MANON

199 36 32
                                    


Alors. Voilà, je suis nouveaux, sur ce site, et franchement, je pensais pas écrire. À la base, c'était pour aider une amie à surmonter ses angoisses  nocturnes, et je me suis pris au jeu.
Je suis, pas un écrivain, je laisse ça à ma grande sœur (même si on a le même âge ) mais elle est tellement sérieuse, responsable, et tout et tout, bref, moi, j'écris des chansons.
Mais bon vous  m'avez donné envie de m'y mettre, alors  ne soyez pas trop dur.

Je suis assis depuis des heures, sur le trottoir, devant la FAC. Je sens plus mes, doigts, à force de jouer.
Je sais pas pourquoi je viens jouer là,
Les gosses de riches me regardent avec mépris, les autres sont fauchés.

Mais il faut dire que j'aime regarder les beaux gosses, qui sortent de cet usine du savoir.
Moi, qui n'ai pas eu mon BAC, pour cause de crise familiale, (ma  mère m'a surpris au lit avec mon crush du moment, un beau  garçon, qui a tellement prit peur, que je ne l'ai jamais revu ensuite ) et comme il vaut mieux ne pas avoir de fils, plutôt que d'en  avoir un qui soit gay, me voilà dans la rue, la guitare à la main, et mon sac sur le dos. Tout juste dix huit ans, et déjà SDF.
Tout ça pour dire que je suis admiratif, de ces jeunes pleins d'avenir, qui buchent pour se fondre dans la société.
Autrefois j'étais comme eux, mais,
Moi, elle m'a rejeté, alors je la rejette à mon tour

Et je viens tous les jours, sur le trottoir de cette boîte à prodiges.
Jouer pour des, jeunes qui s'en fichent, et me traitent de clodos.

C'est vrai, que j'en suis un..
Avec mes cheveux blonds filasses trop longs, faute de coiffeur, mes vêtements, qui ont connus des jours meilleurs, c'est vrai que je fais pitié.

Aujourd'hui, je joue Goldman, je préférerais Bob Dylan, mais ils ne comprendraient pas.
Parfois, ils s'arrêtent, pour m'écouter, surtout les filles. Elles aiment les musiciens.
Parmi elle, il y en a une.
Mais elle n'est pas comme les autres.
Elle est grande, mince, et vraiment très belle. Bein quoi, c'est pas parce que j'aime les mecs, que je sais  pas apprécier la beauté féminine.
Bref, elle s'assied sur le trottoir, elle aussi, loin de moi, mais assez près, pour m'entendre jouer.
Elle mange son sandwich, tous les midi. Et m'écoute chanter.

Jour après jour, elle vient, toujours seule, avec dans le regard, un air de biche affolée.
Je l'observe. Elle a peur des gens, ça se voit dans son regard, cette façon, de tourner la tête de tout côté, de sursauter, quand quelqu'un passe près d'elle. Elle a le regard d'une bête blessée, et craintive.

Petit à petit, elle se rapproche..
Un jour, elle me tend un sandwich,
- Tu dois avoir faim, non ?
Sa voix est douce, comme elle. Elle me sourit, je lui souris. Et je ne sais pas ce qui se passe, mais il y a quelque chose, qui passe entre nous, une étincelle, qui scellera  notre amitié futur.

Les semaines les mois, s'enchaînent, toujours la même routine. Trouver de quoi manger, si possible, payer le lavomatic.
Je chante devant les portes des magasins, la nuit je dors ou je peux, mais le midi, je suis devant la FAC, et je ne chante plus que pour elle. Et ses sandwich.

- Au fait, moi c'est Manon.
- Dylan.. Je lui réponds.
- Il pleut, tu ne vas quand même pas chanter sous la pluie.

Elle a raison. Elle est jolie, avec son imper et son parapluie.
- Faut bien que je gagne ma croûte.
- Je te l'offre, on va au Macdo, ça te dit ?
Elle m'aurait donné la lune, je n'aurais pas été plus surpris. Le Macdo ? Il y a bien longtemps que je n'y suis pas allé, et comme tout le monde, enfin, ceux de ma génération, j' en rêve. Un double cheese burger, et des frites. Je me crois dans Kho- lanta. Je viens de gagner l'épreuve de confort.
Et là, sur la banquette déchirée  du Macdo, on parle, comme si on se connaissait depuis toujours. Je lui raconte ma vie. Qui n' est pas franchement intéressante, elle me parle de la sienne. Elle a vingt ans, un petit garçon de deux ans à peine, qu'elle élève seule, (quel courage), elle bosse dans un bar, pour payer ses études de psychologie.

