5. CRY(2)☑

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Je me retournais vivement

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Je me retournais vivement. Je crus avoir la nausée. Décidément, la malédiction du bal commençait très tôt avec moi !

—Papa...je peux tout t'expliquer... tentais-je, à l'adresse de mon paternel qui se laissait doucement balancer sur la chaise à bascule sur laquelle j'étais assise deux heures plus tôt. Près de lui se trouvait... Zayne ? mais pourquoi était-il près de mon père comme ça ? Et pourquoi son visage était-il aussi impassible, ses yeux gris me fixant avec une telle intensité ?

— Il n'y a rien à expliquer ! explosa-t-il. Tu as osé faire le mur ?! oui Zayne m'a déjà tout dit ; et honnêtement, vous me décevez beaucoup mademoiselle Mérédith Nara May. Comment ça Zayne lui avait tout dit ? Qu'est-ce que c'était censé vouloir dire ?

— Papa je...

— Ferme-là Mérédith ! m'ordonna-t-il. Pour l'amour du ciel, ferme-là ! Mon père était du genre calme. Il me parlait presque jamais, ne s'énervait pratiquement jamais, n'explosait quasiment jamais ! Il savait à quel point ça me faisait mal, du coup nous évitions toujours des confrontations. D'ailleurs, nous évitions même les conversations sensibles et les débats risqués.

«Ferme-là, je ne veux plus t'entendre ! je suis bien heureux de voir que mon autorité passe à présent pour du beurre ! Au final, ça ne sert plus à rien de te punir, vu que tu n'en fais qu'à ta tête ! Je ne veux plus te croiser pendant les jours à venir. Tu vas me faire le plaisir de rester dans cette putain de chambre !»

— Mais pa...

— Je t'ai demandé de la fermer ! Ferme-là Mérédith, ferme-là ! Je ne pus plus prononcer un traître mot. Mon regard s'était embué. Je regardais Zayne, essayant de comprendre s'il avait quelque chose à voir avec ça. Mon visage était humide, de toutes les larmes qui coulaient sur celui-ci.

J'avais mal. Je détestais vraiment quand mon père me parlait de la sorte. Lui et moi n'étions plus très proches. Même si papa était calme, il était très strict ! Un peu trop à mon goût. Je ne supportais tout simplement pas cet aspect autoritaire de lui.

Pourquoi réagissait-il aujourd'hui de la sorte, comme s'il ne m'avait jamais aimé ? pourquoi lâchait-il de pareilles paroles ? ne voyait-il pas combien j'en souffrais ? Pourquoi ne me laissait-il pas m'exprimer, n'en avais-je pas le droit ? il sortit de ma chambre, et claqua la porte si fort que mon cadre photo qui y était accroché, se détacha et se brisa sur le sol marbré.

— Je suis désolé Mérédith, prononça l'albinos.

— Pourquoi Zayne ? J'étais perdue. Pourquoi celui que je considérais mon meilleur ami m'avait-il trahi comme ça ? pourquoi avait-il alerté mon père ? pourquoi a-t-il fallu que tu fasses ça ? Pourquoi ? Affaiblie, je m'affalais sur mon lit, et pris mon nounours en peluche blanc, que je serais fort sur ma poitrine en me balançant d'avant en arrière. Oui, j'avais encore un nounours à dix-sept ans, mais ce n'était pas là, la question du moment !

— Pardonne-moi, j'ignorais qu'il allait réagir comme ça... marmonna-t-il en jouant nerveusement avec ses longues boucles blanches.

— Tu t'attendais à quoi ? enrageai-je en me levant d'un bond. Tu t'attendais à quoi Zayne ?

— Je voulais juste...qu'il t'empêche de danser avec ce...bouseux ! j'ai vraiment insisté pour que nous venions à la plage, mais il a préféré t'attendre ici. Crois-moi, si je pouvais reven...

— Je ne comprends rien Zayne ! m'effondrai-je. Qu'est ce qui l'avait poussé à briser une amitié vieille de dix ans ? Car oui, il venait de la briser, cette amitié.

— Je suis vraiment désolé Mérédith, je sais que je n'ai pas pris la bonne décision. Je...

— Arrête de t'excuser, nom de Dieu ! hurlai-je en lui jetant monsieur Grochon en plein visage. Ton excuse est stupide Zayne. Si tu ne voulais pas que je danse avec Adam, t'aurais pu simplement me le dire. Et puis d'abord, t'es personne pour décider d'avec qui je dois danser ! Je fais ce que je veux Zayne ! Et au cas où tu ne l'avais pas remarqué, c'est lui qui m'a invité, pas l'inverse !

Je sentais la colère se mêler dans la douleur, pour ainsi donner un cocktail explosif. Si tu ne veux pas me dire la vérité, casse-toi d'ici ! va-t'en, je ne veux plus voir ta tronche ! Si ma chambre n'avait pas été insonorisée, je crois que même en haute-mer on m'aurait entendu vociférer.

En guise de réponse, il se saisit de l'une de mes guitares accrochées au mur.

— Remets ça Zayne, scindai-je. Je t'interdis dorénavant de toucher à mes affaires. Je te préviens, tu n'es plus le bienvenu chez moi !

— Je t'en prie Mérédith... chanter c'est le seul moyen que j'ai de me dévoiler. Tu veux connaitre la vérité, laisse-moi te la chanter. Je ne répondis plus rien, et me contentai d'essuyer mes yeux ruisselants. J'avais une plaie profonde dans le cœur et j'espérais que sa musique face office de points de suture.

J'avais déjà entendu Zayne chanter, et je savais qu'il avait une très belle voix qu'il travaillait régulièrement, un timbre doux unique et un vibrato puissant. Il libera ses mèches beiges de la casquette qu'il avait encore sur la tête, et s'assit sur la chaise à bascule blanche, posa la guitare acoustique folk rouge sur ses cuisses et essuya des graines de poussière qui avaient échappées au coup de torchon des ménagers, en supposant qu'elles étaient réelles.

Il me jeta un dernier coup d'œil, hésitant à se lancer. Ce n'est pas moi qui l'encouragerais ! Il gratta les cordes de l'instrument. Les premières notes commencèrent à ricocher entre les murs de ma prison. Avant qu'il ne termine l'intro, je les avais reconnus. Les yeux écarquillés, je le fixais d'un air épouvanté...

non pas ça...

∅∅∅

PUBLICATION TOUS LES JOURS

The Call Of The Depths (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant