Les Héritiers des Dieux _ Tome 1 _ Le dieu maléfique

Chapitre 2 _ L'augure

Sophia, d'un pas décidé, rejoignit le bureau du directeur sans une once de crainte. Depuis quelques années déjà qu'elle travaillait à la Palestre en tant qu'institutrice, et ce Chevalier là avait commencé son important rôle en même temps qu'elle. Ils s'étaient déjà croisés au Sanctuaire par le passé, et à présent ils étaient plus ou moins amis.

- Bonjour, le salua-t-elle en fermant la porte derrière elle.

Le Chevalier d'Argent leva les yeux vers la jeune femme, délaissant la paperasse qu'il avait sous le nez. D'ordinaire, il portait des vêtements relativement décontracté, d'un style identique à celui de son défunt maître. Mais depuis qu'il endossait le rang de directeur de la Palestre, il ne s'habillait plus que de costumes élégants et soigneusement entretenus.

- Sophia... Quel heureux plaisir. Que me vaut ta visite ?

Il avait parlé lentement, calmement... La sérénité était ce qu'il affectionnait le plus. Par ailleurs, il veillait toujours à respecter un certain nombre d'heure de méditation intensive, et même son rôle au sein de la Palestre ne changeait pas cela.

- Je viens seulement parler d'Ofelia, expliqua la française.

- Ah...

Sur ce, le Chevalier se leva, et alla à la fenêtre sur sa gauche. Son bureau était grand, spacieux, un peu vide tout de même, et les fenêtres atteignaient des tailles monumentales. Le mur du fond, tout en marbre blanc, laissait entrevoir une sorte de gravure représentant les douze signes du zodiaque. A chaque fois qu'elle venait ici, Sophia se surprenait à contempler cette œuvre d'art en songeant aux Chevaliers d'Or, et surtout à son cher Aiolia.

- Ofelia n'est plus la même, déclara le directeur. J'ai peur que son état n'affecte nos élèves.

- Moi, je pense qu'elle ira mieux à leur contact. D'ailleurs, à ce propos...

- Ne ferait-elle pas mieux de tout abandonner ? demanda subitement le Chevalier en se tournant vers la jeune femme. Elle se fait du mal inutilement en s'obstinant à rester avec nous. Qu'elle s'en aille, qu'elle nous oublie, qu'elle vive une vie normale... N'est-ce pas le meilleur à faire pour elle ?

La française fronça légèrement les sourcils à cette remarque, et répondit en essayant de paraître un peu ferme :

- Certes... Mais Ofelia est tout de même une obligée, ici.

- Ah, vraiment ?

- Sans doute n'étiez-vous pas dans la confidence, mais elle est la descendante d'un grand Chevalier d'Or. Elle mérite votre respect.

- Elle l'a. Depuis qu'elle a ramené Athéna au Sanctuaire, elle l'a... Mais justement. Notre mode de vie est certainement trop difficile pour elle.

- Et son fils, dans cette histoire ?

- Nous le garderons auprès de nous, et nous en ferons un Chevalier digne de son père et de son ancêtre.

- Vous la priverez de son unique enfant ? s'indigna Sophia.

- Non... Si cela devait arriver... Je ne préfère pas y penser. Elle serait achevée.

Sophia poussa un léger soupire, très discret, avant de déclarer :

- Vous vous contredisez.

- C'est parce que je ne sais pas quoi faire d'elle. Cela fait quelques années déjà pourtant que les Chevaliers d'Or sont morts. Tu es bien arrivée à surpasser cette disparition, alors...