Chapitre 1. 2- La rencontre

21 4 0
                                    

-Fais gaffe Louise, le nouveau il fait que de te fixer, chuchota Stéphanie le plus discrètement possible à sa voisine
-Lequel ? demanda-t-elle beaucoup moins discrètement
-Ben, le plus beau gosse des deux, évidemment
-Merci, mais me donner une caractéristique physique d'une personne, ça m'aide pas beaucoup...gloussa-t-elle
-C'est vrai que t'es aveugle, toi. Mais je te jure que ça paraît tellement évident. Fabio ressemble à un dieu vivant alors que Eliot, je crois qu'il s'appelle comme ça, il a plutôt une tête de vampire végétarien constipé, mais pas le genre de vampire comme Edwards, plus comme Dracula mais en un peu plus jeune, en plus il fait que dormir...
-Donc c'est Fabio qui me regarde, la coupa-t-elle avant qu'elle ne parte dans un monologue interminable
-Oui, d'ailleurs t'es ultra chanceuse. Tu devrais aller lui parler après, conseilla Stéphanie
-Ne t'imagines pas des scénarios impossibles, il doit sûrement me regarder parce qu'il essaie de deviner si je suis aveugle ou pas. Ça m'arrive souvent, j'ai l'habitude.
- Il vient de le refaire. Et il sait très bien que t'es aveugle, le prof a eu la délicatesse de le dire devant tout le monde le premier jour au moment des présentations. Il doit te regarder pour une autre raison, dit-elle tout en lançant un clin d'oeil à Louise qui, bien entendu, ne le vit pas.

Elle aussi espérait que Fabio la regardait pour "une autre raison" mais, elle, comme Stéphanie, était loin d'avoir deviné...

* * * * * * * * * * * * * *

Effectivement, Fabio jetait de fréquents coups d'oeil à Louise de son beau regard bleu électrique qui semble vous transpercer. Elle ne s'imaginait rien de particuliers ; elle était nouvelle, avec un visage d'une gamine de 12 ans, et en plus de ça elle était aveugle. Une idée lui traversa l'esprit qu'elle réfuta immédiatement. Non, il ne pouvait pas s'agir de ça, c'était impossible, personne n'était au courant.
Louise pensait à ça tout en attendant seule pour une durée indéterminée son père la ramenant qui avait un réel problème avec la ponctualité. Stéphanie était partie pour prendre son bus. Enfin, en réalité, il serait plus juste de dire que Louise avait dû pousser Stéphanie jusqu'à son bus pour éviter qu'elle ne le rate car elle ne voulait pas la laisser seule.

Bref, nous y voilà enfin : Louise, exaspéré par son père, attendant seule devant le lycée vide depuis déjà 20 bonnes minutes. Puis soudain, une voix lui chuchota à l'oreille : " Entre nous, avoue, t'es pas aveugle, hein ?". Louise eut un sursaut de surprise non - dissimulé.

Elle ne croyait pas particulièrement au mythe du super - pouvoir appartenant aux aveugles, leur permettant de percevoir les présences et de les différencier,en développant leurs 4 sens, en particuliers l'ouïe, pour compenser l'absence de la vue un peu comme Daredevile. Cependant elle savait qu'elle aurait entendu la présence d'une personne, surtout dans un lieu vide et silencieux. Pas besoin d'être aveugle pour ça !

-Mais qu'est-ce que tu fais là ? Ça fait combien de temps que t'es à côté de moi ? Et t'es qui d'abord ? enchaina-t - elle en essayant de calmer son rythme cardiaque effréné.
-Je voulais pas te faire peur, je suis vraiment désolé, s'excusa la voix suave et chaleureuse avec de réelles notes de remords
- Fabio, c'est ça ? devina Louise une fois qu'elle se fut calmée et qu'elle eut repris son souffle. Tu m'as vraiment fais peur.
-Donc ?
-Donc quoi ?
- Est-ce que j'ai raison ? Ou est-ce que tu es vraiment aveugle ?
-Mais de quoi tu parles ? Bien sûr que oui je suis aveugle ! Tu crois sérieusement que je porte ces lunettes et cette canne pour m'amuser !
Elle avait dit cela avec une voix pleine de colère, mais quelque chose sonnait faux, on avait l'impression qu'elle était ... déstabilisée.

- Ça sert à rien de me mentir Louise, je le remarque très facilement, répondit -il calmement. Allez, dis moi la vérité, t'as toi aussi un petit truc qui te rend différente des autres ? Je me trompe ?

Un silence gênant s'installa entre eux deux, avant d'être brisé par la petite voix de Louise après de longues secondes.

- Mais comment t'es au courant de ça toi ? chuchota -t-elle prise de panique.

Tout le monde est unique, mais certains plus que d'autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant