Ush ROWTAG T1.5 : Magie courante.

La Maison Jaune (1.3)

La main de l'agent frotta mon dos en mouvement circulaire. Tombée à genoux face à la puissance de la maison, je m'étais mise à avoir des relents de mon déjeuner. Je n'avais rien renvoyé mais j'avais été très, très proche de le faire. Les gestes de la femme m'indiquèrent qu'elle était soit une excellente mère soit une superbe amie en soirée. Je fermai les yeux pour me retrouver dans ce vieux désert. J'étais en moi, dans cet endroit un peu mystique, un peu magique, un peu impossible. Les liens avec mes compagnons s'étendaient vers l'horizon mais ils n'en restaient pas moins enroulés autour de moi, comme pour me dire qu'ils étaient là, à tout moment, à tout instant. Non loin de là, se trouvait ce lien violet, vieux et puissant traînant par terre. Le grimoire était fermé mais il pouvait toujours communiquer avec moi, criant pour se faire entendre. J'eus envie de lui cracher dessus mais ça aurait été enfantin et j'avais dépassé ce stade.

Mouais. Je n'y croyais pas non plus.

Tournant sur moi-même, je pus constater un nouveau lien solide composé de toutes les couleurs et, fermement, attaché à mon bras. Je n'arrivai pas à voir la fin du lien mais je sus que c'était la maison, ma maison. J'effleurai du bout des doigts ce nouveau lien dur comme de l'acier. Il n'entravait pas mes mouvements malgré sa rigidité mais il me faisait comprendre qu'il était là. En me concentrant un peu, je discernai quelque chose de plus incroyable encore : je n'étais pas uniquement reliée à la maison mais à une parcelle de terre entière. La terre et la magie me comprenaient et savaient ce qui pourrait se passer dans le futur. Bien sûr, cette terre refusa de m'en dire d'avantage, seulement qu'il était nécessaire que j'obtienne ces terres. Jusqu'où s'étendaient mon territoire ? Bonne question. Rien que de comprendre que j'étais liée à une terre me terrifiais alors savoir jusqu'à quel point ? Je n'étais pas prête pour le savoir.

Le lien vibra, me parla.

- La femme doit partir. Ton chez toi, ta découverte. Tes mises en place, s'exprima une voix brute. Celle de la maison.

- Elle doit rester, expliquai-je dans le vent du désert alors que ça me faisait toujours une drôle de sensation de parler à... rien. Pour savoir combien tu coûtes et si tu es aux normes.

- Je ne suis pas à vendre ! Je suis à toi, fait pour toi !

Le sol trembla, secoué par la fureur de la conscience de la maison. Je ne pus me tenir nulle part alors que le sol se fissurait. J'ouvris brusquement les yeux, refusant de mourir dans un lieu qui n'existait pas en théorie. Inspirer fut difficile mais j'y parvins.

- Alors, critiqua la femme, vous allez me faire croire que ce qui vient de se passer n'était pas magique ? Que la magie est inoffensive ?

Je lui jetai un regard furieux.

- Aux dernières nouvelles, elle ne vous a rien fait à vous alors que vous ne faites que la critiquer et la dénigrer. En fait, si j'avais été elle, je vous aurais fait vivre un enfer.

Elle devint rouge d'indignation et se redressa pour appuyer une certaine supériorité. Après tout, elle était debout et j'étais à genoux. Si seulement elle savait ce que je pouvais faire : elle serait moins hautaine .

- Rien ? Rien !? Et ma voiture alors ?!

- Vous n'êtes pas gravement blessée non plus.

- Et ça, c'est quoi alors , m'hurla-t-elle dessus en me montrant ces avants bras.

- De simples égratignures qui se soignent en deux jours, répondis-je en me relevant, pas très sûre de la force de mes jambes.

- Vous mentez, siffla-t-elle en ma direction.

Elle ne vit donc pas la porte s'ouvrir laissant place à un énorme rondin de bois qui se dirigeait lentement mais sûrement vers elle. Même si j'avais encore mes lunettes sur le nez, je n'avais aucun mal à reconnaître les fils magiques qui le transportaient. Je fis les gros yeux et le rondin s'arrêta.