X- Voyage mortel

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Une valise, un manteau, une paire de talons aiguilles et par la même occasion, une dizaines d'œuvres d'art dans la soute à bagages et Diana est fin prête à embarquer dans l'avion qui l'a conduira vers la ville des lumières. Remettre les pieds dans sa galerie est, elle le croit, le plus difficile qu'elle ait eu à faire pour l'instant. Revoir ses murs blancs et dorés, le sol à nouveau immaculé, l'endroit désert et les précieuses acquisitions immobiles en attendant leur sort... Rentrer à nouveau dans son bureau et ne voir plus aucune trace du massacre qui s'est déroulé à cet endroit même, comme si rien ne s'était passé, comme si tout était déjà oublié.

Puis il a fallu déplacer les œuvres voulues et les mettre dans un camion où était écrit en grosses lettres : « convoi exceptionnel ». Escortée par plusieurs professionnels, Diana les a observés emmener précautionneusement ses œuvres les plus splendides dans leur véhicule avec un pincement au cœur, mais vite étouffé en sachant qu'elles vont se retrouver dans un des plus grands musées au monde.

À présent sur la piste de départ, elle fixe longuement l'appareil volant qui doit la conduire jusqu'en France. Tout est prêt à décoller, ne manque plus qu'elle. Mais, sur le point de partir elle ressent un doute, quelque chose qui la retient de s'en aller et de laisser sa vie derrière elle même pour quelques jours. La peur de ne plus jamais pouvoir revenir. Elle ne fuit pas pourtant, alors pourquoi éprouve-t-elle cette impression d'abandon ? Prenant finalement une profonde inspiration et rassemblant son courage, elle monte les marches qui la mènent à l'intérieur et prend place sur un des sièges confortables.

Un steward vient lui proposer une coupe de champagne mais Diana décline poliment et essaye de se mettre à l'aise malgré le fait qu'elle soit la seule passagère à bord sans compter le steward et les deux pilotes. Peu de temps après, des secousses se font sentir et le jet prend peu à peu son envol. Diana regarde, hypnotisée, la ville rapetisser au fur et à mesure qu'ils prennent de l'altitude. Bientôt, elle aperçoit Central Park qui n'est plus qu'une grande tâche verte au milieu de tous ces buildings essayant par tous les moyens d'être le premier à toucher le ciel. Mais cela est vain, Diana en a la preuve sous les yeux.

Pendant le vol, elle sort L'Amour est un chien de l'enfer de Charles Bukowski qu'elle a embarqué avec elle et commence à le relire pour la sixième fois. Elle tombe sur un de ses poèmes préférés intitulé : L'écrasement, où elle a même griffonné des mots sur le côté, comme si ces simples vers avaient réveillé en elle des questions et des pensées insoupçonnées qu'elle avait été obligé de coucher sur le papier.

[...] il y a dans ce monde une solitude si grande

que vous pouvez la prendre

à bras le corps.

des gens claqués

mutilés

aussi bien par l'amour que par son manque.

des gens qui justement ne s'aiment

pas les uns les autres

les uns sur les autres.

les riches n'aiment pas les riches

les pauvres n'aiment pas les pauvres.

nous crevons tous de peur.

notre système éducatif nous enseigne

que nous pouvons tous être

Diana - La traque a commencéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant