33. TAKE ME TO CHURCH(1)

84 8 9
                                    

J'aimais parfois m'asseoir dans le sable de la plage

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

J'aimais parfois m'asseoir dans le sable de la plage. J'aimais regarder l'écume blanche mousser dans la pénombre de la soirée grisonnante, un bouquin à main. Le grand air avait toujours stimulé mon cerveau, et ma compréhension ne pouvait en être que meilleure. Assis à la califourchon devant l'immense océan couleur d'encre, je laissais mon esprit divaguer et se perdre sans rien pouvoir y faire.

Il commençait à se faire tard et je n'avais pas évolué autant que je le voulais avec ce roman Shining de Stephen King. Un vent frais commença à se lever, et je soupirai d'exaspération en jetant un énième coup d'œil a ma nouvelle montre. Putain, je detestais le retard ! je m'emparai du papier froissé dans ma poche et relus une énième fois le mot inscrit en stylo bleu.

Rdv sur la plage, à 18 h

La signature en double M au Sud-Est de la feuille ne laissait aucun doute. C'était une invitation de Mérédith, l'étoile de mer de Cannon Beach. Ce matin, en ouvrant les yeux, j'avais découvert ce petit mot glissé sous le pas de ma porte. Un frisson d'excitation m'avait immédiatement traversé l'échine, et un sursaut d'appréhension m'avait animé.

Je repensai à notre premier baiser. Ce n'était qu'un geste, un infime moment où nous avions laissé tomber nos barrières pour s'adonner au plaisir interdit et inédit de la chair. Mais c'était certainement là, le geste qui avait scellé à jamais mon contrat avec elle. Je resserai l'écharpe de laine grise autour de mon cou et m'allumai une cigarette.

Alors que la fumée s'infiltrait en moi, l'image de la brune s'estompa, se modifia immédiatement en un autre visage, un visage que je faisais tout pour oublier mais putain d'en vain. Je commençai à en avoir marre. Bordel, j'étais déjà addict aux stups, s'il fallait en plus encore l'ajouter à la liste...

À travers mon jean, j'appuyai instinctivement sur la longue raie rosée qui me traversait ma cuisse gauche. J'accueillis la douleur avec satisfaction et fermai les yeux un instant. Putain, pourquoi avait-il fallu que je le rencontre ! Cette époque avait à jamais marqué ma vie :

Allen...

Flashback, trois ans plus tôt...

Putain, Allen attend moi ! hurlai-je, la pluie dru m'écorchant le visage, l'eau ruisselant toujours sur et entre mes vêtements déjà trempés, et ma vue brouillée par le vent frais et l'eau céleste.

Lâche-moi, Adam ! J'en ai eu ma claque ! Sa voix grave d'adolescent me parvint lointaine à l'ouïe, mêlée dans le souffle râleur du vent et le grondement incessant du tonnerre. Par moments, des éclairs lumineux fendaient la nuit noire, illuminant sa silhouette sombre devant moi.

Je suis désolé, Allen ! implorai-je, ma voix me parvenant étrangement aiguë. C'est...c'est d'accord, j'insiste plus !

C'est trop tard, Adam ! J'accélerai encore ma course, trébuchai sur une racine rampante hors de terre, me relevai sans peine et finis par le rattraper, alors qu'il avait presque dépassé le parc d'Ecola. Je lui attrapai le bras et il me fit face.

Ses traits étaient déformés par la fureur. Des larmes se mêlant a la pluie avaient rougi ses yeux noisettes. Son enceinte de flic brillait fortement, contrastant avec sa tenue de travail noire. Il se dégagea de ma poigne d'un geste brusque, mes ongles lui écorchant la peau au passage.

Je suis...je suis désolé...j'aurais pas dû insister, Allen... il ne me laissa pas terminer ma phrase, qu'il plongea ses lèvres sur les miennes. Ses baisers étaient toujours autant violents, autant passionnels, autant agressifs et pourtant si bons ! Nos dents s'entrechoquèrent, alors que je soupirai dans sa bouche.

Il me tint le visage de ses deux mains, sa langue s'insinua en moi, fouillant frénétiquement ma cavité buccale. Je lui rendis son baiser, me laissant fiévreusement dominer par lui, imposant de par sa taille de géant et sa force incroyable. La pluie ne nous épargna pas, continuant de se déverser sur nous, seul témoin de notre baiser dans cette forêt sombre.

Sa casquette de policier flottait sur les herbes boueuses. Ses cheveux marrons avaient perdu de leur volume, et collaient à présent comme une deuxième peau sur son front. Je sentis une douce chaleur naître dans mon aine, lorsqu'il me poussa sur un tronc d'arbre rugueux et s'appuya contre moi.

La foudre pourrait...bafouillai-je, quand il libéra ma bouche pour se venger sur mon cou offert à lui. La foudre pourrait nous frapper...

La foudre m'a déjà frappé ! répondit-il, respirant bruyamment. Elle m'a déjà frappé et ne frappe jamais deux fois au même endroit !

D'un coup sec, il tira sur la fermeture éclair de mon blouson orangé, qui s'ouvrit sur mon torse encore peu développé, comme pouvait l'être celui d'un garçon de dix-huit ans qui détestait le sport. Je fermai les yeux, laissant la pluie baigner ouvertement cette partie de mon corps qu'elle avait épargnée jusqu'ici.

Allen... pourquoi... il m'arracha un soupir en mordillant sur mon téton, pourquoi fais-tu ça ? Tu refuses de coucher avec moi, pourquoi m'attises-tu autant ? Sa main s'aventura lentement sur mon torse, réveillant les petites fourmis qui sommeillaient en moi. Je sentis ma verge devenir raide, animée de temps à autres de soubresauts.

∅∅∅

PUBLICATION TOUS LES JOURS

The Call Of The Depths (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant