Le commencement

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14.01.20
Cher journal,

Voilà plus d'un mois que la pointe de mon stylo n'a pas effleuré ces pages. Pourtant je t'avais promis un suivi quasi quotidien de mes aventures au sein de cette forteresse dans laquelle je suis prise au piège depuis trop de temps. Hélas, ici il n'y avait jamais eu autant de mouvement que ces dernières semaines. Si j'avais omis de te le dire, Valentin est mort. Ce fut pour moi un soulagement immédiat suivi d'une immense souffrance. Bien sûr, la mort de Valentin ne m'attristait sous aucuns angles mais les conséquences de sa mort sur moi n'étaient que souffrance et désespoir. 

Les habitants de la forteresse me blâmait pour sa mort (non sans motifs) et me torturait sans cesse. Un coup il retournait ma propre magie contre moi, un coup ils me battaient tellement que si j'étais mortelle, j'aurais déjà passé l'arme à gauche. Mais ça je le supportait. Le pire, je pense que c'était les souffrances morales. Un frère silencieux, rattaché au cercle me passait sans cesse en boucle dans ma tête un film monté de toute pièce sur la mort de mon frère, de mon grand amour et de mes amis.

Aujourd'hui, je suis plus tranquille. Les fidèles de Valentin ont désertés la forteresse pour défendre "leur cause" auprès de l'enclave en manifestant au sein d'Idris, sur la place de l'ange. Certains seront emportés à la garde, d'autre, seront tués par la bataille et enfin un petit groupe de féroces rentreront sains et saufs. Et personne n'aura appris l'existence de cette forteresse et mes tortures incessantes recommenceront.

Enfin, je profite de ce cours moment de répit pour te conter une pièce du puzzle qui me semble la plus importante: le commencement. Je veux que dans ce journal cet événement soit conté  car si un jour ils me tuent, je veux que la personne qui tombera sur ce journal connaisse mon histoire dans les moindres détails.

Il était une fois, si je puis dire, il y a 40 ans, j'étais paisible. C'était un mercredi soir, d'apparence ordinaire. Comme chaque mercredi soir, je rentrais d'une longue journée de consultations de sorciers à travers le monde, comme chaque mercredi soir je rentrais chez moi épuisée. J'habitais avec mon frère jumeau, Magnus, comme nous l'avons toujours faitNous habitions à New York, dans un immeuble proche de central Park. Une barrière séparait le loft en deux afin que nous aillons chacun notre intimité mais nous ne pouvions pas nous empêcher de l'abaisser et de discuter comme deux jeunes sorciers de 100 ans, nous ressassions notre joyeux passé en évitant d'évoquer le pire.
Et comme chaque mercredi soir, Magnus m'avait préparé un bon pot au feu. Mais ce soir , toute notre vie à basculé.

Nous mangions tranquillement en riant comme des innocents. Magnus me questionnait sur ma journée et j'en faisait de même sur la sienne. A 22h00 tapantes, la sonnette retentit. Nous étions à la fois surpris et amusés : nous n'attendions personne mais une visite et un peu de compagnie nous apporterait encore plus de joie. C'est mon frère qui alla répondre. 

"Qui-est-ce ?" demanda-t-il avec de grands airs. Rien. Magnus retourna s'asseoir à la table avec indifférence. Il pensait que de toute évidence, on s'était trompé ou on leur avait fait une blague. Nous recommencions à parler lorsque la sonnette retentit de nouveau. Mais  plus fort et plus longtemps que la dernière fois. Cette fois-ci, je suis allé à la porte.

"Qui êtes-vous répondez !" La personne derrière la porte répondit enfin.

"Illona, c'est moi, Tessa ! Cela fait longtemps que l'on ne s'est pas vues toi et moi, puis-je entrer." Tessa est une puissante sorcière, et c'est aussi ma meilleure amie. Je la connais depuis que j'ai 80 ans. Sa notion du temps me semblait louche, nous nous étions vu deux semaines auparavant mais je la connaissait, et je savais qu'elle avait tendance à exagéré de temps à autre. 

DestinyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant