Eternity [Poets Of The Fall] Français/English

[FR] 5 - Bonheur (Love Will Come To You)

Jari ne put s'empêcher de regarder Olli lorsque celui-ci ferma la porte. Ses yeux pétillants, son sourire si communicatif. Tout lui avait manqué si longtemps. Il ne voulait pas risquer de rater une fois de plus le moindre instant de l'existence du guitariste. Avec douceur, le batteur repoussa une mèche de cheveux blonde qui descendait sur la joue de l'autre. Ce toucher, qui si souvent leur avait manqué par le passé leur était maintenant revenu, plus familier et naturel que jamais. Olli frissonna à ce contact si tendre. Il était attendri par le brun, dont les joues étaient légèrement rougissantes. Il a toujours apprécié cette légère timidité de Jari, qui disparaît complètement dès qu'il joue de la musique. Son instrument est comme une extension de lui-même. A vrai dire, c'était précisément comme cela qu'Olli le percevait. Une extension de lui-même. Si semblables et si différents, les deux hommes se sentaient plus complémentaires que jamais. Jari, toujours souriant, bien qu'il trouve le mot pour rire en toute situation, est relativement réservé. Il s'isole souvent avec son chien, dans de longues promenades au crépuscule. Il est rare que de lui-même il s'immisce sur le devant de la scène, autant parce que sa position de batteur l'en éloigne sensiblement que parce qu'il n'aime pas particulièrement se mettre en avant. Pourtant, son caractère solitaire ne l'empêche pas d'être toujours présent pour ses amis, quitte à s'oublier pour les soutenir, il y met un point d'honneur. Olli est plus confiant, plus sûr de lui. Il aime faire rire les autres, tout en se montrant très sérieux lorsque cela s'impose. D'un naturel positif et optimiste, il partage peu ses maux et tracas avec les autres, préférant les garder pour lui. Il partage souvent la scène avec Marko, son plus vieil ami, scène sur laquelle il ose, et ose avec passion. Pour le brun comme pour le blond, l'autre est toujours apparu comme parfait. Ils aiment chacun des traits de l'autre, de ses qualités comme de ses défauts.

Les quatre autres musiciens n'avaient cessé d'échanger des regards en attendant le retour de leurs amis. Ils se réjouissaient plus que jamais des retrouvailles des deux hommes, de leur bonheur récupéré à travers la musique. Rien n'aurait pu leur faire plus plaisir que de les voir sourire à nouveau d'une façon si authentique. Jari et Olli entrèrent dans la salle de musique où leurs proches, immobiles, leur souriaient, sans faire de remarque ni poser de questions. Marko finit par rompre avec douceur ce silence qui les perturbait.

« - Bien, mes amis poètes, que pensez-vous de parfaire cette journée par de la musique ? Au delà des répétitions de la tournée, juste pour nous, pour le plaisir de jouer. Proposa-t-il, enjoué.

- Je crois qu'il n'y aurait rien mieux ! S'enthousiasma Jani. »

Tous répondirent par l'affirmative. Après tout, c'est leur amour de la musique qui les a poussé à créer leur groupe, quinze ans plus tôt, et dès qu'ils le peuvent, ils aiment partager quelques instants, minutes ou heures entières, à jouer quelques mélodies éphémères. Markus s'installa derrière son clavier tandis que Jani récupérait sa basse. Jaska acheva d'accorder sa guitare et Marko, après avoir vidé son restant de café, se positionna devant le micro. Olli, pour la seconde fois de la matinée, enfila la sangle de sa fender stratocaster qu'il ne quittait jamais. Jari passa devant l'ampli du blond et saisit délicatement le médiator qui y trônait. Il le tendit au guitariste qui frôla sa main en le récupérant, gratifiant le batteur d'un sourire et d'un remerciement d'un ton affectueux. Aucun des quatre autres n'aurait pu manquer cette image. Le visage de Marko se fendit d'un large sourire et le chanteur échangea un regard complice avec Jaska. Jani et Markus se sourirent, les yeux brillants. Ils savaient que quelque chose avait changé entre leurs deux amis, comme une harmonie retrouvée. Tranquillement, d'un pas léger, Jari gagna sa batterie. Il s'installa sur le fauteuil de cuir et prit ses baguettes entre ses mains. Il inspira profondément, les mâchoires presque douloureuses à cause du sourire qui n'avait pas quitté ses lèvres. Le batteur leva les yeux vers les autres musiciens et frappa quatre coup de ses baguettes l'une contre l'autre.