Comme convenu, tout le monde le lendemain matin se leva tôt et vagua à ses occupations. Plus personne ne parlait d'hier.
Il y avait bien quelques familles par ci par là qui continuaient de pleurer silencieusement leur enfant perdu mais dans l'ensemble tout était revenu à la normale pour le meilleur et pour le pire.
Dans un coin sombre un peu en retrait des autres était assise une vieille femme. Elle semblait invisible pour les autres qui passaient à côté d'elle sans même la remarquer. Elle avait dû être belle, ses traits pleins de grâce, elle avait un visage doux et avenant.
Enfin il fut un temps où il devait l'être mais aujourd'hui, des rides profondes creusaient ses joues baignées de larmes, elle semblait lasse et fatiguée, ses paupières étaient lourdes et elle posait un regard vide sur le sol, comme prises dans de sombres pensées.
Ses vêtements bien que troués, sales et usés semblaient, dans leur première vie avoir été beaux, élégants et chers. Plus cher que ce qu'un Vragalien moyen peut s'offrir.
Néanmoins elle me rappelait quelqu'un mais je n'aurais su dire qui. Quelqu'un que je n'avais pas vu depuis des siècles. Elle m'intriguait de plus en plus, alors je m'approchais doucement de cette jeune femme pour ne pas l'effrayer.
Je n'étais plus qu'à deux mètres d'elle seulement, quand elle releva brusquement la tête vers moi et me jaugea d'un regard à la fois perçant et absent.
Très perturbant.
Ce qui me mit immédiatement mal à l'aise ; j'avais comme l'impression d'être une enfant qu'on surprenait juste avant de jeter le chat par la fenêtre pour voir s'il retombait bien sur ses pattes - mettons nous d'accord je ne l'ai jamais fais, hein ! Mais malgré tout je continuais d'avancer vers elle.
- J'ai essayé, chuchota-t-elle faiblement en baissant ses yeux sur ses mains liées nerveusement devant elle. J'ai essayé du mieux que je pouvais, continua-t-elle si doucement que je n'était pas sûre de bien tout saisir.
Surprise tout d'abord je devins vite curieuse. Voyant qu'elle n'ajoutait rien, je pris la parole pour éviter qu'un silence pesant s'installe et rompe ce moment.
- Oui, et vous avez fais tous ce que vous avez pu.
Je tentais dans un premier temps de la réconforter du mieux que je le pouvais.
- Qu'avez-vous essayé ?demandai-je, reprenant la parole.
Elle me fixa, se demandant si elle pouvait me faire confiance. Peut être jugea-t-elle que c'était le cas car elle continua.
- D'arrêter de tout arrêter, Je voulais stopper le cours des choses mais le destin en a décidé autrement. Ses paroles étaient incompréhensibles mais captivantes.
- De quoi parlez-vous ? Qu'avez vous voulu arrêter ? Dites moi, je pourrais peut être vous aider. A ces mots elle m'observa sans rien dire, l'air profondément triste et désolée pour moi.
- Il est trop tard pour arrêter, la machine est déjà relancée.
Puis sur ces mots, elle se releva d'un bond, elle était grande bien plus grande que moi malgré mes un mètre soixante quinze, sa peau semblait d'autant plus pâle quand on la comparé à ma peau métisse. Sa silhouette était élancée et ses gestes pleins de manières.
Elle s'en alla sans rien dire, sans rien ajouter de plus.Je tournais la tête mais elle avait déjà disparue, je ne distinguais plus qu'une forme floue.
Je restais plantée là encore quelques minutes, accroupie la bouche grande ouverte et les yeux fixés sur l'endroit où elle venait de se volatiliser.
Étrange.
Que venait-il de se passer. Ça me laissait perplexe. Cet échange n'avait ni queue ni tête. Était-elle folle ? Perturbée ? En plein délire ?J'aurais aimé le croire pour me rassurer pourtant je sentais que ses paroles avaient un sens qui m'était directement adressé.
La machine est déjà relancée.
A moins que c'était moi qui délirais ? Avais-je inventée ce moment ?
- Airelle ? Airelle ! Tu viens ? La voix d'Aiden me ramena au moment présent.
En me relevant je remarquais que certaines personne me jetaient des regards suspects en passant près de moi mais je les ignorai et reportai mon attention sur mon meilleur ami.
- Ça va ? Me demanda-t-il. On dirait que tu viens de voir un fantôme.
Apparemment je ne le pensais qu'à moitié puisqu'un rire nerveux s'échappa de ma bouche. Aiden me regarda bizarrement mais ne fit aucun commentaire.
Au lieu de ça, il m'emmena dans l'enclos où l'on donnait ensemble des cours de vol sur notre temps libre aux enfants ayant réussi leur premier vol. Et aujourd'hui je risquais bien d'avoir du travail !
J'eus la tête ailleurs pendant les deux heures qui suivirent, heureusement Aiden prit la relève comprenant qu'aujourd'hui j'étais distraite, mais de temps en temps je le sentais poser sur moi un regard curieux, et un peu accusateur tout de même de le laisser s'occuper de la classe tout seul.
Surtout que les petits étaient surexcités et volaient dans tous les sens même s'il n'avaient réussi à ne déployer qu'une seule aile. Beaucoup s'entrechoquaient provoquant l'hilarité des autres et l'agacement de leur professeur.
Je pense que le moment où Aiden m'en voulu le plus, ce fut quand je souris et tentai tant bien que mal de cacher mon fou rire lorsqu'une hirondelle particulièrement heureuse ne réussit à se contenir et lâcha une fiente sur son épaule.
Il partit à la fin du cours plus énervé que je ne l'avais jamais vu et je ne tentai pas de le rattraper. Je me sentais bête de ressasser en long en large et en travers ses paroles mais j'avais l'impression que quelque chose m'échappait.
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CALIETOSS - Renaissance
FantasyEN COURS DE RÉÉCRITURE ! Au lendemain d'une guerre sanglante et ravageuse, les six peuples de Calietoss essayent tant bien que mal de se relever et d'aller de l'avant. Mais c'était sans compter Phobos, chef de la résistance, bien décidé à réunir de...