L'humidité. Cette pierre froide qui le glaçait tout entier. L'eau de la pièce, la moisissure, et l'ombre qui avance toujours un peu plus. Cette tâche immense, qui se mue sur le pavé glacé. Elle approche, et lui ferme les yeux. Les chaînes à ses poignets crissent sous l'impulsion de ses bras. Accroupi à même le sol. Son visage cherchant désespérément une chaleur qui ne vient pas. Et ses bras maintenus au-dessus de son crâne. Ses menottes qui lui enserrent le corps et le cœur. Ses genoux remontés contre lui. Dissimulant les cicatrices sur son torse. Ses traces rouges et boursouflées, le rendant méconnaissable. Et les tremblements qui le secouent violemment.
L'ombre le tient, elle arrive. Le bruit de la clé dans la serrure rouillée, et la porte s'entrouvre. La faible lueur diffusée par la baguette ne dévoile pas le visage camouflé du tortionnaire. Il s'avance, et la pièce semble soudain minuscule.
Le coup part, et la forme repliée contre le mur gémit. Sans ménagement, l'homme cogne contre le flanc de cet être meurtri, jusqu'à ce qu'apparaisse le visage du damné. Ses cheveux sales et désordonnés dissimulent ses paupières. Il tente d'étouffer les râles qui se muent dans sa gorge, mais la douleur est trop forte.
D'un coup de baguette, les chaînes se desserrent, et les bras du jeune homme tombent sans retenue contre ses jambes.
À bout de force.
L'ombre s'avance et le saisit, l'intimant d'avancer rapidement. L'autre se relève difficilement, et sort de la cellule, la baguette du plus vieux dans son dos. Il a mal. Mais il marche, un pas après l'autre. Dans ce couloir éclairé de torches rouges.
Tête baissée.
En silence.
Il marche et ça fait mal. Il a la tête vide. Les voix dans sa tête se sont tues. Chaque mouvement est une épreuve, et il ne sait pas ce qui le maintient encore en vie.
Vivant ?
La voix dans son dos lui parvient comme dans un rêve.
"Il veut te voir. Ne croit pas qu'il s'agit là de la fin de ton calvaire, Potter. "
Son rire gras résonne, et il sent un frisson dans son dos. La voix s'est tue et les tremblements de ses mains deviennent incontrôlables.
La porte devant laquelle ils se trouvent est petite. Semblable à l'entrée du vieux placard à balais que Potter ne connaît que trop bien. La porte s'ouvre et il sent la main qui le pousse à l'intérieur.
Alors il entre, et le noir se fait.
Il fait froid, et Potter se demande s'il n'est pas mort, finalement. Si son corps n'est pas tombé, dans ce couloir rougeâtre. Parce que parfois, il se dit que c'est ce qui aurait dû se passer. Il n'est rien. Il est seul. Et le noir dans son esprit. Ces tâches de sang qui dansent sans cesse devant ses yeux. Oui. Il aurait dû mourir ce soir-là. Tout aurait été si simple comme ça...
La voix résonne contre les murs, et c'est à la fois formidable et effrayant. Il ne comprend pas ce qu'elle dit, et c'est peut-être pas plus mal. Il n'a pas envie de sentir les tremblements de ses doigts s'accélérer.
Il sait que quelqu'un marche, sans bruit dans le noir. L'ombre est de retour, et il est incapable de l'arrêter. L'impuissance le ronge, et la voix rit de sa situation. D'un coup les bougies s'allument d'une lueur rougeâtre, et le feu découvre la pièce. Les murs de pierres mouillées font dire à Potter qu'il se trouve dans une cave.
Il a l'impression que l'ombre le colle. Tout tourne et sa respiration s'accélère. Quelqu'un passe derrière la rangée de colonne en marbre. Et Potter n'en peut plus. Il n'entend pas les pas qui s'avancent dans son dos, et il ferme les yeux. Il est si faible, et il voudrait tellement s'échapper. Loin de cette cave. Loin de cette voix. Loin de son corps...
