Fols Masqués (8) - Naarn

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Dans la prison, le silence s'était installé entre les trois Elfes. Naarn tenta de s'asseoir plus confortablement sur le banc. Il appuya sa tête contre le mur. Peut-être arriverait-il à s'endormir un peu avant l'aube et les épreuves que celle-ci amènerait.

Il dut s'assoupir quelque temps. Quand il rouvrit les yeux, la lanterne brillait toujours à côté de la statue squelettique qui leur servait de gardien. Tys'Naïa était assise par terre, les yeux clos, dos contre le mur. Niédar dormait d'un sommeil agité. La prison était toujours plongée dans l'obscurité. Naarn secoua la tête. Un bruit l'avait réveillé. Il tendit l'oreille.

Au-dehors, il y avait de l'agitation. Des gens couraient dans la rue. Des cris inintelligibles leur parvenaient.

Naarn se rapprocha de la grille pour avoir un meilleur point de vue sur l'entrée de la prison. Après quelques secondes, les bruits se rapprochèrent et la porte fut ouverte précipitamment. Un soldat passa la tête sur le seuil et cria un ordre au kifo qui se leva machinalement et le suivit. Dans la confusion, Naarn n'était pas sûr de ce qu'il avait entendu. « Au palais » ? Que se passait-il ? Son cœur battait la chamade.

La porte resta grande ouverte après le départ du gardien.

Cela ne les avançait pas beaucoup. Leur cellule était toujours fermée à clef. Naarn réveilla tout de même Tys'Naïa et Niédar pour les informer de ce qu'il avait vu. On entendait encore des gens courir au loin.

— Le gardien est parti, as-tu dit ? le pressa l'Iwisien.

— Tu n'as qu'à regarder !

Niédar se leva et constata qu'en effet tous les prisonniers étaient livrés à eux-mêmes. Ses yeux étaient rivés sur son sac et ses armes, non loin de l'entrée. Ils brûlaient d'une étrange fièvre.

— Est-ce que l'un de vous deux a une épingle ? demanda-t-il soudainement.

Naarn n'en croyait pas ses oreilles. Avait-il trouvé un moyen de les libérer ? Le visage de Tys'Naïa se fendit d'un sourire. Elle tritura sa chevelure et défit une partie de sa coiffure en libérant deux des petites tiges en os qui tenaient ses tresses. Paume ouverte, elle les tendit à l'Iwisien qui eut un de ses rares sourires.

— Cela fera l'affaire.

Il s'accroupit pour faire face à la serrure de la grille. Naarn espérait de tout cœur qu'il parviendrait à l'ouvrir. Et si le gardien revenait ? Ils étaient désarmés. À trois contre un kifo, l'issue était incertaine.

— Où irons-nous ? demanda Tys'Naïa d'une voix tendue par la nervosité.

— Nous ne pourrons pas quitter la ville par les murs, répondit aussitôt Naarn.

Niédar continuait de travailler la serrure dans de petits raclements métalliques.

— Le port, dit Naarn.

La serrure céda. La grille s'ouvrit dans un long grincement plaintif qui réveilla le vieil homme allongé dans l'autre cellule. Il les suivit du regard, incrédule. Niédar s'empressa de s'avancer vers le bureau du gardien et s'empara de leurs affaires.

— Faites-moi sortir ! cria le vieil homme.

— Taisez-vous ! lui rétorqua Tys'Naïa. Vous allez faire venir les gardes !

— FAITES-MOI SORTIR !

C'était sûr, ce fou furieux allait tout faire rater. Naarn s'apprêtait à le supplier de se calmer mais Niédar le devança. Armé de son épée, il s'approcha de la cellule du prisonnier. Ce dernier dut lire quelque chose dans le regard du Marqué, car il recula comme un animal sauvage, tremblant de peur, geignant d'une voix grêle.

L'Herboriste - Les Thaumaturges IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant