Prologue

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Au son des cris de sa femme, Peter Othe sursaute et décide qu'il n'en peut plus d'attendre le signal de Gérolia, la meilleure amie de son épouse et celle qui l'accompagne dans son accouchement. Il se lève rapidement de sa position assise dans le couloir sombre du château éclairé piteusement par des torches fixées au mur. Il en empoigne une et se dirige d'un pas pressé vers la chambre d'où lui parviennent les gémissements de sa bien-aimée en souffrance. Peter pousse doucement la porte en bois devant laquelle il s'est arrêté et regarde timidement à l'intérieur. La scène qui lui est présentée est épouvantable. Couchée dans le lit royal spacieux, les draps tassés, plusieurs oreillers derrière son dos et les jambes écartées, Elisabeth Sinte n'a plus l'air de la belle jeune fille de 20 ans que Peter a rencontrée il y a trois ans de cela. Elle a maintenant le visage dur et concentré, les joues mauves de douleur, les yeux vitreux de larmes, la bouche étirée dans une expression anormale et ses cheveux châtains sont maintenant noirs de la sueur qui lui dégouline dans le cou. Elisabeth remarque son mari qui se tient debout, la mine déconfite, devant le poste de sa chambre. Elle essaye de lui faire signe de la rejoindre, mais les contractions reviennent en force et les sons restent pris dans le fond de sa gorge. Gérolia, qui est à son chevet depuis le début, comprend le message et prépare la pièce pour la naissance du bébé.

– Vous feriez mieux de venir tenir la main de votre femme, Votre Majesté, propose-t-elle à Peter qui n'en revient toujours pas de la quantité énorme de sang dans laquelle baigne Elisabeth.

Il se ressaisit et accourt aux côtés de sa partenaire. Il se penche au-dessus du lit et place délicatement ses paumes sous le menton de la reine.

– Tu peux le faire, chérie. Tu es capable, lui murmure-t-il, excité et nerveux à la fois.

Elisabeth hoche la tête et forme un merci avec ses lèvres sèches. Elle regarde ensuite son amie de toujours qui lui sourit et elle se sent prête à donner naissance à son enfant.

– Allez, au compte de trois, on pousse., commande Gérolia. 1... 2... 3 !

Elisabeth et Peter rugissent, une sous l'effet de la poussée, un sous l'effet de sa main écrasée par celle de sa femme.

– Encore ! Je vois la tête ! 1... 2... 3 !

Une autre poussée et le bébé est né. Elisabeth retombe sur le matelas et expire lourdement. Les pleurs de la nouvelle née retentissent dans le Royaume et amènent une bouffée d'air frais sur les champs et les maisons. La nouvelle née. Une fille. La future reine. Gérolia essuie ses larmes de joie et prend l'enfant dans ses bras.

- Gloire à la future reine de Neptua !, s'écrit-elle en se mettant à genoux.

Peter s'approche de sa fille et s'agenouille auprès de Gérolia. Il tend ses mains vers son bébé et la soulève doucement vers sa mère. Elisabeth sanglote de bonheur avec son enfant déposée sur ses cuisses. Dès le premier contact avec sa maman, le bébé arrête de pleurer et ouvre ses yeux, de grands yeux bleu saphir qui illuminent toute la pièce. Elisabeth sourit. Ce sont ces yeux. Sa fille a hérité de ses yeux.

– Elle aura aussi ta force et ta générosité, remarque Peter en se retournant vers Gérolia afin de laisser un peu d'intimité à sa femme.

– Je voulais vous remercier pour votre aide lors des derniers mois, durant la grossesse, chère Luciole. Vous avez été grandement apprécié.

Gérolia rougit et exécute une révérence droite et respectueuse.

– Tout le plaisir était pour moi, Majesté. Je n'aurais jamais laissé ma meilleure amie, notre chère reine, toute seule durant cette épreuve difficile de la vie.

Les Royaumes de NeptuaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant