chapitre dix

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— dix-sept juillet 2013 —

Plusieurs semaines étaient passées, durant lesquelles Neymar avait tout fait pour intégrer, en toute discrétion, Mercy dans la société.

Il lui apprenait la vie, qu'elle n'a pas pu connaître ni comprendre dans son pays, et elle en était tout simplement ravie.

Le footballeur venait voir Mercy de plus en plus souvent, et passait le plus clair de son temps avec elle, dès qu'il n'avait pas entraînement.

Il fut surpris que Mercy soit dotée d'une telle intelligence, car la jeune femme pouvait à présent entretenir une conversation en portugais pendant plusieurs minutes, et maîtrisait très bien la langue.

Elle avait appris beaucoup de choses depuis son arrivée ici, elle en était très heureuse, et voulait à tout prix s'en sortir.

Elle est allée à l'hôpital il y a deux semaines de cela, pour une opération de la jambe.

Le chirurgien a parfaitement fait son travail, et a enlevé la balle de la jambe de la jeune femme.

Balle qu'elle avait reçu entre l'Afghanistan et le Pakistan.

Elle s'est beaucoup ouverte également, et parle comme une personne normale. Le fait de vivre avec quelqu'un de gentil et d'attentionné fait qu'elle se sent sans aucun doute plus à l'aise.

Mais aujourd'hui, la jeune femme n'était pas dans son assiette. Son moral était au plus bas.

     — Oi Mercy !

     — Oi Neymar, s'exclama-t-elle en s'étirant.

     — Tout va bien ?

     — Pas tellement non.

Le sourire du footballeur s'effaça, pour laisser place à l'inquiétude. Il s'asseya sur le lit, à ses côtés, en tailleur.

     — Tu veux m'expliquer ce qu'il ne va pas ?

     — Je pense que cela me ferait un bien fou, oui.

Elle se redressa, ses yeux se plantant dans ceux du brésilien. Elle lutta pour ne pas rougir, quand son regard perçant croisant le sien.

     — J'ai un passé très difficile je...je ne sais même pas qui je suis réellement, et je pense que c'est cela qui me bloque dans la vie réelle. Je veux dire, je n'ai jamais connu ma mère biologique, je ne sais pas où je suis née, je ne sais pas si la femme qui m'a portée pendant neuf long mois est toujours en vie... J'ai vécu l'enfer en Afghanistan. Je ne sais même pas pourquoi, ni comment cette guerre a commencé, je n'en sais rien. Je ne suis qu'une femme innocente après tout. À mes treize ans, tout juste, je me baladais dans les rues de Barmyan, la ville dans laquelle je vivais. Des hommes appartenant au régime... taliban, je crois, m'ont trouvée en pleine ruelle et ont commencé à me toucher de partout.

Mercy reprend son souffle, et renifle. Les larmes coulaient en abondance sur ses joues.

     — Ils m'ont violée dans cette ruelle, sans aucun respect, sans aucun scrupule. Je les considère à ce jour comme des monstres. Mais je ne peux pas fuir mon passé, tous ces moments me reviennent en tête et ça me fait mal. Ils m'ont emmenée avec eux, j'étais leur esclave sexuelle pendant de nombreuses années, je ne compte même plus. J'ai essayé de m'enfuir, et cela a fonctionné. J'ai commencé à fuir, j'ai traversé l'Afghanistan, puis le Pakistan, je suis montée dans un bateau remplit de migrants. Les trois quarts de ces gens-là sont morts, en tombant dans l'océan. Ils ne savaient pas nager. L'homme qui m'avait aidée à me relever quand je me suis prise une balle dans la jambe est tombé à la renverse. Son corps n'est plus que poussière à présent, je pense. Puis je me retrouve ici, dans une chambre d'un joueur de football qui n'a rien demandé. Je me suis immiscée dans ta vie, et dans celle de ta famille. Je ne mérite peut-être pas cette vie-là, je n'en sais rien, je suis un peu perdue.

Neymar ne sut que dire suite aux longues et douloureuses paroles de Mercy. Il ne put que la prendre dans ses bras, essayant de la soutenir au maximum.

     — Je suis content que tu te sois confiée à moi.

     — Tu l'avais fait il y a trois jours, c'était à mon tour maintenant.

Suite à une légère dispute avec Bruna, le brésilien s'était confié sur sa vie entière à Mercy, qui l'avait écouté d'une bonne oreille, du début à la fin.

La brésilienne lui reprochait de passer trop de temps avec la jeune femme, ce qui a fortement déplu à Neymar.

     — Tu sais Mercy... Il ne tient qu'à toi de réussir à aller de l'avant. Je sais que ça va être compliqué, je n'ose même pas imaginer le traumatisme que tu dois contenir en toi, et je suis vraiment impressionné par la force mentale que tu as concernant ton passé. Sache juste que je serai là pour toi si tu as besoin, je ne te lâcherai pas je te le promets, et je vais t'aider à te relever et à démarrer une nouvelle vie, ici. En aucun cas tu ne me déranges, ni moi, ni ma famille, tu mérites juste d'être heureuse et de te reconstruire.

     — Merci pour tout Neymar.

Mercy se cala contre son oreiller, ayant une forte douleur à la jambe depuis quelques temps déjà.

     — Ça va ?

     — J'ai mal à la jambe, depuis quelques temps, mais plutôt la cuisse.

     — Montre-moi.

Mercy souleva doucement la couverture qui couvrait ses jambes, et Neymar lui demanda de retirer son jogging pour qu'il puisse regarder sa cuisse.

La jeune femme hésita quelques secondes, mais le brésilien la rassura en lui disant qu'il allait juste regarder l'endroit où elle avait mal, et rien d'autre.

Elle s'exécuta et Neymar s'approcha de sa jambe. Sa peau était froide au toucher, et très pâle au niveau de l'impact de la balle.

L'endroit où l'opération s'était déroulée deux semaines plus tôt.

Il appuya sur le bas de sa cuisse, l'endroit le plus éloigné de sa plaie.

     — Tu ressens quelque chose quand j'appuie là ?

     — Non, je ne sens même pas que tu appuies.

     — Et ici ?

Il appuya sur la peau froide de Mercy, presque à l'endroit de l'opération.

     — Aïe ! Arrête s'il te plaît...

Il releva la tête vers la jeune femme, qui avait les larmes aux yeux.

Il ne pouvait pas mettre un mot sur l'état de la cuisse de Mercy, qui ne ressemblait plus à grand chose.

De grosses cloques s'étaient formées, qui pouvaient dégoûter des personnes trop sensibles à cela.

Il se leva avant de mettre ses chaussures.

Mercy semblait perdue.

     — Qu'est-ce que tu fais ?

     — Rhabille-toi, on va à l'hôpital. Ce qui t'arrive n'est pas normal, on a l'impression que toute ta cuisse est anesthésiée par je ne sais quoi, et que la partie où tu as été opérée ne l'est absolument pas. De plus, ta peau est froide, et pâle. Et ces... trucs bizarres qui font juste peur ne me rassurent pas pour autant. J'ai un mauvais pressentiment.

Elle se renfrogne et remet son jogging avant de suivre Neymar en boitillant. Ce dernier l'aide à marche jusqu'à la voiture, puis démarra.

« Mon quotidien c'est la misère et la guerre. »

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on ne dirait pas, mais cette partie fait presque 1200 mots ;)

-trenteseptkm

mercy» NEYMAR JR Où les histoires vivent. Découvrez maintenant