Apparemment aujourd'hui est un jour spécial. C'était vrai jusqu'à mes 13 ans où j'attendais impatiemment mon premier voyage sur Caliétoss. Ce jour-là, nous étions livré à nous même pour la première fois sur cette planète.
En réalité, c'est plus complexe que ça car avant de pouvoir poser un pied sur la terre ferme... eh ben... il faut déjà en avoir un de pied et ça ce n'est pas donné à tout le monde surtout quand on naît Triton ou Sirène.Selon la puissance de chacun, la transformation en humain peut prendre quelques secondes, quelques minutes et même quelques heures mais s'il s'avère qu'elle prenait plus de vingt-quatre heures, vous étiez sûr de ne pas en réchapper et une fois le processus lancé impossible de faire machine arrière.
Sans vouloir me vanter, enfin si mais rien qu'un petit peu, la mienne avait pris moins de dix secondes, et maintenant avec de l'entraînement, j'arrive à l'amorcer en moins de cinq secondes. Suite à mon premier voyage sur Caliétoss nombre de mes camarades ont refusé de m'adresser la parole pendant quelques jours suite à cette expérience. Aujourd'hui encore j'en ricane.
Enfin, tout ça pour dire qu'aujourd'hui est un jour de détente, de repos ! Et je compte bien en profiter. Des familles entières des quatre coins du Royaume affluent en masse dans la capitale Carium centre du Royaume Muirac'as situé dans la mer. C'est là que se passe le départ des petits.
Ces épreuves communes à tous sont censé représenter le début de la vie adulte. En quoi une virée sur Caliétoss peut rendre adulte un morpion qui n'a pas un poil au menton et qui pleure toujours dans les jupons de sa mère, on se le demande !
Cette année je n'y assisterais pas. Très peu pour moi des gosses qui piaillent et qui chialent à tout bout de champs - Poséïdon merci, je suis fils unique - et tant pis si mon absence en gêne certains.
« Il est vrai très cher que lorsque l'on vient d'une famille noble, on se doit d'être présent pour soutenir le peuple dans les heures de détresse comme celles-la. De plus tu sais que c'est bon pour notre image d'être vu proche du peuple alors cesse d'être ridicule et joins toi à nous. »
Je lève les yeux aux ciel au souvenir des paroles de mère. Paroles auxquelles j'ai droit chaque année sans exception. Ridicule si vous voulez mon avis, mais évidemment personne ne me le demande. Attention, n'allez pas croire que je n'aime pas les gosses, simplement je les préfère endormis ou en photos...
Alors c'est en catimini que je quitte la grande place pour me rendre en périphérie de la ville, là où les habitations se font rares et où les coraux reprennent leur droits. Indéniablement, ma forme de triton est vraiment ma préférée !
Sentir l'eau rouler en douceur sur mes écailles, l'ondulation de ma queue sur les récifs et les rayons du soleil caressant mes nageoires, ça, c'est vraiment le pied !
Une fois arrivé dans mon petit coin de paradis je commence par une séance de méditation pour me détendre puis je commence à me diriger vers ma lance ; mon arme préférée lorsqu'une voix retentit dans mon dos :
- Nausicaa Elphin !
Je soupire en baissant les yeux déjà résigné, et me tourne lentement vers ma mère.
- Oui, mère ? dis-je d'une voix que j'espère innocente et si ça ne suffit pas je hausse les sourcils en signe d'incompréhension. Ce qui ne manque pas d'énerver prodigieusement ma mère.
- Retourne immédiatement à la caserne assister au départ des enfants !Chaque année tu me fais le coup, il y a intérêt pour toi que ce soit la dernière ! s'exclame-t-elle outrageusement indigné par mon comportement irresponsable.
C'est dépité que je retourne sagement à la caserne. Cette année j'ai vraiment cru que j'y arriverais mais c'était sans compter ma mère et son œil de lynx.
Après seize heures passées à encourager des bambins, servir des sourires réconfortants aux parents et faire des courbettes aux familles plus nobles que la notre et même au Roi et la Reine, je peux enfin rentrer chez moi.
Je m'avachis sur mon fauteuil et commence à pousser un roupillon. Je suis réveillé quelques temps plus tard par la voix cassée de mon père - ne vous méprenez pas, ça n'a rien de sexy ou d'agréable à écouter - bizarrement j'avais oublié que ce soir nous assistions à une soirée mondaine.
Excédé par le ramdam de mes parents je me tourne paresseusement dans mon fauteuil et me rendors à leur grand désespoir.
Rien à faire, je ne vais pas y couper. C'est ainsi qu'une heure plus tard je me retrouve enfermé dans une pièce, où la moyenne d'âge des invités et de cinquante ans au bas mot. Il n'y a pas à dire par contre, la déco est top !
Nous somme assis autour d'une superbe table tressée de coraux de toutes les couleurs, nos chaises sont confortablement rembourrées d'écailles de poissons. En face de moi se tient une collection des plus rares coquillages des océans et à l'autre bout de la pièce un orchestre de pieuvres joue une douce mélodie qui égaye la pièce et rend l'ambiance chaleureuse. Enfin bref, ce repas est vraiment ennuyant !
C'est le bal des hypocrites ; c'est à celui qui complimentera le plus son voisin. Quoique mon voisin à moi s'intéresse plus à sa voisine...
Mais vers minuit bien entamé a lieu un rebondissement des plus inattendu dans cette comédie. C'est la première fois qu'une telle chose se produit depuis une dizaine d'années environ : un des enfants n'est toujours pas rentré alors que le couvre feu était à 23h30. Qui plus est celui-ci appartient à une famille aristocrate.
Panique à bord ; les adultes se lèvent, s'exclament, certains pleurent jusqu'à l'intervention de notre hôte qui intime à tout le monde de se taire.
- S'il vous plaît tout le monde, un peu de silence. Ce n'est pas en réagissant ainsi qu'un retrouvera ce pauvre enfant.
- Oui, intervient Morgan, mon père. Titouan à raison. Il nous faut chercher une solution au plus vite.
Je me demande si la réactivité des invités aurait été la même si le petit avait été fils de paysan... Ils continuent de débattre de la question jusqu'à ce que Naïa, ma mère, intervienne.
- Je pense que se serait une bonne chose de mendater quelqu'un pour aller sur la terre ferme chercher Ondine. Et pour cela, je vous propose d'envoyer Nausicaa.
Quoi ? M'esclamè-je dans ma tête.
Je me redressais d'un bond, percutant au passage la table. Tous les convives ont désormais le regard braqué sur moi et je me sens rougir comme une tomate en même temps que la colère monte en moi. Ce n'est qu'une stratégie de la part de ma mère pour se débarrasser de moi. Même père la regarde d'un drôle d'air.
- Bien sur, tente d'expliquer ma mère, tu es un garçon doué et intelligent, il est temps de voir ce que vaut ton éducation. De plus tu es celui d'entre nous qui se transforme le plus vite, ne l'oublions pas.
Je savais que ça finirait par me retomber dessus. Mais soit, tout le monde semble se rallier à l'avis de ma mère. Mon père hoche frénétiquement la tête. Mon sort est apparemment irrévocable, une fois de plus on a pris la décision à ma place, sans même me consulter.
- Tu partiras se soir, continue ma mère.
Et c'est ainsi qu'une heure plus tard, bagage en main et lance attachée à la hanche je m'en vais sur Caliétoss, avec ordre de ne revenir qu'une fois la mission accomplie et pas avant.
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CALIETOSS - Renaissance
FantasíaEN COURS DE RÉÉCRITURE ! Au lendemain d'une guerre sanglante et ravageuse, les six peuples de Calietoss essayent tant bien que mal de se relever et d'aller de l'avant. Mais c'était sans compter Phobos, chef de la résistance, bien décidé à réunir de...