Un meurtre ou deux

Danger Imminent

____Morgane venait de sortir du métro, le froid mordant la saisit jusqu'aux os. Hâtivement, elle referma les pans de son manteau autour d'elle et attrapa la fermeture éclaire. D'un geste maladroit, ses doigts engourdis unifièrent le tout. La femme enfonça ses mains dans ses poches et son nez dans son écharpe "Quelle idée d'oublier son bonnet le jour le plus froid de la semaine !" Se sermonna t-elle intérieurement. Elle pressa le pas, ses talons firent claquer le pavé et à plusieurs reprises elle se tordit la cheville. La jeune trentenaire avait une bonne nouvelle à annoncer à son conjoint. Plus vite elle serait rentrée et plus vite elle pourrait l'appeler. La femme se mordit la lèvre inférieure. Elle n'avait pas pu s'empêcher de le dire à ses collègues et elle s'en voulait à présent. Il aurait dû être le premier au courant et il l'engueulerait sûrement.
____Morgane avait déjà fait une bonne distance quand elle remarqua l"homme qui marchait derrière elle. C'était le même qui, quelques minutes plus tôt, l'avait dévisagée dans le métro. Les battements de son cœur s'accélèrent. "Qu'est ce qu'il me veut celui là ? Pourquoi me suit-il ?" Elle s'agrippa un peu plus à son sac et allongea le pas. Elle devait tourner à droite dans la prochaine intersection puis traverser une ruelle de maison mal éclairée. S'il avait l'intention de l'agresser, c'est surement le lieu qu'il choisirait. "Arrête de te faire des idées ! Il doit rentrer chez lui et on prend le même chemin. Tu es vraiment parano !" Malgré ses bonnes paroles, elle ne pouvait s'empêcher de jeter des regards vifs en arrière. "S'il tourne à droite à la prochaine, je pourrais vraiment m'inquiéter, en attendant pas de panique."
____Morgane arriva devant le moment fatidique. Elle pouvait continuer dans sa paranoïa et aller tout droit, continuer sur le chemin en pleine lumière mais faire un détour important ou bien elle prendre à droite et rejoindre le confort de son lit dans 5 minutes. Après une seconde d'hésitation, elle prit à droite. Elle avait réussi à se rassurer. "Si jamais il tente quoi que ce soit, j'attrape mon sac et crie, les maisons autour devraient se réveiller et me prêter main forte. Il pourrait même être effrayé et s'enfuir."
Les lampadaires commencèrent à se faire de plus en plus rare. Les petites maisonnées de chaque côté de la rue semblaient paisible, aucunes lumières ne trahissaient la présence de leurs habitants. organe s'autorisa un petit coup d'oeil par dessus son épaule. Il était toujours là. Pire encore, il avait gagné du terrain et n'était plus qu'à quelques mètres. La femme se rappela soudain la présence de son couteau suisse. Elle plongea la main dans son sac et fouilla à travers son désordre. "Non c'est pas ça, un mouchoir, mon porte monnaie, ma carte, mon paquet de clop', mon porte monnaie... Merde, merde. MERDE ! Il est où putain !?" Ses gestes devinrent de plus en plus saccadés, ses membres s'étaient tous raidis, en attente de l'action à venir. Enfin, le contact froid de son couteau la soulagea. Elle était prête, elle l'attendait.
____Déjà, ils avaient quittés la ruelle et rien ne s'était passé. Elle prit à gauche, il l'a suivait toujours "Jusqu'où ce malade va t il me suivre ?" Elle tourna à droite et arriva devant son immeuble. Horreur, la masse était toujours derrière elle. "Dès que je rentre je préviens la police !".
____Morgane ouvrit la porte de son immeuble avec son badge et attendit que la porte se referme. Enfin en sécurité ! La femme se dirigea vers l'ascenseur et attendit qu'il arrive avant de monter dedans. Elle aquisionnait le bouton numéro quatre quand elle entendit la porte de l'immeuble s'ouvrir. Prise de panique, elle appuya frénétiquement sur le bouton de l'ascenseur afin qu'il referme sur elle sa protection.


____" Attendez !"

____Trop tard, un bras se faufila entre les portes qui se rouvrirent. Morgane pesta contre ce maudit ascenseur trop lent. Elle reconnut de suite son harceleur et s'aggrippa de nouveau à son arme. Doucement, elle découvrait la lame.

____" Quel étage ?" Demanda t-elle
____" Le même que vous !" Lança t-il d'un sourir, après avoir regardé le panneau de commande.

____"L'enfoiré, ce dit-elle, il ne cache même pas sa joie de m'avoir suivit jusqu'ici. A tous les coups, il veut m'agresser chez moi. Forcément, niveau témoin il n'y aura que nous et après il pourra prendre tout ce qu'il veut." Le temps s'étira. Elle le regardait du coin de l'oeil, en train de se frotter les mains. "Il n'est pas question que j'ouvre ma porte avant qu'il ne soit parti. S'il le faut je réveille les voisins. Marlène est toujours chez elle et Davis lui cassera bien volontiers les dents."
____L'ascenseur s'immobilisa. La crainte avait laissé place à la détermination dans le coeur de Morgane. Maintenant, elle n'attendait plus que l'inévitable. L'homme sorti en premier et retient la porte afin de laisser sortir sa victime. Il lui sourit une dernière fois avant de s'approcher d'elle. Il était à présent tout près. Elle se préparait à crier, le poing serré sur son couteau. Le temps se figea. Elle retenait son souffle et lui, continuait son chemin.
____Il la dépassa, et ouvrit la porte du 42. Là où habitait Marlène. Dans l'incompréhension totale, Morgane se retourna pour voir ce père de famille rentrer chez lui en lançant :

____" Chérie, je suis rentré."

____Une petite voix répondit à l'appel :

____" PAPA !"

____Et la porte se referma. A cet instant, Morgane se sentit vraiment idiote. Elle n'avait rencontré jamais vue l'époux de Marlène, maintenant, les présentations étaient faites. Elle fit pivoter la poignée de son appartement, les larmes aux yeux, la tension retombait. Comme à son habitude, elle déposa son sac et son manteau avant d'enlever ses chaussures. Elle n'allumait jamais la lumière avant d'aller dans sa chambre, après tout il n'y a pas de petites économies. Elle ferma à clé derrière elle, sans le souvenir de l'avoir ouverte.