ayana étudia l'homme durant une fraction de seconde.

Il portait des chaussures en vieux cuir, un pantalon sombre en lin et une chemise beige, dans la même matière, remonté jusqu'au coude.

Il avait des cheveux grisonnant courts et un rictus étrange sur les lèvres.

Ayana aida Neav à s'assoir sur son lit mais celui-ci repoussa son aide pour ce relevé et marcher jusqu'à la table.

Au bout de deux pas, il se mit à trembler et faillit tomber.

Alors Ayana le rattrapa malgré son refus et l'aida à avancer jusqu'au bout. Elle le fit assoir et s'adressa à l'homme qui venait d'arriver :

« Qui êtes-vous ? Où sommes-nous ?

- Hum, il me semble que vous n'êtes pas en mesure de poser des questions. » Lui répondit le vieil homme d'une voix grave.

« Assied toi donc jeune fille, tu seras plus à l'aise. »

Ayana, décidant qu'elle n'était pas en mesure de diriger l'entretien, obéit à la proposition.

L'homme posa sur la table la lampe à huile et un plateau qu'ils n'avaient pas remarqué avant.

« N'hésitez pas à vous servir, je reviens bientôt. » Ajouta-t-il en sortant de la pièce et en montrant les biscuits et les tasses sur le plateau.

Alors que les deux amis avaient un haut-le-cœur, la soif commençait sérieusement à les tenailler.

Ils se ruèrent donc sur la boisson, une espèce de tisane aux herbes, tout en délaissant la nourriture.

L'homme revint accompagné de son rictus et d'une pipe.

Il rejoint les deux jeunes à table et se servit à boire.

« Alors, commençons. Qui êtes-vous ? »

Neav et Ayana échangèrent un regard pour décider de ce qu'il devait faire.

Garder leur secret était une priorité.

Neav voulut parler mais il se fit devancer par Ayana :

« Nous sommes... des voyageurs. »

Neav acquiesta d'un signe de tête.

« Je vois, je vois. Et d'où venez-vous ?

- Euh... de loin.

- Ce qui explique vos habits... si étranges.

- Oui, tout à fait.

- Je me souviens d'un homme qui portait ce type de vêtement... » Ajouta le vieil homme plus pour lui-même que pour les deux jeunes.

« Comment ? Qu'avez-vous dit ? » Dit Neav en se réveillant soudainement.

« Rien, rien. Puis-je connaître vos prénoms ?

- Neav et elle s'est Ayana.

- Très bien. Il y a des vêtements dans l'armoire. Vous pouvez vous changer. Je serais au salon quand vous aurez fini. » Annonça encore l'homme avant de sortir de la pièce.

« Attendez ! Et vous, vous vous appeler comment ?

- Jean. » Dit-il pour clôturer la discussion en sortant de la pièce.

Les deux amis découvrirent un nombre minimal de vêtements : des robes à l'assemblage lourd et des habits similaires à ceux du vieil homme.

Tous deux décidèrent d'enfiler cette dernière tenue.

Chacun de leur côté de la pièce, ils se mirent dos à dos pour s'accorder un peu d'intimité.

Une fois fait, les deux jeunes se regardèrent en éclatant de rire.

Toujours hilare, Neav ouvrit la porte tandis qu'Ayana attrapait la lampe à huile.

Au milieu du couloir, deux portes s'opposaient.

Ils tentèrent de les ouvrir mais elles étaient closes.

Ils se dirigèrent donc vers la dernière porte, la seule ouverte.