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« Ce mariage qui unit nos deux familles pourrait être l'aube de ma propre rédemption...ou le début de ma perte. »
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Point de Vue : Alejandra
Mexico City.
Une chaleur écrasante. Une salle de réunion obscure, surélevée, où le silence pèse plus lourd que l'or qui tapisse les murs.
C'était ma première sortie depuis presque quatre ans. Quatre longues années sans mettre un pied dehors, sans respirer l'air du monde extérieur. Et voilà qu'il m'obligeait à assister à cette réunion. Pas une réunion, non... une mise en scène qu'il tenait tant à orchestrer.
Celle qui allait sceller mon destin pour de bon.
Me voilà, assise sur une chaise, droite, dans une pièce totalement sombre. Aucun bruit, aucun regard. Juste le silence. Épais. Implacable.
Et tout ce qu'on attend de moi, est un mot : oui.
Un consentement de ma part qui ne voulais absolument rien signifier mais qui devait être symbolique pour ce qui allait s'ensuivre après ce "oui", car de toute façon que je réponde oui ou non ca n'allait rien changer à la situation.
Le contrat était déjà signé par les deux patriarches ici présent. Mon père, Osvaldo Ortega. Et Roberto Mancini, mon futur beau-père.
Ma présence ici même était seulement une mascarade.
Un accord ficelé dans leur intérêt exclusif avec des conditions et des accords qui les arrangeaient seulement tous les deux. : l'un gagne une fortune et des actions en bourse, l'autre, une protection sans limites. En jeu : des milliards. Et moi ? Rien. Je suis le prix à payer.
On ne me laissait nullement le choix, en faite je n'ai jamais eu mon mot à dire dans chaque décision que prenait mon père. Jamais. j'aurais beau me rebeller à chaque fois, mon père avait sa façon bien à lui de me contrôler en maîtrisant l'art des ultimatums. Pour lui, tout se résume à ça : choisir notre famille ou mon "égoïsme".
Il ne cessait de me faire prendre des décisions en voulant soit disant faire passer la famille avant tout, ce père qui oublié souvent que je faisais moi aussi parti de cette propre famille. Jusqu'au jour où il a besoin de moi.
Comme aujourd'hui.
Alors je le soutiens son regard empli d'hostilité, froid à mon égard.
Et je parle.
— Oui, j'accepte. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger notre famille... même si cela signifie épouser votre fils, Dante Leonardo Mancini. Car en échange de ce mariage, vous nous avez promis la sécurité face à nos ennemis extérieurs. Alors, père...
Je me m'accorde un moment de silence. Ma gorge se serre. Je ravale le haut-le-cœur qui monte, car les apparences doivent être sauvées.
— ... peux-tu m'accorder ta bénédiction ?
Je me lève. Le dos droit. Les mains rentrées dans ma robe sobre, presque religieuse. Je plonge mon regard dans le sien.
Mon père.
Osvaldo Ortega. Un homme sans scrupule qui a fait de moi son pion dans son échiquier. Il voulait une protection ? Il l'a eue. En échange, il m'a une fois de plus vendue. Car dans son monde empli de meurtre et de drogue une protection totale n'était jamais gratuite. Et j'ai accepté.
Alors il m'a encore une fois utilisé comme monnaie d'échange et j'ai accepté. Comme toujours, comme à chaque fois...
Parce qu'il avait ce pouvoir sur moi, même si j'étais sa propre fille aîné, il pouvait m'anéantir à cause de ce lourd secret que nous avons en commun. Notre secret maudit. Celui qui pourrait tout changer s'il venait à être révélé à notre famille et que je voudrais que personne ne le découvre ni aujourd'hui ni demain...jamais. Ce secret que je ne laisserai jamais atteindre mon frère, ni ma sœur. Leur image de notre famille doit rester intacte, même si elle est bâtie sur du sang et du mensonge.
Alors j'endosse ce rôle. Le mauvais rôle. Le rôle du monstre. Et d'accepter à contre cœur d'être le pion de celui qui n'avait aucun scrupule à me vendre, car je prenais el risque de refuser, il se tournera vers eux : mon frère ou bien même ma petite sœur qui venait à peine d'atteindre la majorité.
Et ça... il sait très bien, que jamais je ne le permettrai et le laisserai touché à un de leur cheveux pour m'atteindre personnellement.
Mon père se lève. Le père de mon futur mari aussi. Ils échangent une poignée de main ferme, viril avec un rictus au lèvre. Sûre d'eux. Il venait enfin de conclure ce pacte.
— Bienvenue dans la famille, Osvaldo Ortega. — Bienvenue dans la famille, Roberto Mancini.
Sans le quitter des yeux, il s'approcha de moi. Son visage à présent refermé, figé dans cette expression neutre à laquelle j'avais constamment droit depuis des années. Mais j'étais certaine de lui renvoyer exactement la même chose.
Nous étions faits de pierre, lui et moi. À la différence près que moi, je pouvais encaisser. N'importe quoi. Les épreuves, qu'elles soient écrasantes ou dérisoires, je les traversais sans broncher.
Il le savait...
Ce qu'il venait de m'imposer n'était rien comparé à ce que j'avais déjà subi par le passé.
... et il s'en moquait des conséquences.
Il rajoutait juste une couche de plus, convaincu que je ne le trahirais jamais, car il connaissait ma loyauté sans limite vis à vis de cette famille.
J'ai presque envie de rire quand je vois ce géniteur en face de moi.
Il a suffi que cet homme — Roberto Mancini — mon beau-père, lui demande une garantie, une monnaie d'échange, pour qu'il soit saisie d'angoisse et qu'il me pointe du doigt sans remords afin que je sois cet monnaie d'échange.
Il m'a vendue sans honte et avec fierté, un homme tel que lui ne méritait pas qu'on lui porte de l'attention ni qu'on lui donne de l'amour.
Et pourtant, malgré tout ça... j'espérais encore. J'espérant de tout mon être. Qu'il change. Qu'il comprenne. Qu'il me voie, moi, sa fille.
Qu'il puisse me comprendre et faire preuve d'un peu voir un minimum de sympathie à mon égard, je ne lui demande pas la lune ni qu'il m'aime ou me respecte. Juste...une once de reconnaissance, pour tous ce que j'avais fait pour lui et notre famille, et que je continuerai à faire jusqu'à ma mort.
Il me fixa un instant, puis parla.
— Alejandra Sintia-Marie Ortega, tu as ma bénédiction pour te marier avec Dante Leonardo Mancini.
Je suis étonné de moi même après tout ce temps, d'avoir espéré à ce moment là qu'il me nomme autrement que par mon prénom complet, qu'il m'appelle autrement, qu'il dise «ma fille».
Mais, ça fait bien des années depuis mon enfance, que je n'avais plus droit à ce titre depuis ce drame, qui à tout à changé entre nous, de notre relation père-fille.
Je n'étais plus sa fille. Juste une étrangère utile à ses yeux
Et lui... il n'était que mon père.
— Merci, père.
A ces mots, je suis parti de ce bureau lugubre sans un regard pour quiconque.
Je me suis retournée, sans un regard pour quiconque dans cette pièce lugubre en silence et j'ai quitté ce bureau.
J'avais moi aussi arrêté de l'appeler "papa", depuis ce soir-là.