Chapitre 13 _ Un récit alarmant

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Quelques jours passèrent. Sophia refusait de révéler le fond de sa pensée aux autres, même à Ofelia. Cette dernière, folle d'inquiétude, n'arrivait même plus à se nourrir. Sage, peu rassuré de l'état de sa mère, avait essayé de lui rendre sa gaieté, en vain.

- Je n'aime pas ce qui arrive... murmura-t-il en amenant ses jambes près de sa tête.

Kévin, assis sur le banc à côté de lui, termina de grignoter son croissant, avant de déclarer :

- Mais rassure-toi. Tante Ofelia va bien.

Sage haussa les épaules, sans oser protester. Il connaissait sa mère. Il avait bien vu que leur séjour au Sanctuaire Marin l'avait grandement aidé. Et ce mystérieux homme caché dans l'infirmerie... C'était lui la cause de tous ses soucis actuellement. Non, elle n'allait vraiment pas bien.

- Dis, Sage... Tu n'es pas un peu curieux ?

- Curieux de quoi ?

- De savoir à quoi ressemble le méchant qui a attaqué la Palestre. Tout le monde en parle, mais personne ne sait !

- Sauf nos mères, et les responsables, objecta Sage.

- Oui, mais moi, je veux savoir...

- Nous n'avons pas le droit.

- Est-ce que tu sais pourquoi les règles existent ?

- Pour nous empêcher de commettre des erreurs ?

- Non. Pour qu'elles soient transgressées.

- Je ne pensais pas que tu avais appris des mots aussi compliqués, se moqua Sage.

- J'ai lut beaucoup de choses intéressantes pendant que tu n'étais pas là. Allez, viens avec moi.

- Non, il ne faut pas ! C'est interdit !

- Interdit ? Mais rien n'est interdit pour les futurs Chevaliers d'Athéna !

- Kévin...

- Je serais un Chevalier, comme mon père ! Je serais aussi fort que lui, et maman sera fière de moi ! Mais pour ça, je dois affronter la vermine qui se cache dans notre école, et je ne peux pas le faire seul ! Toi, Sage, mon fidèle écuyer, tu m'accompagneras ou tu seras châtié !

Sage leva les yeux au ciel, lassé par ce côté théâtral. Kévin aimait bien jouer à ce genre de petit jeu, mais lui n'en voyait pas l'intérêt. N'était-il pas mieux de parfaire leur Cosmos déjà en ébullition ?

- Non, Kévin. Nous n'avons pas le droit.

- Ton insolence te coûtera cher, écuyer !

- Je n'ai pas envie de jouer.

Kévin poussa un long soupire, abattu, avant de grommeler :

- T'es pas drôle.

Sage ne répondit rien, se contentant de regarder le sol devant lui.

- Hé, là, regarde ! désigna subitement Kévin en se levant. C'est tante Ofelia !

En entendant le nom de sa mère, Sage leva les yeux, et constata que son ami était dans le vrai. Ofelia marchait sur le sentier d'en face, assez loin d'eux. Elle tenait le bras d'un homme qu'il n'avait jamais vu auparavant, et qu'il détermina comme celui dont tout le monde parlait, l'assaillant de la Palestre.

La jeune espagnole avait en réalité enfreint une certaine règle, voulant profiter de son ami, et savoir ce qui lui était arrivé dans les moindres détails. Ainsi, elle l'avait aidé à sortir de l'infirmerie, afin qu'il s'aère un peu, sans que nul ne le remarque. A cette heure là, tous les élèves étaient en cours, à l'exception des plus jeunes qui devaient tous être dans le hall qui servait de réfectoire. Seuls les plus rapides étaient susceptibles d'être dehors, mais Ofelia était persuadée qu'ils ne viendraient pas au plus près de la statue d'Athéna, par fainéantise de lui adresser le salut. Ne repérant pas la présence de Sage et de Kévin, Ofelia jugea l'endroit tranquille, et invita Syd à s'asseoir sur un banc clair. Là, elle s'agenouilla en face de lui, posant doucement ses mains sur ses genoux encore endoloris des épreuves qu'il avait dû traverser, et lui lança un regard suppliant.

Les Héritiers des Dieux _ Tome 1 _ Le dieu maléfiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant