Relève-moi

•Chapitre 40

                   Point de vue d'Alvin.

     Angie semble très furieuse, mais je dois dire que ça me fait chaud au cœur ce qu'elle m'a dit car ça explique énormément de choses. Je ne sais pas si la raison pour laquelle j'ai frappé, enfin, je ne sais pas si je dois utiliser ce mot. Est assez convaincante pour qu'elle ne me voit pas autrement que maintenant. Par contre, je me demande pourquoi réagit-elle de cette façon devant les dires de l'autre décervelé, a-t-elle été victime d'hommes violents?

— Je ne suis pas ce qu'ils disent, je l'ai fait car j'étais sous l'effet de l'alcool. Un soir je sortais d'une boîte, une fille n'arrêtait pas de me suivre là où je m'étais pied. Un moment donné j'en avais marre alors sans m'en rendre compte je l'ai poussé violemment, elle s'était cognée contre le mur et avait eu un bleu dans le dos. La scène a été filmée. Et le lendemain je me suis rendue chez elle et me suis excusé, dis-je appréhendant sa réaction.

    Ses sourcils froncés s'apaisent petit à petit, elle m'affiche un rictus et me prends dans ses bras, je me sens soulagé.

— Écoute Alvin, je suis désolée d'avoir réagi comme ceci mais j'ai mes raisons, je lui coupe la parole.

— Lesquelles? Je veux tout savoir Angie. Je suis là pour toi ne l'oublie jamais.

     Elle baisse la tête et semble tout à coup triste. J'attrape son visage entre mes mains en l'obligeant à me regarder droit dans les yeux et je peux distinguer ces derniers briller, signe qu'elle risque de fondre en larmes dès qu'elle commencera à parler.

— Bébé, parler te fera te sentir mieux. Mais ne t'inquiète pas je ne vais pas t'obliger. Quand tu te sentiras prête je serai là, d'accord ? dis-je.

     Elle pose sa tête sur mon torse et nous restons plusieurs minutes avant qu'elle se redresse et commence à regarder partout sauf dans ma direction, elle mordille sa lèvre inférieure, je sens l'angoisse l'envahir.

— Quand j'étais revenue chez ma mère, je n'arrêtais pas de pleurer car je ne me sentais pas comme chez moi. Chaque soir un homme qui m'était totalement inconnu se trouvait chez nous, ils buvaient de l'alcool et consommaient de la drogue et je suppose que tu connais la suite. Puis elle avait rencontré un homme et est tombée folle amoureuse de lui, plusieurs mois plus tard il commençait à devenir plus agressif et...

     Elle éclate en sanglots, je la serre fort contre moi en lui caressant le dos et je peux sentir son corps trembler. Elle prend un bon souffle et continue.

— Il frappait chaque soir ma mère sous mes yeux, car elle ne lui donnait pas de l'argent ou simplement parce qu'il était assez nerveux, et quand il en finissait avec ma mère c'était à mon tour...

     À cet instant précis, si un de ces hommes se trouve à mes côtés, j'en suis sûr qu'aucun d'entre eux ne s'en sortira sans avoir regretté ce qu'il a fait. Comment peuvent-ils être humains, s'ils font subir tout ceci à une aussi jeune fille et sa mère sans défense ? Je ne comprends plus rien.

     Tout ce que je fais est de la serrer fort contre moi et de lui caresser doucement les cheveux, pour lui montrer que je suis là. Les mots ne serviront à rien, car ce silence vaut mille phrases et j'en suis sûr qu'il l'apaise, Je la connais très bien. Par contre, j'ai toujours cette colère au fond de moi et je ne sais comment faire pour la ressortir.

— Angie...

     Elle relève sa tête et me regarde, je plonge mes yeux dans les siens et lui caresse la joue, sa respiration est douce, sa beauté indescriptible et je ne peux m'empêcher de la fixer.

— Je t'aime.

     Deux mots suffisent, pour qu'elle ouvre grand les yeux et semble surprise. Même moi à vrai dire, car j'ai laissé mon cœur parler et c'est la seule chose qu'il a réussit à dire.

— je t'aime, me répond-elle à son tour.

     Elle s'approche de moi et m'embrasse fougueusement, je la laisse faire. Puis son petit chat vient s'incruster entre nous et gâche ce petit moment d'intimité. Je le repousse doucement mais il revient vers Angie pour demander des caresses, ce qu'elle fait.

— maintenant, on me remplace par un chat, lâché-je, elle affiche un rictus et m'embrasse le nez.

— Tu n'es pas fatigué? me demande-t-elle.

     Je hoche la tête et remarque dans son regard qu'elle est épuisée. Je me lève pour lui embrasser le front et lui souhaiter une bonne nuit, mais avant que je ne quitte la chambre elle m'attrape par le bras.

— Dors avec moi.

     Je souris et enlève mon pull pour la rejoindre et la blottir dans mes bras.

— Raconte-moi une histoire, me dit-elle d'une voix douce, on dirait une enfant.

     Je me mets à réfléchir et invente une histoire d'amour. bien évidement, elle ne tarde pas à s'endormir.

****

— Tu connais le film  " The Vow " ? me demande Angie en me sortant de ma reverie.

— Non, pourquoi?

— dans une des scènes du film, ils sont dans la même ambiance dans laquelle on se trouve, sourit-elle.

     Je regarde autour de moi et fronce les sourcils. On est assis dans la voiture en face de la mer et un froid glacial est dehors. Il fait nuit et seul le bruit des vagues se fait entendre.

— Puis à un moment donné, ils enlèvent leurs vêtements et vont nager.

— Dans un froid pareil ? dis-je surpris.

— Oui, elle boit son jus, puis une idée fantastique me traverse l'esprit.

J'enlève mes vêtements et reste en caleçon, elle fronce les sourcils et me regarde d'un air dubitatif. 

— Cette nuit, tu ne l'oublieras jamais mon amour.