L'Herboriste - Les Thaumaturges I

Clandestins (16) - Niédar

Niédar gardait sa dague à la main et vit que Tys'Naïa avait elle aussi dégainé son coutelas de chasse. Il y avait peu de chance de croiser quelqu'un à l'intérieur, mais le danger demeurait. Peut-être y aurait-il des Morts-Vivants dans la sépulture.

    En bas des escaliers, une première salle les accueillit. La lumière du jour dans leur dos éclairait une antichambre de pierre au plafond bas. Des torches éteintes étaient suspendues à des crochets aux murs. Chacun s'en saisit d'une et l'alluma grâce à un briquet à percussion et de l'amadou que Naarn transportait. Une ouverture dans une paroi du fond les appela à commencer leur exploration de la tombe. Ils se hissèrent un par un dans le trou au mur et suivirent un corridor irrégulier.

    Niédar n'avait qu'une seule envie : avancer le plus vite possible. Il devait pourtant se réfréner et prendre le temps d'observer avec attention leur environnement. Leurs torches lançaient des halos orangés tout autour d'eux, créant des ombres inquiétantes. Au détour d'un léger virage, une anfractuosité apparut dans la pierre. C'était une alcôve naturelle. Niédar approcha sa torche pour y voir plus clair.

    Un crâne le toisa.

    Niédar ravala un cri d'horreur, son cœur battait à toute allure. Au bord de la paralysie, il fit un pas en arrière.

    Pas ici ! Pas encore !

— Une momie, remarqua Naarn juste derrière lui.

    Le ton calme du jeune Aranéen permit à Niédar de surmonter sa frayeur. Ce n'était pas un Mort-Vivant, juste une momie empoussiérée. Les mâchoires serrées, il se rapprocha de nouveau. La dépouille était emmaillotée dans une toge. Elle tenait debout car elle avait été attachée par les épaule et les hanches à un tuteur.

— Est-ce Grachéos ? demanda Tys'Naïa derrière eux.

    Hissée sur la pointe des pieds, elle essayait à son tour d'observer la momie.

    Niédar fronça les sourcils. Il n'avait pas de réponse, mais cette possibilité lui paraissait absurde. On n'aurait tout de même pas laissé son ancêtre attaché comme un esclave anonyme dans un renfoncement au détour d'un couloir. Il essuya la sueur qui perlait à son front.

— Non, affirma-t-il.

    Il reprit sa progression dans le corridor. Il distingua une autre alcôve à quelques pas de là, mais celle-ci était vide. Il s'arrêta pour l'observer. Ses parois étaient noires, comme recouvertes d'une sorte de résidu. Niédar remarqua que d'autres trous dans les murs accueillaient de nouvelles momies tout le long du couloir. La lumière de sa torche lui permettait d'en compter quatre, mais il y en avait peut-être d'autres plus loin. Pourquoi avait-on disposé des momies de la sorte ?

    Naarn devait se poser la même question :

    — Penses-tu que ce sont des fidèles de Grachéos ?

    Niédar secoua la tête. Il ne comprenait pas qui pouvaient être ces gens, postés comme des sentinelles. Il reprit son avancée, observant attentivement les dépouilles, à la recherche d'un indice sur leur identité. La première sur sa gauche tenait entre les mains un coffret.

    Niédar s'approcha prudemment. Au moment où il se pencha pour ouvrir le coffret, il entendit un sifflement ténu au-dessus de lui. Il leva la tête. La flamme de sa torche avait allumé une mèche qui courait au plafond.

    Naarn le tira violemment en arrière en hurlant :

    — Tys, recule !

    Les momies explosèrent en grandes gerbes de flammes.