La main contre son épaule est froide, et son contact lui donne froid dans le dos. La voix murmure contre son oreille, sans comprendre ce qu'elle dit. Des taches dansent devant ses yeux clos. Il a l'impression d'étouffer, et c'est un mal pour un bien. Potter sait que l'homme veut lui faire mal. Mais Potter n'a pas besoin de lui pour ça. Il a son esprit qui le fuit, et son corps qui n'est plus.
Lorsque le sort frappe dans son dos, Potter ressent la douleur. Et il pense que finalement, il n'est pas aussi éteint qu'il le pensait. Et ses jambes lâchent, alors que son adversaire arrive devant lui. Potter ouvre les yeux, et il ne distingue que le mouvement brusque d'un point s'abattant contre son visage. Il a le goût du sang dans sa bouche, et les tâches qui redoublent devant ces yeux. Il peut voir le capuchon de l'homme dissimulant son visage. Mais rien ne cache ses yeux brillant un peu trop dans la pénombre.
L'éclat de l'acier dans la main, et la lame cogne contre le ventre de Potter. Un cri de douleur meurt dans sa gorge, et ses mains contre son ventre prennent une teinte carmin. Il est plié en deux, et la main meurtrière donne un nouveau coup. Et le goût du sang, de nouveau entre ses lèvres et sur ses mains. Le carmin tombe, s'écrase contre le sol. Et ses yeux se ferment plus fort que jamais.
L'homme s'accroupit, et Potter peut voir un peu de son visage. Trop blanc. Trop rouge. Trop noir. Un mince sourire traverse son visage, et ses yeux redoublent d'éclats. Un plaisir sans fin. Il contemple la lame, mise à hauteur de son visage. Le sang la rend belle, pure. Et son regard se plante dans les yeux vidés du garçon, alors que sa joue se colore d'un rouge trop sombre. L'acier s'approche à nouveau de lui, et l'entaille fend son visage en diagonale. Partant du haut de son front, manquant de couper l'éclair de sa cicatrice. Rien n'est épargné. Son front ridé de douleur. Ses sourcils noirs d'enfant. L'arête de ce nez maintes fois brisé. Et ses lèvres rouges, gercées.
Le garçon ne bouge plus. La douleur se propage dans son être, déchirant les moindres recoins de son âme. Sa souffrance est telle qu'il est incapable de respirer. Et sa gorge en feu libère en un souffle toute l'étendu de sa blessure. Et son cri, mêlant la rage et la douleur, résonne et tape contre la pierre. Affaibli de ces tortures, démoli par tant de haine. Son flanc cogne contre le sol, faisant trembler l'eau de cette flaque de sang sombre. Et ses yeux qui luttent contre l'abandon, et ces taches rouges, encore dansantes sur ses paupières. La lame part, encore, inlassablement. Elle déchiquette son corps, et le rouge qui s'échappe à grande vitesse de son être.
Potter ne sait plus. Est-ce qu'il a mal ? C'est quoi la douleur déjà ? À qui est la main qui le transperce de toute part ? Pourquoi il ne peut détacher son regard de cette lame qui le libère ? C'est quoi tout ça autour de lui ? C'est quoi ces tremblements contre la pierre ? Pourquoi il y a le silence, là, dans son cœur ?
Potter ne sait plus. Il ne peut rien. Potter a peur, et le sang ne bat plus contre ses poignets. Potter a peur, et il n'est plus vraiment là. Il se sent partir. Et en dessous de lui, il ne peut que contempler la silhouette d'un garçon amaigri, ses cheveux long et noir se mélangeant au rouge de ce sang trop sombre.
Alors Potter se détourne, et il oublie tout. Il ne sent rien, et au fond, c'est peut-être mieux comme ça.
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La vierge pleure des larmes de sang
Fanfiction- OS - Scène de violence/torture Potter a mal. Il n'y a plus que ça. La douleur, cette paralysie dans son corps qui le tient tout entier. Potter a l'impression d'être mort. Il voudrait être mort, peut être, qu'est ce qu'il en sait ? Son esprit n'es...