Elle repart bosser dur, dans cette usine à diplôme. Avant de partir, elle me glisse un billet de cinquante euro.
- Il y a un formule un, me dit elle. Prends toi une chambre, au moins pour ce soir, il va faire froid.
Je lui souris, j'ai des scrupules, à lui prendre ce fric, qu'elle a tant de mal à gagner. Mais elle a raison, il fait déjà froid. Ce n'est par le premier hiver que je passe dehors. J'ai l'habitude, mais l'idée d'une douche chaude, d'un bon lit....je ne peux pas résister. Et je lui promets, je me promets, de lui rembourser très vite.

Le lendemain midi, je suis toujours là.
Il fait un froid de canard, je n'arrive pas à jouer, le froid engourdis mes doigts. Pourtant j'attends. Oh je sais ce que vous pensez. Il est seulement là, pour se faire nourrir.
C'est pas faux, mais pas seulement. Il y a quelque chose, chez cette fille, d'indéfinissable. Comme un air de détresse, qui m'interpelle.
Elle arrive et fronce les sourcils.

- T'es encore  là ?
- Bein, tu vois.
- Mais il fait trop froid pour jouer.
- Je sais, je voulais juste te remercier.
- C'est pas la peine. Viens, on va manger.
On retourne au Mcdo.
- Tu sais ou dormir, ce soir ?
- Oui, je vais trouver.
Je trouve toujours. Même si c'est de plus en plus dur. Les gens ne veulent pas de clodos devant chez eux, ça fait mauvais genre.

- Bon, écoute, euh... Viens devant la FAC, ce soir. Je peux pas te payer l'hôtel, mais...on verra.

On verra quoi ? Je n'arrête pas de me poser cette question.
Mais je suis là, Dix huit heures, devant la Fac. Il tombe des cordes. Je suis trempés et gelé. Elle sort, me sourit.
- Viens.
Je la suis..

Elle est nerveuse. Je voudrais la rassurer, mais franchement je sais pas quoi lui dire.
On rentre dans un immeuble, une tour, qui paie pas de mine. L'assenceur est en panne. On grimpe six étages.
Attends, elle m'emmène chez elle ? Elle est folle ? Maintenant c'est moi qui ai peur.

Et oui, c'est bien chez elle.
- Je fais jamais ça, d'habitude.
J'espère bien.

J'entre, et je m'immobilise.
Un énorme chien blanc m'observe de ses yeux bruns, les babines retroussées sur ses crocs, je vous jure, je fais pas le fier.
- Couché Iceberg.
Le berger blanc suisse, cesse de grogner, mais ne me quitte pas des yeux. Je plains celui qui voudrait agresser Manon.

Elle me sert un coca, s'excuse.
- Je n' ai pas d'alcool.
- Pas grave.
On boit nos coca dans un silence gêné.
- Ton fils n'est pas la ?
- Non, il vit  chez ma tante, à cause de mon travail, je peux pas m'en occuper.
Elle culpabilise, je le sens.
Elle prépare un repas, c'est simple, c'est bon, elle cuisine bien..

- Tu peux dormir sur le canapé, juste pour ce soir.
- OK, super.
J'en reviens pas. J'ai pas l'habitude d'être traité aussi bien.
Je l'aide à débarrassé, faire l à vaisselle,
Et puis, dans le confort douillet de son  trois pièces, à son image, douillet et  chaleureux, je joue pour elle.

Elle m'a dit une nuit, je ne suis jamais reparti. Je suis son baby sitter, Ethan, son bébé, est revenu vivre avec elle, puisque je suis là, pour m'en occuper.
Celui qui va la chercher dans les toilettes de la FAC ou elle s'est enfermé après une crise de panique, qui lui remonte le moral, quand elle ne va pas bien, qui va la chercher dans la douche, après une crise de larmes. Celui qui l'a fait rire, danser,.

Manon, c'est ma grande sœur, celle qui veille sur moi, qui m'a sevré de la drogue, et de l'alcool, qui est toujours là pour moi. J'aime la faire enrager, parce que je sais, qu'au fond, elle adore ça..
C'est mon âme sœur. Ma complice, mon amie.
C'est une grande dame, du haut de ses vingt trois ans. Je l'aime à en mourir..
Et je tuerais celui qui lui fera du mal..

Manon, c'est la gentillesse incarnée, la générosité, le courage et une volonté que personnellement j'admire.
Voilà, je voulais juste lui rendre hommage, parce qu'elle le mérite.
Je t'aime très fort, grande sœur


















MANON Où les histoires vivent. Découvrez maintenant