Chapitre 15 (2)

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Répondre ou pas ? Accoudé au dossier du long canapé qui parcourait l'un des murs du restaurant où il s'était arrêté avec ses amis, Ken laissait vagabonder ses pensées. Athénaïs lui avait envoyé un message la veille. Evidemment, il l'avait supprimé comme pour tourner la page une fois pour toutes. Cependant, le SMS lui trottait encore dans la tête. En soi, elle ne faisait que demander des nouvelles de lui mais il ne s'était écoulé que très peu de temps depuis leur dernière conversation. Elle ne le contactait jamais aussi tôt.

Soudain, les éclats de rire bruyants de ses acolytes le fit atterrir sur Terre.

« T'es vraiment qu'un boulet, Mo' ! s'écriait Adèle, hilare.

— Je croyais vraiment que c'était hier ! Le gars m'a mis un gros stop genre « non mais c'est la semaine prochaine, ton interview ». La te-hon.

— Première fois de sa vie que le gars est arrivé en avance pour quelque chose, lança Idriss.

— Clair ! J'étais vert, genre je m'étais grave chauffé ! Traverser tout Paris, et tout... »

Ken suivait la conversation du bout de la tablée, un tantinet distrait, quand il sentit un petit tiraillement sur sa chemise. C'était Ismaël, le fils d'Adèle et de Mamadou qui après s'être baladé autour et sous les tables, voulait lui montrer une énième fois sa voiture Cars rouge, reçue à son anniversaire. Le jeune homme prit le temps de s'émerveiller devant le jouet au grand contentement du petit garçon aux cheveux bouclés bruns clairs qui fit rouler son petit véhicule sur le sol.

Ken le regarda faire pensivement. Adèle et Doum's avaient bien de la chance : fonder un foyer, il n'y avait que ça de vrai, en fin de compte. Mais concilier une vie de famille et la vie d'artiste n'était pas facile. Heureusement, les parents d'Ismaël avaient réussi à trouver un terrain d'entente et se relayaient pour la garde de leur enfant en fonction de leurs obligations. Il fallait avouer qu'avec Athénaïs, ç'aurait été compliqué. Si lui pouvait mettre le rap de côté un moment, elle semblait être très prise par son internat à l'hôpital. Quelque part, elle avait probablement raison quand elle disait qu'ils n'allaient pas vraiment ensemble...

« Ca va, Nek' ? s'enquit-on d'une voix inquiète

— Oui, je regarde juste Ismaël. » fit ce dernier en désignant du menton le petit garçon qui s'affairait à présent autour de sa poussette et jouait avec les lanières de la ceinture de sécurité.

Adèle jeta un regard attendri vers son fils et puis se retourna vers ses amis.

« Pour une fois, il est calme, ça fait du bien.

— J'avoue ! D'habitude, il est infernal ! » renchérit Mamadou en riant.

Et de raconter les qualités de lanceur d'objets d'Ismaël et de la difficulté de le gérer sur les plateaux de tournage de sa mère ce qui fit rire les jeunes adultes.

Une heure plus tard, les amis décidèrent de se séparer. Chacun rentra chez soi. Ken fit la route avec Mohamed qui commença à parler de ses prochains achats en matière de chaussures de sport. Devant le peu de réaction que le sujet suscita chez un Ken d'habitude très enthousiaste à parler mode, Mohamed se tourna vers lui. Il aperçut alors l'air préoccupé de son ami.

« Il se passe quoi, gros ?

— Bof, rien... » répondit Ken avec un haussement d'épaules.

Mohamed ne chercha pas plus loin, malgré ses soupçons. Il lui en parlerait au temps voulu. De son côté, Ken sentit qu'il risquait de trahir l'objet de ses pensées et feignit un air détendu.

« Ca te dirait un détour, on se met une race et on choppe ? proposa-t-il nonchalamment.

— Ah, le fennec veut partir à la chasse ! On appelle Deen ? Il doit avoir fini au studio, là. »

" Non. "Où les histoires vivent. Découvrez maintenant