Les Maudits

*3*

La nuit était froide. Derrière sa fenêtre, l'orage tonnait. Son stylo grattait le papier. Sa tête en ébullition. Seule sa quête importait. Le mal de crâne devenait son meilleur et son seul ami. Les heures passaient, le train au dessus de chez lui aussi. Les vibrations provoquaient des pannes de courant que trop souvent, il ne s'éclairait donc plus qu'à la bougie. Il atteindra bientôt son but, rien ne l'en empêchera.

En êtes vous réellement convaincus ?

Il dévoilera tout, toutes ses recherches, toutes ses preuves. Il deviendra riche.

Classique...

Il ne manque qu'une chose, une seule: le Talisman.

Ces humains... Tous les mêmes...

Il sortira enfin de ce taudis. Et il leur montrera, il leur montrera qu'il avait raison depuis le début ! Il leur montrera qu'il n'est pas un raté. Il leur marchera dessus.
Les bougies s'éteignent toute. Un coup de vent, la fenêtre est ouverte. La pluie ravage le bureau.

Oups !!

Son visage se décompose. Ses notes ! Il tente en vain de les sauver. L'encre bave et coulent, coulent ses larmes. Des années de travail et d'enfermement... Mais heureusement, il réussi à en préserver une partie et il n'y a que quelques feuilles de gravement touchées. Nous l'avons déjà dis... Rien ne l'en empêchera, pas même la météo. Il est plus fort que ça, plus malin.

Que tu crois, stupide créature.

Il verrouille la fenêtre. Sourire en coin. Soudain lui vient une idée: tout numériser. Moins de risques de perte. Encore une fois il gagne. Un rire est sur le point d'exploser.
Une voix sort de la pénombre.

"On ne t'a jamais appris qu'on ne gagne jamais contre le destin gamin ? Tu devrais lire Œdipe Roi..."

Le lendemain il était étendu par terre.

"... Dommage que tu n'aies plus de temps..."

Tout ce qu'on retrouva dans cette petite chambre: une carte, une seule, un joker rieur et espiègle.

Échec et Mat.

La police chercha longtemps le coupable mais rien, il ne restait rien. Le corps avait miraculeusement disparu et l'appartement presque vide. Affaire classée.

>>>>>>>>>§<<<<<<<<<

Son monde à lui s'était écroulé il y a bien longtemps. Son bonheur ? Disparu. Il n'avait plus aucune raison de vivre alors il metta fin à ses jours 3 fois. Il vivait de nouveau à chaque fois, laissant la marque de sa dernière mort sur son corps. Un trou sur la tempe, les bras cisaillés, le cou bleu, il avait tout essayé. S'il ne peut mourir, les gens heureux le devaient. Ils ne connaissaient pas le vrai bonheur, ils s'en donnaient une vague illusion et cela le repugnait.
Lui avait connu le bonheur. Il côtoyait  cette femme, à ses yeux une princesse aux cheveux de rubis et aux yeux d'émeraude. Promise à l'empereur ils ne pouvaient se montrer à tous. Il lui promettait liberté et voyages extraordinaires. À force de promesses il décida d'agir. Il alla voir le grand Chapman et lui demanda un grand pouvoir pour détrôner l'empereur et emporter sa douce. Celle avec qui il passait les plus beaux et plus doux moments de sa misérable vie. Le Chaman, clément ce jour là lui accorda sa faveur. Mais il y eu une close à ce contrat. Celui-ci devait lui céder son âme et lui permettre un accès permanent à sa plus profonde conscience. Aveuglé par l'amour, il dit "oui". Le pacte était scellé. Le regard du Chaman brillait. Notre jeune Éphèbe courut rejoindre sa belle Venus. Mais déjà celle-ci eut donné la clef de son jardin secret à l'empereur. Elle ne l'avait jamais aimé. Il découvrit sur sa peau nue une boussole sur le cœur et quelques marques. Elle lui sourit. C'était une Geisha. Elle prit sa forme originelle. Ses longs. Cheveux roux devinrent e courts cheveux blonds et sa bouche si fine et douce se contracta en une gueule monstrueuse digne de celle des loups du royaume du Nord.

"Mon prochain repas..."

Une voix d'outre tombe. L'empereur était mort dans ses bras. Il se dit alors que le pacte avec le Chaman ne servait plus, qu'il allait alors mourir. Mais dans sa conscience profonde vivait maintenant le sorcier. L'empereur n'était plus mais le pacte tenait toujours. Il y avait une nouvelle impératrice dans ce royaume. Il devait la détrôner. Ce monstre, cette Geisha. La tâche fut dure, il repensait aux doux moments passés. Mais il sentit un grand pouvoir monter en lui face au danger. Il ne se contrôlait plus. Ses yeux devinrent noir. Il pronnonca une incantation dans une langue inconnue mais ce n'était pas sa voix. Le Chaman agissait. Il s'éleva dans les airs et flamboya. Le palais prit totalement fzy entraînant ainsi un incendie total dans le royaume. On essaya bien de l'éteindre: sable, eau... Mais rien n'y fit. Ce n'était pas un feu normal. Il était vengeur et ravageur. Soudain lorsque la Geisha poussa son dernier souffle, le feu se stoppa. Plus aucune vie ne subsistait sur ses terres de cendre. Seul un homme effondré restait là agenouillé. Il voulut revoir le Chaman pour avoir des explications. Mais il avait périt dans les flammes. Tout ce qu'il trouva sur le tas de cendres, un jeu de cartes composé entièrement de Joker et un pistolet, intacts. Ce fut sa première tentative.

Il avait tout perdu, même son âme.

Le Chaman charnel avait périt, mais son esprit avait fusionné avec la conscience du jeune homme. Il pouvait user de son pouvoir à sa guise mais celui-ci étant trop puissant, il se mesurait. Au fur et à mesure de son existance, sans but, il commença à tuer pour le plaisir. Il n'avait plus de règles, c'était un électron libre. Mais des êtres symboliques, des antitées supérieures en décidèrent autrement. Ils l'engagèrent en quelques sortes. Le contrat était simple. Il serait logis, nourrit, blanchit seulement s'il éliminait les gens un peu trop curieux à leur sujet. Il accepta. Mais au fond de lui, il sentit que le Chaman semblait désapprouver. Tans pis, c'est son corps après tout. Les êtres supérieurs, comme il les appelait, le nourrissait d'une substance étrange. Une sorte d'essence magique. Au fond il s'en fichait pas mal, c'était déjà mieux que de mourir de faim, il en avait déjà fait l'expérience. Il exécutait les ordres docilement depuis des années. Il évoluait avec le temps, des siècles passaient sans qu'il ne s'en rende compte. Il ne chercha jamais à savoir pour qui il travaillait réellement et ne sut jamais si il avait des "collègues".
Peut-être qu'il avait finalement raison car les êtres connaissent son histoire, cela faisait longtemps, depuis le fameux pacte qu'ils le suivaient.
Et ils ne lui dirent jamais que maintenant il travaillait pour ses ennemis.

Il travaillait pour la protection de nos délicieuse Geishas...

~°~°~°~°~°~°~°~°~°~°~°~°~°~°~°~°~°~°~

E🌸