Tomber

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Tomber, tu ne fais que ça. Tu chutes sans cesse au fond cette entaille, assombrie de tes idées noires.

Tu essayes pourtant de t'en sortir, de remonter la pente, mais rien ne sert... Poser un pied sur le sol, te relever, puis retomber dans ce gouffre, voilà ce à quoi tu es rendu.

Cette obscurité appeurrante, tu la connais trop bien dès à présent. Elle fait peur même aux plus téméraires de ce monde... Une sorte de noirceur envahissante, s'emparant de ton esprit et ne te lâchant plus d'une semelle. Les médicaments? Et bien ils t'affaiblissent physiquement, et te stabilisent mentalement.

Tu es allongé dans ton lit, la nuit est tombé depuis bien longtemps déjà et tu regardes une dernière fois les photos de ton enfance heureuse. Tout le monde dort déjà et tu ne penses qu'à une chose: te barrer.

Tu fermes les yeux, espérant enfin partir, t'échapper de tes problèmes, lame à la main et larmes aux yeux... Tu poignardes ton poignet une dernière fois, donnant cette fois-ci le coup de grâce.

Ton âme s'évade de ton corps dès à présent inerte, laissant couler de ton bras le liquide rouge qui faisait auparavant de toi un être humain.

Tu rouvres les yeux, tu es plongé dans le noir complet. Tu paniques, ne sachant pas où tu te trouves. Tu te rappelles alors tout les bons moments passés lorsque tu étais vivant, ce sourire qui ne quittais plus ta bouille d'ange, ce sourire qui cachait tellement de tristesse et de pleures.

Tes yeux s'humidifient, et tu balayes alors tes larmes d'un revers de manche. Tu es parti et tu ne peux plus faire marche arrière, tu ne peux plus aller leur dire ce que tu as sur le cœur, tu ne peux plus les prendre dans tes bras, rire avec eux ni même t'engueuler avec eux.

Tu as commis l'irréparable...

Soudain, dans l'obscurité une lueur bleu éclaire ce vide et s'intensifie au fur et a mesure que le temps passe. Du moins, c'est ce que tu penses être le temps... Là où tu es, le temps n'existe plus, seulement l'éternité règne.

Alors cette lumière tu la suis, et elle te mène droit vers une vision d'horreur... Tu es dans cette pièce, la dernière que tu aies vue avant ta mort, tu vois ton corps sans vie allongé sur les draps recouverts de sang de ton lit.

Soudain, tu entends des bruits de pas venir du couloir menant à ta chambre... Ta mère arrive pour te réveiller, comme tout les matins, avec un plateau dans les mains comportant ton petit déjeuner. Elle s'approche de plus en plus, pose sa main sur la poignée et... Ouvre la porte...

La pièce est encore plongée dans le noir, ce qui ne lui permet pas encore de voir ton cadavre. Elle se retourne, dos au corps, appuie sur l'interrupteur, et d'une voix fluette, t'appelle doucement pour te réveiller.

La lumière de la chambre est à présent allumée, alors elle se retourne, et voit ton corps sans vie gisant dans une marre de sang, un couteaux plantés dans le bras et le visage blanc. Elle lâche le plateau, et s'effondre au sol en hurlant, pleurant, tapant le sol de toutes ses forces.

Alarmé par les hurlements de ta mère, ton père se précipite dans ta chambre, paniqué... Il voit tout d'abord sa femme, à genoux sur le sol, pleurant toutes les larmes de son corps, avant d'apercevoir ton cadavre. Il reste sous le choc, sans bouger, il est anéantit...

TU les as anéantis...

Tu es détruit face à cette situation, tu te met alors à pleurer, hurler, frapper les murs... Tu en as trop vu, alors tu quittes cette vision pour retourner dans cet étrange noirceur...

Pourquoi l'as- tu rejointe d'ailleurs? Pourquoi es-tu tombé dans la dépression? Cette personne, que tu as perdue, et qui t'étais chère en est la cause principale. Tu l'aimais plus que tout, elle te chérissait et te permettais d'évoluer. Ne plus l'avoir à tes côtés à été pour toi un déchirement, le début de toute cette horreur que tu t'es infligé.

Alors tu t'es dis quoi? Peut être que si tu quittais ce monde, tu pourrais la retrouver dans l'au-delà... Alors c'est ce qui t'as poussé à commettre cet acte... Un acte irréparable, un acte pour lequel on ne peut plus faire marche arrière une fois commis. Et maintenant tu en paye les frais.

Te suicider n'a rien arranger, bien au contraire, la personne que tu pensais retrouver et bien elle n'est pas là... Tout simplement parce que après la mort, il n'y a pas de seconde vie... Tu te retrouves coincé dans une sorte de dimension sombre et appeurrante, seul face a toi même pour l'éternité.

Il n'y a plus que tes souvenirs pour t'alimenter, tu vois ta famille souffrir a cause toi, tu t'es auto-détruit au lieu de continuer de te battre pour ceux qui t'aiment et qui sont encore vivants.

Et si jamais ça ne c'était pas passé comme ça? Et si tu n'avais pas commis l'irréparable? Et si tu t'étais remis debout une bonne fois pour toute, te battant contre tes idées noires?

Alors reprenons depuis le début...

Tomber, tu ne fais que ça. Tu chutes sans cesse au fond cette entaille, assombrie de tes idées noires.

Tu essayes pourtant de t'en sortir, de remonter la pente, mais rien ne sert... Poser un pied sur le sol, te relever, puis retomber dans ce gouffre, voilà ce à quoi tu es rendu.

Cette obscurité appeurrante, tu la connais trop bien dès à présent. Elle fait peur même aux plus téméraires de ce monde... Une sorte de noirceur envahissante, s'emparant de ton esprit et ne te lâchant plus d'une semelle. Les médicaments? Et bien ils t'affaiblissent physiquement, et te stabilisent mentalement.

Tu es allongé dans ton lit, la nuit est tombé depuis bien longtemps déjà et tu regardes une dernière fois les photos de ton enfance heureuse. Tout le monde dort déjà et tu penses qu'à une chose: te barrer.

Mais cette fois tu ne t'adonneras pas à cette pratique horrible qui t'affaiblit au fil du temps. Ce soir, tu décides d'enfin reprendre ta vie en main! Tu as totalement conscience que les débuts sont toujours les plus compliqués, mais qu'il ne faut pas que tu lâches, tu n'as pas le droit, tu n'as pas le droit de faire ça au gens qui t'aiment.

Alors ce soir tu ne prendras pas cette lame qui te servait jusqu'à présent de bourreau et tu t'endormiras déterminé comme jamais, une photo de tes proches sur le cœur.

Le lendemain, ta mère viendra te réveiller comme tout les matins avec un plateau contenant ton petit déjeuner, puis tu la prendras dans tes bras, lui faisant part de tes ambitions de remonter la pente.

Les mois passerons et tu regagneras en joie de vivre, chaque jour deviendra non plus un calvaire mais un pur bonheur, ton sourire ne cachera plus de tristesse ni de larmes et enfin tu n'auras plus aucune envie de retoucher a cette lame qui t'a meurtrie pendant tellement de temps.

Et un jour, ton combat contre la dépression prendra fin, et tu en ressortiras vainqueur, et plus vivant que jamais.




FallingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant