Les Guerriers Du Chaos

Chapitre 10

Deux mois. Ca deux mois qu'on s'est fait choper, pensa Rick, en enfonçant une pointe de pierre dans son bras, sans conviction. Il avait pris l'habitude, depuis un mois environ, de tracer un mot quelconque sur son bras, dans l'espoir de recevoir une réponse, en vain jusqu'ici.

"Toujours pas ? Demanda Nyo, de la cellule d'à côté, se remettant de sa séance de tortures.

- Non. C'est pas normal, elle aurait dû revenir il y a déjà un mois, et je sens rien ! Explosa le jeune homme, en tirant violemment sur les chaines ensorcelées qui le retenaient au mur.

- C'est peut-être la faim qui brouille le lien, suggéra sa soeur."

Tony et Laure étaient enfermés dans une autre aile, soumis aux caprices du taré qui servait de père à Arianne. Il lui avait déjà parlé une ou deux fois – Enfin, "parler" était un bien grand mot – et se demandait comment cet homme pouvait être tombé amoureux, jusqu'à faire une gamine qui est, en plus, bien plus puissante que lui.

Le lien creusait un vide affreux dans sa poitrine, le torturant psychologiquement entre les autres séances de tortures, plus..."physiques". Le père d'Arianne voulait savoir comment accéder à Avallon, mais les quatre vampires n'avaient pas les connaissances nécessaires dans le domaine, ce que leur tortionnaire ne croyait pas.

Les tortures étaient différentes pour chacun d'entre eux, mais il ne connaissait que ses séances et celles de Nyo, Tony et Laure étant séparés d'eux depuis le début de leur captivité. Pour lui, il voyait et revoyait la même vidéo, une séance de tortures d'Arianne, et subissait la même chose. Son père lui avait expliqué sans aucune scrupule le "traitement" qu'il avait infligé à sa propre fille, espérant sans doute lui faire dire quelque chose d'intéressant, sans grands résultats.

Nyo, quant-à elle, dégustait beaucoup à chaque séance : Elle revenait toujours dans les vapes, et mettait parfois plusieurs heures avant de reprendre connaissance. D'après ce qu'elle lui disait, c'était toujours le même type de sévices : Des pieux enfoncés au hasard dans le corps, des ongles arrachés, des coups... Rien d'insurmontable, d'après elle. Rick admirait sa soeur, bien qu'elle n'était son ainée de seulement quelques mois.

Ils comptaient tous les deux sur une intervention d'Arianne pour s'en sortir, puisque leurs troupes rassemblées en ville avaient été décimées le jour de leur capture.

Soudain, deux gardes entrèrent dans les cellules respectives des vampires. Rick leva un sourcil, surpris : Ils n'avaient jamais été emmenés en même temps. Les gardes les saisirent sans ménagement, profitant des chaines et de la faiblesse que leur procurait leur grande faim pour les rouer de coups, tout en les trainant vers la grande porte de sortie des cellules.

Le jeune homme pensa tout d'abord à une libération, puis se rabroua mentalement, en se disant que c'était bien trop beau pour être vrai. Après avoir monté l'escalier à grande peine, ils émergèrent dans un couloir de l'Ecole, et Rick reconnu Laure et Tony, qui marchaient devant eux, eux aussi tenus par des gardes et enchainés. Son frère se retourna, et échangea un rapide regard avec Rick et Nyo, signifiant qu'ils étaient blessés, mais que c'était guérissable.

Le quatuor enchainé et leurs gardes débouchèrent dans la grande cour de l'Ecole ensoleillée, et remplie d'élèves magiciens. En face d'eux, lorsque l'éblouissement du soleil se fit moindre, Rick reconnu une sorte d'estrade, avec quatre guillotines, face à la foule. Il se mordit les lèvres, anxieux. Une exécution publique. Arianne, par pitié, magne-toi !

Les quatres vampires furent attachés sans ménagement, le visage tourné vers le sol, et le père d'Arianne commença à parler dos à eux, s'adressant au public. Rick ne retint pas tout, mais échangea quelques regards sombres avec ses compagnons d'infortune. Il voulait les tuer, comptant sur le fait que si Arianne ne mourrait pas directement à Avallon, elle le ferait en revenant, peu importe quel jour ce serait. Son public, de jeunes élèves encore plus jeunes que Rick, l'acclamait sans retenue, et riait à la pensée d'un quadruple meurtre.