La nuit

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La ville s'offre à notre regard. 

Nous l'observons à travers les yeux d'une personne, ignorée par l'immensité de la foule, arpentant les rues illuminées par les lumières artificielles. 

Il est minuit moins une, malgré la nuit, depuis longtemps déjà tombée, le centre-ville est toujours animé. Il bruite. Des salary-men sortent de leurs bureaux et courent sur les passages piétons pour attraper les derniers trains de la journée pour rentrer retrouver leurs femmes et leurs familles, d'énormes boites de nuit sont encombrée de jeunes euphoriques, une berline noire, aux vitres teintées, roule rapidement sur une grande avenue, deux policiers font leur ronde nocturne sur un boulevard animé. 

Nous observons attentivement cette créature qu'est la ville, qui se modifie chaque soir, elle fonctionne de nouveau selon les principes qui lui sont propres. Révèle tous ses secrets. 

Dans quelques heures, le soleil se lèvera. Toutes les actions irréfléchies que feront les gens durant ce court lapse de temps qu'est la nuit seront oubliées. Les confidences faites sur l'oreiller, sous le coup de l'alcool. Effacés. 

Une nouvelle journée commencera. 

Dans cette immensité, les gens s'ignorent. Ne se jugent pas. Ils ne cherchent pas à vous comprendre, ils ne vous posent pas de questions. Toutes ces personnes ne veulent qu'une chose. Oublier leurs tracas du quotidien. Leurs vies morne. Ils veulent à tout prix se réinventer, ne serait-ce que pour un soir. Ils respirent le mensonge, et aiment ça. La délicieuse sensation de danger qu'ils éprouvent en se disant qu'ils pourraient à tout moment se faire prendre quand ils se font passer pour quelqu'un qu'ils ne sont pas. 

Ou peut que ce qui leur plaît ce n'est pas de mentir. Mais plutôt d'avoir le courage d'assumer ce qu'ils sont réellement. Quand le noirceur de la lune leur cache le visage, ils n'ont pas à revêtir ce maque qu'ils portent tous les jours pour plaire au plus de personnes possibles. Ils n'ont pas à afficher un faux sourire à leur affreux patron au crâne dégarni. Ils n'ont pas à refouler leur sexualité par peur du jugement des autres. Ils arrivent à porter les vêtements qui leur plaisent sans avoir à redouter le regard des gens. 

La nuit ont peut être qui l'on souhaite, ou simplement être qui l'on est. 

Mais dans quelques heures le rideau tombera, et tout redeviendra comme avant. 

Tout du moins jusqu'à nuit suivante. 

Maintenant notre regard se pose sur une jeune femme.

Elle est attablée dans ce restaurant populaire. Le Denny's. Elle a des traits fins, cachés derrière des lunette de vue à la fine monture, et de longs cheveux blond pleins d'épis. Elle porte un simple t-shirt et un jean bleu clair, comportant des trous au niveau  des genoux. Sur la table, est posée une vielle casquette des Red Sox, et sur la banquette se trouve une sac à dos qui semble être en fin de vie. Elle tient à la main un livre épais, dont le titre est invisible, car masqué par une jaquette. 

Elle semble absorbée par sa lecture, et ne porte aucune attention à l'agitation environnante. Elle tourne une nouvelle page, puis porte la main à la cigarette qui se trouve au bord de ses lèvres, exhale de la fumée, puis tapote sa cigarette au dessus du cendrier disposé à côté d'elle pour en faire tomber quelques cendres. Ensuite elle porte sa tasse de café à ses lèvres et avale une gorgée du liquide brun.

A en croire son jeune âge, elle doit encore vivre chez ses parents. Elle ne semble pas avoir de but. Elle lit, en attendant que le temps. 

On pourrait supposer qu'elle à fuguer de chez ses parent, et que dans la hâte elle n'a pas pensé à l'endroit où elle pourrait aller, ni même ce qu'elle pourrait faire. 

La nuit Où les histoires vivent. Découvrez maintenant