Quand il n'était encore qu'un enfant, Lars adorait jouer et partager de nouvelles expériences avec son meilleur ami Jean-Paul.
Des heures entières à rêver d'un monde fait de jouets, de pays lointains et d'innocence.
"L'enfance est un royaume où les adultes sont les monstres d'une histoire dont les protagonistes principaux, ces chers rejetons, façonnent à grand renfort d'imagination, les moindres scénettes."
L'amitié indéfectible qui animait leur relation ne connaissait aucune frontière. Ils se sentaient unis comme les doigts de la main, s'estimant au-dessus de ces adultes qui leur répétaient sans cesse le même refrain : « Ce n'est que pour un temps les copains ! »
Accompagné de Jean-Paul dans la grande majorité de ses escapades, ils poursuivaient ensemble des objectifs semblables et regardaient vers ces horizons parallèles où leurs destins s'entremêlaient. Il leur était impossible de voir cet amitié, ce lien si puissant qui les reliait l'un à l'autre, se dissoudre avec le temps, s'estomper avec les années.
Ils fréquentaient la même école depuis leur plus tendre enfance mais ils n'avaient jamais eu la joie de partager la même classe. Leurs mères entretenaient des relations de bon voisinage, se parlant chaque soir à la sortie de l'école ou se recevant à tour de rôle autour d'un café anisé afin de se raconter des anecdotes à notre sujet. Autant vous dire que, dans de telles circonstances, les secrets les mieux gardés volaient en éclats pendant ces discussions inévitables.
Lars ressentait depuis un certain temps, un sentiment étrange qu'il découvrait non sans craintes. A cette époque, il ne put nommer ce malaise qui s'agrippait à lui comme une tique à un veau. Souvent perturbé, fréquemment agacé, il évitait ses amis et en particulier, Jean-Paul. S'isoler lui semblait être devenu l'unique solution afin de les préserver. Il s'éloignait, ainsi, tant bien que mal, de cette pulsion soudaine qui surgissait de nulle part, une sensation désagréable qui s'amplifiait chaque jour.
Parmi les nombreux souvenirs qui se bousculent, celui-ci se rappelle régulièrement à lui, martelant dans un rythme croissant ses portraits, ses ombres et ses lumières d'un après-midi de juillet où le soleil dorait les champs de maïs qui encerclaient la maison de Jean-Paul. Une de ces journées que nos deux compères appréciaient particulièrement de par la saveur d'interdit qu'elle dégageait.
L'histoire qui va suivre est un secret. De ceux qui traversent les mois pour mieux se terrer, parcourent les années pour fuir et se faire oublier.