La terre brûlée : des choix pour survivre

Chapitre 6 : Drôles de gens

Nous nous allongeons côtes à côtes, dos à dos, et j'entend bientôt la douce respiration régulière du jeune homme, m'informant qu'il s'est endormi. La fatigue me rattrape et je sombre moi aussi dans le sommeil. 

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La mort de ma mère, vague. La mort de mon père, violente cette fois-ci. L'emprisonnement de Thomas et moi. Les expériences. La douleur. Les expériences, encore, comme des séquences de torture interminables. Les sujets traités comme des animaux. Leurs souffrances qui se mélangent à la mienne. Les risques, les secrets, les doutes. La surveillance du W.C.K.D. Mon frère dans le labyrinthe. Puis moi. Ma mission. Non, c'est inhumain, je ne veux pas. Pourtant j'accepte. Pourquoi ? Les voix dans ma tête, qui hurlent de douleur, qui grognent et gémissent. "Nous en tuerons d'autres si tu n'y vas pas".

J'ouvre mes yeux noyés de larmes. Ces souvenirs étaient tous plus horribles les uns que les autres. Ce qui est choquant, c'est qu'il y en a dont je ne me souvenais plus du tout. Comme cette phrase prononcée par Ava Paige. Je ne sais même pas ce que cela signifie. Cela voudrait donc dire que le W.C.K.D, contrairement à ce que je pensais, m'aurait effacé la mémoire à moi aussi ?

Je regarde autour de moi. Il fait encore nuit, alors j'en déduis qu'il est très tôt. Tous les blocards dorment encore. Pourtant, ce n'est pas ça qui m'interpelle au point de m'en faire presque oublier mon cauchemar. C'est plutôt le fait que Minho, qui s'est endormi à côté de moi hier soir, a bougé durant la nuit et se retrouve maintenant face à moi, son bras enserrant ma taille fermement, m'empêchant toute tentative d'évasion. Lorsque j'essaye d'enlever tout doucement le bras du jeune homme de ma taille, celui-ci grogne et se serre un peu plus contre moi. Mon visage se retrouve tout contre son torse et je rougis en sentant les muscles de l'ancien coureur à travers son tee-shirt. "Bon sang Elena, ce n'est pas le moment de penser aux muscles, aussi beaux soient-ils, de cet imbécile !" je me serine en moi-même. 

Faute de pouvoir bouger sans réveiller Minho, je reste plusieurs heures dans cette position, les yeux à moitié fermés mais sans réussir à retrouver le sommeil. Finalement, les blocards commencent à se réveiller et je vois Frypan et Aris s'approcher de moi. Lorsque je leur explique ma situation, ils explosent de rire, réveillant Minho au passage. Celui-ci ouvre les yeux et, lorsqu'il voit qu'il me retient prisonnière dans ses bras, il s'écarte d'un geste brusque, les joues rouges. Serait-il énervé ? Ou alors... il est gêné ? Je n'ai pas le temps d'y penser plus longtemps car j'entend Aris chuchoter à Frypan : 

"- C'est chaud entre eux, non ? 

- Tu veux dire, plus chaud que la terre brûlée ? Ça se pourrait bien, oui, acquiesce l'ancien cuisinier du bloc sur le même ton. 

- Non mais ça va pas ? je m'écrie. Il n'y a absolument rien de "chaud" entre cet idiot d'asiatique et moi ! Et d'abord, ce ne sont pas vos affaires ! Je vous demanderais de faire des remarques sur quelqu'un d'autre s'il vous plaît !

- Minho, dit soudain Newt qui rassemble ses affaires, tu veux bien dire à ta chérie de se calmer ? Je suis sûr qu'on peut l'entendre à des kilomètres. 

Mes joues se colorent de rouge. Seulement ce n'est pas de la gêne ou de la honte. En ce moment, j'ai bien envie d'étriper ce petit blond qui nous lance un sourire suffisant en mettant son sac sur son dos. 

- Newt a raison, tu devrais te calmer ma ché-...

- Réfléchis bien avant de prononcer ce mot Minho, j'avertis le jeune homme, car tu pourrais bien le regretter. 

- D'accord, d'accord, rit il. Pas ce surnom pour l'instant. 

Après un clin d'œil, l'ancien coureur s'éloigne. Un grand bruit retentit soudain et nous fait nous arrêter. Je me retourne pour voir ce qui ressemble à s'y méprendre à des éclairs. Il me semblait bien que l'air était lourd. Maintenant je sais pourquoi. L'orage semble lointain, pourtant on dirait qu'il se rapproche de nous.