— Babouk a été assassinée.
Des murmures horrifiés traversèrent l'assemblée. Lasica, la prêtresse de Dra, posa une main pleine de compassion sur l'épaule d'Erigone tandis qu'Hègre baissait la tête et murmurait une prière silencieuse. Renwyck ne savait guère comment réagir. Il avait déjà entendu le nom de Cité-Axis, c'était la capitale d'un pays au-delà des mers : l'Ourie. En quoi cela concernait-il la communauté du Château de Nacre ?
— Assassinée nous dis-tu ?
C'était l'homme nommé Bakalar qui avait pris la parole. Il était le doyen de l'assemblée, avec un visage émacié, le teint olivâtre et des cheveux blancs légèrement bouclés.
— C'est ce que disait le message, oui, confirma Aulirath. Nous n'en savons guère plus, mais il ne laissait aucun doute sur le fait que ce n'était pas une mort naturelle. Cela date de quelques semaines, deux ou trois environ.
Erigone laissa s'échapper un long soupir plaintif. Dans sa tunique verte délavée et trop large, elle semblait particulièrement frêle. Une agitation fébrile l'avait saisie à l'annonce du décès qui remuait tant la communauté.
— C'était donc cela, dit-elle. J'avais senti un soubresaut dans les Toiles, suivi d'un changement diffus, lointain. Mais jamais je n'aurais pensé que... Babouk...
Sa voix mourut sans qu'elle ne pût aller plus loin. La peine se lisait sur son visage. Renwyck en eut le cœur serré même s'il ne savait pas qui était cette Babouk qui était morte dans la lointaine Cité-Axis. Ce devait être en tout cas une personne très importante. Renwyck comprit également qu'Erigone percevait les Toiles différemment, avec une acuité terrible.
Akhbar prit la parole à son tour :
— Erigone, dit-il. Je sais que nous en avons déjà discuté par le passé. Ces événements confirment nos craintes : tu es en danger.
— Akhbar a raison, acquiesça Aulirath. Nous ne savons pas qui se cache derrière l'assassinat de Babouk, mais mon cœur me dit qu'ils ne s'en tiendront pas à l'Araignée des Terres Sauvages. Toutes les Araignées sont en danger. Nous devons te mettre en sûreté.
Ce fut au tour de Hatyāri d'intervenir. À la façon dont l'assemblée se tut pour écouter ses paroles, Renwyck devina qu'il s'agissait d'une personnalité influente dans la communauté du Château de Nacre.
— Nous devons renforcer les mesures de sécurité ici, affirma-t-il d'une voix profonde. Faire profil bas, ne pas attirer l'attention et limiter nos allées et venues.
— Ce n'est pas la question, répondit Akhbar en secouant la tête. Le culte de Fay est trop influent ici. Il y a des gardes partout, sur le qui-vive avec la fête des Fols Masqués qui approche. Et d'ici quelques jours, la ville débordera d'inconnus et de gardes. Nous serons coincés ici et il sera bien aisé pour un assassin de se mêler dans la foule des Fols Masqués. Erigone, conclut-il en fixant l'intéressée, tu dois quitter la ville au plus vite, pour ta propre sécurité.
— C'est impensable ! s'insurgea aussitôt Hatyāri. Tu sais très bien que la loi magiane l'interdit, Akhbar ! Les Araignées doivent demeurer là où le Thaumaturge-Roi les a assignées.
— Là où le Brise-Lame les a assignées plutôt ! répliqua sèchement Akhbar.
La conversation commençait à s'échauffer entre les deux hommes. Renwyck se souvint des propos d'Akhbar sur la route de Rivebois au Château de Nacre. Il fallait s'accommoder ici des partisans fervents de ce Brise-Lame, Haut-Maître de l'Obscurité, et Hatyāri en faisait visiblement partie.
— Allons messieurs, gardons notre calme, intervint Aulirath. Le plus important est de veiller à la sécurité d'Erigone. Il me semble qu'elle mérite la parole dans ce débat.
VOUS LISEZ
L'Herboriste - Les Thaumaturges I
AventuraDeux destins. Renwyck, jeune herboriste, part à la recherche de son père inconnu, guidé par une mystérieuse prophétie. Si magie et complots se dressent sur son chemin, il faudra bien y faire face. Pour Niédar, valeureux elfe déchu, c'est la vengean...