Dairiun F.: Une fugue mouvementée

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Nous marchions déjà depuis plusieurs jours vers le nord, s'enfonçant toujours plus profondément dans la petite forêt à cheval sur les Royaumes de Sylic'as (celui des Anges), de Lagaza (celui des Pégases)et enfin de Flagh'as, celui des Elfes. La nourriture se faisait rare et nos ressources s'amenuisaient.

Ce soir, nous étions plus fatigués que d'habitude et c'est pourquoi nous montâmes le camp plus tôt. Nous avion dû marcher une petite quinzaine de kilomètres rien qu'aujourd'hui et à notre plus grand bonheur, la fin de la forêt arrivait. Les arbres se faisaient plus petits, moins touffus et plus espacés.

- Jete laisse le plaisir de faire du feu ce soir, me lança Valaraukartout en s'éclipsant pour chercher quelque chose à manger.

Je sentais, même s'il ne l'aurait jamais avoué, qu'il s'ennuyait et que notre virée n'était pas aussi amusante qu'il se l'était imaginé. Mais comme je l'avais prévenu, il ne faisait aucune réflexion et continuait sans se plaindre. J'étais vraiment reconnaissant qu'il soit à mes côtés et que je n'ai pas à faire la route tout seul. Il faut dire que cela me changeait du confort habituel !

Je n'en aurais pas dit autant pour Valaraukar, orphelin qui vivait chez son grand père depuis l'âge de neuf ans. Celui-ci avait les déclarations d'amours en horreur et préférait nettement parler à sa bouteille de whisky (son passe temps favori soit dit en passant). Je le détestais pour ce qu'il lui faisait endurer mais je le tolérais par respect pour Valaraukar.

On aurait pu croire que trouver à manger dans une forêt fut simple, mais non ! Les animaux étaient bien plus sauvages et méfiants que prévus et nous ne voulions pas nous risquer à manger n'importe quel fruit au risque de tomber malade.

Et ne me parlez même pas du feu, c'était pire que tout, certains soirs nous nous couchions le ventre vide et dans le froid parce que ni l'un ni l'autre n'avait réussi à l'allumer. Je revois dans ma tête les conseils de notre majordome : d'abord froisser du papier, puis mettre du petit bois pour enfin rajouter sur le tout quelques bûches tout en prenant garde à ne pas étouffer le feu qui partait du papier.

Ce soir, je me contenterais, des feuilles des arbres qui restaient malgré tout énormes, d'un peu de petit bois et d'une bûche difforme. Je pris les deux silex que nous avions trouver sur le chemin, me positionnai au dessus du feu tout en les frottant avec vigueur. Quelques étincelles s'échappaient mais le feu ne partait pas.

Foutu silex, et foutu feu !

Je recommençai encore et encore avec force mais rien n'y faisait. Je m'apprêtai à jeter l'éponge mais décidai d'essayer encore une fois. Je me concentrai, fermai les yeux et frottai les silex entre eux.

Cette fois, c'était la bonne !

Mes yeux me brûlaient, sans doute parce que je les fermai. Je m'imaginai le feu prendre forme juste devant moi. J'y pensai intensément en espérant que cela se réalise. Un pic de douleur dans la poitrine me fit ouvrir les yeux de surprise, devant moi le feu flambait avec joie. J'embrassai de bonheur les silex qui ne me brûlaient même pas !C'est fou ce qu'un si petit truc pouvait me rendre heureux !

J'entends une brindille craquer au loin derrière moi et me retournai près à annoncer la nouvelle à Valaraukar.

C'est marrant, d'habitude il ne fait jamais de bruit quand il marche.

J'essayai de distinguer sa silhouette parmi tous ces arbres, mais il faisait trop sombre. Aussitôt que cette pensée traversa mon esprit, je le vis avancer vers moi, un lapin dans la main droite qu'il lèvait à côté de sa tête tout comme sa main gauche d'ailleurs. Je le regardai perplexe. Il s'arrêta devant moi avec un air sombre. Bizarrement ni lui ni moi ne parlions, nous contentions de nous fixer. Il essayait de me dire quelque chose, mais je n'arrivai pas à saisir le sens de ses gesticulations. L'appréhension monta en moi, quelque chose n'allait pas. Je reculai, fouilla les environs du regard, rien. Je dégainai mon sabre au cas où...

CALIETOSS - RenaissanceWhere stories live. Discover now