Alexandria :
J'ouvris les paupières et les refermais directement, abrutie par la lumière violente qui venait d'agresser mes rétines. Je me tournais lentement sur le dos en expulsant l'air de mes poumons et en me préparant mentalement à la douleur qui allait jaillir dans mon dos. Rien. Je n'arrivais pas à m'y faire. Mes blessures avaient disparues en vingt-quatre heures à peine après que je me sois endormie avec Clarke à mes côtés. C'était il y a cinq jours. Clarke... Comment avait-elle fait pour guérir mes blessures si facilement ? J'aurais dû garder des marques à vie et grâce à elle il n'y avait plus rien. Même pas la moindre petite cicatrice. Aucun des médecins de ce royaume n'était capable d'un tel prodige.
Mais Clarke ne m'avait pas questionnée sur mes blessures alors je ne l'interrogeais pas sur ses tours de magie. Parce que ça en était, non ? Je ne comprenais toujours pas comment cela était possible.
En tout cas, on avait comme instauré un pacte entre nous : tant que l'on n'était pas prête à parler, on ne le faisait pas et on ne forçait pas l'autre à le faire. Cela m'allait très bien. Je n'avais pas vraiment envie de donner sur un plateau ma pire faiblesse à une esclave qui avait débarquée il y a quelques semaines. Mais quelle esclave...Cela dit son secret devait être aussi important que le mien si elle ne disait rien.Je réfléchissais les yeux toujours fermés quand j'entendais du bruit. Elle venait de tirer le rideau qui séparait nos deux chambres. Elle s'approchait doucement dans mon lit quand j'ouvris les yeux. Elle sursauta.
- Je...hum...désolée, je venais te réveiller. Ce soir a lieu la fête du royaume, je suis réquisitionnée comme tous les esclaves pour préparer l'arrivée, le gîte et le couvert des ambassadeurs.
- Oh merci beaucoup, j'avais un peu occulté cet événement. Tu peux y aller dès que tu es prête. Par contre, je te demanderai de me rejoindre ici vers seize heure, j'aurai besoin de toi pour me préparer.
- Quatre heure avant !!? Oups pardon, oui bien sûr je serai là.
J'aimais tellement son franc-parlé.
- Ne t'excuse pas. Tu as raison c'est un peu long quatre heure, mais après tout ne suis-je pas la princesse chérie de ce magnifique et aimant royaume ? Je ne vais pas avoir besoin de tout ce temps mais si je peux passer pour une fille intéressée par son physique pour sauver l'après-midi de mon esclave préférée, je peux le faire.
Je lui fis un clin d'oeil, elle parut gênée.
- Et puis, il faut bien que je me prépare psychologiquement à revoir mon prince si charmant qui m'est promis. Et ça, ca va me prendre du temps. Enfin, sans rire, il faut que je m'habille.Toute la journée je dûs régler les problèmes de conflits militaires avec les pays voisins. En même temps, je pensais fortement à la fête de ce soir. Je détestais ce genre d'évènement où la plupart des courtisans venaient par obligation et non par envie. Ils devaient montrer leur présence pour soutenir les dirigeants devant les ambassadeurs des autres pays, des princes et des rois qui étaient invités. Alors la plupart choisissaient l'hypocrisie pour survivre. Mais ils ne la jouaient pas comme moi, ils la vivaient. Je l'utilisais comme arme contre ceux contre qui je me battais, ils la prenaient comme nouveau train de vie.
Je pensais à Clarke. Clarke qui devait travailler de force toute la journée pour servir des gens égocentriques et irrespectueux qui malheureusement dirigeaient des pays. Des pays amis ou ennemis. Qui pouvaient à tout moment attaquer le nôtre.Clarke :
En général, le travail ne me dérangeait pas. Mais lorsqu'un homme trentenaire criait sur tout le monde, tout le temps, en menaçant les esclaves trop lent de son fouet, là, ça me dérangeait un peu plus. En plus, je n'y connaissais rien en décoration. J'avais l'impression que l'on demandait à un pingouin de jouet de la flûte traversière. Et j'étais le pingouin... Un pingouin voilé certes mais un pingouin quand même. Ou un éléphant dans un magasin de porcelaine si ça vous aide à visualiser. Bon, il ne me restait plus qu'à choisir entre un petit animal trop mignon qui passe sa vie à faire du toboggan sur la banquise mais qui se fait facilement dévorer par les orques et qui n'a pas de main, ou un énorme bestiau trop gentil mais avec le risque d'avoir des oreilles tellement grandes que je marche dessus. Et ça devait faire mal. Cette réflexion m'occupa toute la matinée. Et elle était longue pourtant. Comme quoi le choix n'était pas si simple. Puis je me fis la remarque que si j'avais été un éléphant j'aurais pu écraser le garde-esclave d'une seule patte. Ça aurait beaucoup simplifié ma journée. Donc le temps de quelques heures, ma décision fut prise. Être un éléphant m'aurait été bénéfique.
Perdue dans mes réflexions ô combien philosophiques, je ne vis pas le temps passer. L'agencement de la salle de réception se fit lentement. La salle était immense et la décoration perfectionnée à la fleur près. Je ne me sentais pas bien dans ce genre de pièce. Tout était trop édulcoré, trop impersonnel, trop rangé. Malgré les couleurs, la pièce semblait blanche, de ce blanc trop éclatant, trop parfait. C'était une vitrine. De pouvoir. D'argent. Je détestais ce sentiment d'appartenance que dégageait cette pièce. C'était une prison, dorée certes, et pour la première fois depuis que j'étais entrée dans le château, je me sentis prisonnière. Prisonnière d'un système, d'une politique et surtout d'un peuple duquel je ne faisais pas partie. La différence physique était-elle un symbole d'une différence psychologique ou était-ce seulement une illusion ?
Je me sentis mal. Je regardais l'écran royal au mur et je vis qu'il était l'heure d'aller retrouver Lexa. Enfin.
VOUS LISEZ
You're my evidence of love's existence (FanFiction)
FanfictionUn autre univers, une autre histoire. Une histoire de prince charmant avec une Commandante à la place du prince et pas vraiment le côté charmant... Injustement, Clarke se retrouve esclave de la Commandante tandis que la couleur de ses yeux et de ses...