CALIETOSS - Renaissance

Dairiun F.: Le début de la fin

Aujourd'hui était simplement le meilleur jour de l'année ! Enfin jusqu'à ce que mon tour vienne et que ma participation au Grand Événement soit requise. Chez les Elfes, il s'agit d'un « test d'apprentissage » car depuis que nous sommes tout petit, nous apprenons à nous battre et à nous défendre, à mettre au point toutes sortes de stratégies et à ne surtout pas perdre notre sang-froid lors de situation désespérée.

On aurait pu croire qu'après la guerre, cet événement serait supprimé pour laisser le temps à la population de se remettre sans craindre de perdre son enfant dans une épreuve.

Le Grand Événement est une coutume commune à tout Caliétoss. Chaque race la pratique le même jour mais l'âge et les épreuves sont différentes selon le peuple. Chez les Elfes comme chez les Anges il faut avoir 15 ans.

Je me prépare tranquillement et puis quand arrive l'heure fatidique, une pointe de stress commence à se faire sentir. Je suis réuni avec les autres de mon âge devant le Centre, lieu où se déroule chaque année les épreuves. Valaraukar me rejoint peu de temps après mon arrivée et nous faisons la queue ensemble pour se faire enregistrer.

Celui-ci est une véritable machine de guerre, il est aussi large que grand (un mètre quatre vingt) tout en muscle et plutôt impressionnant fidèle à la signification de son nom Démon de la terreur. Je reste quand même plus grand que lui grâce à mon mètre quatre vingt quinze.

Notre tour arrive enfin et nous entrons dans l'arène. Je le sens se contracter à côté de moi ; il appréhende lui aussi. Des gradins entourent l'arène ronde où se dresse des arbres, des cours d'eau et un mini désert. Nous passons par groupe de trois et je me retrouve séparé de Valaraukar.

Chaque année, des jeunes sont blessés ou même meurent durant les épreuves bien qu'il y ait un groupe d'intervention prévu pour éviter tout débordement.

Le temps passe et c'est enfin à mon tour d'entrer dans l'arène avec deux autres Elfes qui ont l'air redoutable. D'autres peuples considèrent les femmes inférieures aux hommes question force mais ici nous sommes tous élevés pareil et nous avons tous le droit aux mêmes entraînements poussés filles comme garçons.

Je m'avance en premier, et j'aperçois mes parents et mon frère sur le balcon central m'observant froidement. Je n'ai pas le droit à l'erreur. Je dois me démarquer pour faire la différence par rapport aux autres, tout simplement je dois être le meilleur. Si je suis blessé ou si on m'aide je passerais pour un faible aux yeux de ma famille et de mon peuple. Je serais lamentable.

L'affiche accrochée sur le panneau devant l'entrée me revient en mémoire. On pouvait y voir toutes les espèces célébrant ce rituel, se préparer à passer leur propre épreuve. Mais ce qui me revient tout particulièrement, c'est cette Ange, Esrayah. C'est le nom qui était écrit. Avec ses yeux verrons et ses cheveux courts, elle était fière et pleine d'assurance. Ses yeux débordés d'arrogance et de mépris et en cet instant c'est à elle que je veux ressembler.

Alors je redresse les épaules, lève un menton hautain vers le public puis me détourne d'eux l'air sûr de moi (ne rêvons pas, je suis à l'instant même une boule de nerf pleine d'appréhension et à tout moment je sens venir un petit rire nerveux ridicule) pour regarder mes deux coéquipières.

Elles aussi m'observent avec curiosité. Elles sont sûrement en train de m'évaluer pour savoir ce que je vaux. Aucune pression... Je leur adresse à mon tour un regard dénué de sentiments. Puis ce fut le silence dans les gradins.

Des bruits sourds retentissent derrière le mur qui nous fait face. La grille se lève révélant deux énormes pattes avant velues, ensuite, la tête apparaît ou plutôt devrais-je dire les têtes. Il doit faire une dizaine de mètres et nous surplombe de toute sa hauteur. Super un Cerbère. Un monstre vivant dans la forêt de Cratavor.

Ses trois paires d'yeux rouges fixent chaque combattant présent dans l'arène. Ses narines frémissent, sa gueule s'ouvre révélant d'impressionnantes dents pointues. Il lève sa patte gauche, toutes griffes sorties, tout en posant son regard mauvais sur ma petite personne. La bave dégoulinant de sa bouche prouve qu'il est affamé depuis plusieurs jours.

Sans plus attendre je sors mon sabre à double tranchant et du coin de l'œil je vois les deux autres Elfes dégainer. Sa patte toujours en l'air s'abat sur moi, je réussis à l'éviter grâce à une roulade sur le côté.

Le combat à mort est donc lancé.

Ensemble nous esquivons les attaques, parons ses feintes et l'attaquons avec hargne. Mais le combat dure maintenant depuis un moment et nous commençons à fatiguer.

Nous avons quitté le désert pour à présent évoluer dans la mini jungle. Le Cerbère est peut être blessé à plusieurs endroits mais rien de très sérieux à l'inverse d'une des Elfes qui a une entaille profonde de l'épaule à la clavicule. Son sang goutte par terre excitant encore plus le monstre qui focalise toute son attention sur celle-ci.

Il s'avance doucement vers elle tel un prédateur près à bondir sur sa proie. L'Elfe se retrouve très vite acculé contre un arbre levant bravement de son bras valide son épée tremblante.

Je profite de cette distraction pour monter dans un arbre à peine à un mètre de lui. Je peux sentir le public retenir son souffle dans les gradins juste avant de sauter sur le dos du monstre. Celui-ci rue avec violence sous moi essayant de m'éjecter. L'elfe bloquée contre l'arbre profite de la diversion pour se dégager rapidement et va se mettre à l'abri. L'Elfe encore en bon état s'approche à son tour pour le combattre.

Je réfléchis à toute vitesse quel est son point faible ?

Ca ne peut être ses yeux, il y en possède plusieurs paires, idem pour le nez, les oreilles, et la bouche.

Je suis à deux doigts de tomber et je ne peux me le permettre alors je me rapproche de sa tête et m'accroche solidement à ses oreilles tout en lui plantant mon épée la où je peux pour l'atteindre.

Le public commence à s'impatienter ; le combat dure depuis trop longtemps nous devons y mettre un terme. Alors je me lève sur son dos et me précipite vers l'arrière de son corps.

Au moment ou je l'atteint, il bondit me faisant chuter. Je me rattrape in extremis à ses poils rêches. Je lâche une main pour attraper mon sabre. Je la lève et l'abat d'un coup sec sur sa queue.

Le monstre hurle et se débat plus violemment que jamais. Je glisse à terre et me réceptionne tant bien que mal sur mes jambes et recule pour observer. Le Cerbère s'écroule soulevant un nuage de poussière nous aveuglant. Quand celui-ci retombe enfin, la créature et à terre morte, du sang perle de ses nombreuses plaies.

Je me tourne vers mes coéquipières. Celle qui est gravement blessée gît à terre inconsciente quant à l'autre Elfe se tient toujours droite malgré sa blessure à la jambe. Je sens le sang qui m'était monter à la tête redescendre, mes iris chaudes refroidir et tout revient à la normal.

Je reviens dans le présent sous les applaudissement d'une foule en folie ; apparemment très peu avait parié sur notre victoire sans aides !