TAIS-TOI

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- LA FERME ! LA FERME ! ARRÊTE DE PARLER ! TU ME RENDS FOU !


- Fufufu... Moi ? Mais je n'ai rien dit.

- J'EN AI MARRE QUE TU ME POURRISSES ! DÉGAGE ! SORS DE MA VIE !

- Oh, my dear... Tu es ridicule.

Sous la fureur, Clément empoigna son déodorant et son briquet, et appuya sur la gâchette du premier, face au second.

Tic

Tac

Frouf.

- Et, il est vraiment mort comme ça ? Brûlé ?

- Apparemment ! C'est ce que m'a raconté mon père... C'est flippant hein ?

- Carrément ! Il était spécial ton arrière grand-oncle.

- Grave ! Heureusement qu'on est en sécurité, maintenant, au XXIIème siècle.

- Ouais. Mais, du coup, c'est un meurtre ou un suicide ?

- C'est... vague. C'est pas que je sais pas, c'est que c'est vraiment très complexe...

- Et ça s'est passé quand ?

- Oh, il y a longtemps maintenant. En juin 2019, je crois.


Le temps est magnifique à l'extérieur. Les oiseaux chantent, les fleurs s'épanouissent. Une banale journée de juin. De juin 2019.

Hmmm... Je suis face à un dilemme. Me lever et profiter du présent, ou bien rester au chaud dans mon lit si douillet ? Je soupire. Je prends mon courage à deux mains et repousse ma couette chaude, me laissant fébrile sur mon matelas. Sachant que je suis (seul ?), je crie haut et fort à travers mon appartement : « J'ai froid ! »

- Ravi de le savoir ! répondit une voix depuis mon salon.

Une voix ? Dans mon salon ? Je ne sais pas, j'ai dû rêver.

Je ris donc à ma propre puérilité. Je m'habille légèrement en chantant Barbie Girl devant mon miroir, puis me dirige vers ma porte d'entrée. Comme d'habitude, dans ce grand appartement, je demeure bel et bien (seul ?) .

Je tourne mes nombreux verrous vers la gauche, enclenchant l'ouverture de ma porte, puis sors, prenant grand soin de tous les refermer.

Mon dieu ! Les rues sont bondées ! Les hommes portent des chemises d'été négligemment entrouvertes, et profitent de la nature féminine. Celle-ci, se délectant des rayons estivaux, est vêtue de courtes jupes colorées. Les enfants s'excitent et courent dans tous les sens, faisant claquer leurs sandales. Haaaaa, la vie ! Toute cette vie, tous ces gens... HEIN ? QUOI ?!




AH ! AH ! DES GENS ! NON !




- PARTEZ ! PARTEZ TOUS !

Ils me regardent... Ils me regardent... Ils me regardent... Le ciel devient soudainement gris, le Soleil disparaît. Il fait si froid, à présent. Ils me veulent du mal. Mais, pourquoi ? Je ne leur ai rien demandé, moi... Ils sont mauvais, mesquins, meurtriers. TOUS. L'envie de me tuer se lit sur leur visage. Euh... Non, je... Euh... Ils n'ont pas de visage. Leur peau même me fixe. Ce ne sont que des monstres. Ah ! Ils n'ont plus de corps non plus. Leur tête flotte dans les airs. Soudain, tout le paysage autour de moi disparaît à son tour. Il ne reste que moi, le néant, et ces horreurs. AH ! IL Y EN A UNE QUI S'APPROCHE ! ELLE VA ME TUER, M'ARRACHER LES VEINES, DÉVORER MES PHALANGES, ET...

TAIS-TOIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant