L'automne venait de commencer. Les filles portaient encore des shorts dévoilant leurs jambes dénudées et les garçons comparaient leurs bronzages. Il faisait encore beaucoup trop chaud et se balader dehors avec ce soleil n'était pas agréable. Tous les vêtements se trouvant dans ma valise n'avaient que très peu de tissu et l'ice tea que je venais d'acheter était déjà tiède. Je n'étais pas rassurée à l'idée de vivre seule pendant toute une année mais mes parents avaient insisté pour que j'ai mon propre appartement en arrivant à la fac.
Ce jour-là, j'avais mis plus d'une heure à faire le trajet de la gare à mon nouveau studio. Les gens me regardaient avec insistance dans la rue. Il faut dire que j'étais belle à voir avec mon énorme chignon et mes lunettes de soleil sur la tête, mon short casi-inexistant à cause de mon t-shirt trois fois trop grand et mes grosses bottes à talons noirs. Rajoutons à cela ma valise, mon énorme sac sur les épaules et le GPS activé sur mon téléphone et j'étais vu comme la parfaite petite touriste, ou une tortue à la pointe de la mode vu la grosseur du sac que j'avais dans le dos.
J'avais lâché mon plus beau soupir de contentement en arrivant chez moi. Cette ville était nouvelle pour moi et je ne connaissais personne alors j'ai passé ma première soirée seule à ranger mes affaires et à terminer la saison 6 de The Walking Dead. Je me souviens même avoir commandé Uber Eat ce soir-là, beaucoup trop épuisée pour faire un aller-retour jusqu'au supermarché le plus proche.
Si tu veux vraiment tous les détails, je peux te dire que le lendemain je n'ai pas fait grand-chose à part quelques courses et aller chercher mon emploi du temps pour la rentrée. J'ai aussi fait un tour rapide du campus à pied mais je me suis vite sentie perdue face à la grandeur du complexe universitaire et ai fait demi-tour pour retourner chez moi. J'ai essayé de t'appeler, je voulais simplement te dire que j'étais bien installée et que tout allait bien, mais tu n'as pas décroché. J'ai commencé à me sentir affreusement seule.
Toute la semaine qui a suivi, j'ai simplement essayé de prendre mes marques en me baladant un peu en ville. Il y avait un fleuve à quelques centaines de mètres de mon immeuble, j'allais y courir tous les soirs après dix-huit heures, quand la chaleur devenait plus supportable. Que ce soit dans le tram ou dans la rue, j'avais eu droit à des sourires et mêmes quelques clin d'œil de la part des hommes, mais personne n'est venu à ma rencontre de toute la semaine. Tu ne répondais à aucun de mes messages et j'avais Netflix pour seule compagnie.
[...]
Lundi matin. Dans ma famille, mes parents avaient pour habitude de nous faire le petit déjeuner tous les ans le jour de la rentrée, une habitude que nous apprécions beaucoup mon frère est moi. Mais ce matin-là, quand j'ai ouvert les yeux un peu après six heures, il n'y avait personne. La musique a toujours été la chose la plus efficace pour me donner le sourire et me mettre de bonne humeur pendant mes coups de mou. Ça ne t'étonnera donc pas si je te dis qu'enclencher ma playlist sur Spotify a été la première chose que j'ai fais en sortant du lit. Mon studio était petit, moins de 20m². Je n'avais que quelques pas à faire pour me rendre dans la salle de bain. Une fois à l'intérieur, j'ai pris le temps de bien me maquiller et ai ensuite mis plus de trente minutes pour choisir ma tenue. Tu me connais, je réfléchis toujours trop. Je ne voulais pas en faire trop, j'allais en cours et pas à un défilé de mode. J'avais donc opter pour un jean déchiré moulant à la perfection mes jambes et un t-shirt ample du groupe Guns n' Roses. J'avais mis mes grosses bottes à talons bordeaux, tu t'en souviens ? Tu me les avais acheté quelques mois avant mon départ parce que Théo venait de me quitter. Tu répétais tout le temps que le shopping est le remède à toutes les blessures mentales.
En sortant de chez moi, je me suis retrouvée nez à nez avec mon voisin d'en face. Il devait faire une ou deux têtes de plus que moi. De longs cheveux bruns qu'il n'avait visiblement pas prit la peine de coiffer, quelques mèches tombaient sur ses yeux. Il avait d'ailleurs des yeux bridés d'un noir profond, son regard en était presque apeurant. Je continuais mon observation en allant un peu plus bas. Des bras musclés et un t-shirt kaki dévoilant son corps sculpté à la perfection. Jean noir, baskets noirs, sac de sport kaki au bout de sa main droite. Simple mais efficace, comme moi. Je souris bêtement à cette pensée.
- Humm, je suis Kevin, enchantée !
Je sortie de ma trans et relevait mon regard. Le jeune homme en face de moi se grattait le dessus de la tête nerveusement avec un regard gêné. Je venais vraiment de le fixer plus de deux minutes sans bouger ni parler comme une psychopathe ? C'est pas comme ça que je vais réussir à ma faire des amis.
- Kelly, enchantée ! alors tu étudie à la fac toi aussi ?
Quelle gourde je suis. Bien sûr qu'il étudie à la fac, on vit dans des logements universitaires ! Je me sentais trop stupide pour soutenir son regard et lui tourna le dos pour appeler l'ascenseur, attendant sa réponse.
- Troisième année de STAPS ! Et toi, tu es nouvelle ?
- Oui, je commence ma licence de LEA anglais-portugais. J'espère vraiment que ça me plaira...
- Tu vas adorer la vie universitaire, les sorties sont généralement tous les jeudis soirs et ça sera surement ta meilleure occasion pour faire de nouvelles rencontres. A part ça, on est hyper bien situer : le complexe sportif du campus est à un arrêt de tram, il y a un petit supermarché deux rues plus loin et un énorme centre commercial à moins de quinze minutes en tram. Les gens sont cool ici, tu ne voudras bientôt plus partir.
Ses paroles m'ont beaucoup rassurées. En arrivant à la sortie de l'immeuble, il s'est retourné vers moi afin de me faire un léger signe de tête avant de partir en trottinant dans la direction opposée à la mienne.
[...]
Mon premier cours avait lieu en amphi. Une grande découverte pour moi, la salle était impressionnante et ça n'avait plus rien à voir avec des cours de lycéen. Nous étions au moins trois cent. Tu sais bien que je pense toujours à tout. Je m'étais installée en plein milieu de la pièce, ni trop loin ni trop près de mon futur professeur. Comme ça, une personne allait obligatoirement s'installer à côté de moi, non ? Pourtant, dix minutes plus tard, tous les étudiants étaient rentrés s'installer dans la salle et les deux places à côté de la mienne étaient restés vides. Je soupirais, la journée allait être très longue. Je sortais un stylo ainsi que mon bloc-note et commençais à me concentrer sur le petit homme chauve à lunette qui venait de prendre le micro pour se présenter.
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Walsh
RomanceJe viens de passer un an à entreprendre une vie qui n'était pas la mienne avec un homme qui n'en était pas un, laisse moi tout t'expliquer.