Loin des yeux, près du cœur

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- Dis Ochako, quand tu partiras là-bas, tu reviendras nous voir ?

La brunette regardait les vagues léchant les rochers depuis la falaise, point culminant de leur petit coin de paradis perdu au milieu de l'océan.

- Bien sûr que je reviendrais. Mes parents habitent ici et toi aussi, dit-elle en souriant au blondinet à ses côtés.

- Tu as intérêt, bougonna-t-il en retour, rougissant légèrement aux mots de la jeune fille.

Ce souvenir donna un sourire à une Ochako plus mature de son expérience sur le continent. Voilà cinq ans qu'elle avait adressé ces mots à son ami d'enfance, Katsuki. Du haut de ses vingt-trois ans, la jeune femme sentait qu'un retour aux sources ne lui ferait aucun mal

Le seul bateau en partance vers sa maison était souvent vide aussi, le capitaine du Black Swan lui demanda plusieurs fois si la demoiselle ne s'était pas trompée d'embarcation avant de la reconnaître. Il fallait dire que sur une si petite île, tout le monde se connaissait parfaitement. C'était comme avoir une grande famille.

- Ça alors ! Si je m'attendais à ce que tu reviennes petite midinette ! Ces jeunes de nos jours, ils ne préviennent plus personne, s'exclama le vieil homme avant de serrer Ochako dans ses bras aussi fort qu'il le pouvait.

Avec autant de sympathie dès son arrivée, le voyage semblait plus court. Le capitaine s'amusait à la surnommer midinette pour l'embêter. Cela désignait une jeune ouvrière ou vendeuse qui travaillait dans une grande maison de couture mais aussi une fille simple, frivole et naïve. La brunette en riait aujourd'hui mais à l'époque, elle se vexait plus facilement.

Après un long trajet sur les flots, les premiers rochers de la falaise apparaissaient lentement. Sa maison n'avait jamais été aussi proche d'elle désormais. Impatiente comme jamais, la jeune fille sauta du bateau pour se retrouver directement sur le pont en n'oubliant pas de remercier le vieillard. Même si des années s'étaient écoulées, elle n'avait pas changé et restait la même petite fille qui connaissait ce lieu mystique par cœur.

Il était seize heures, elle savait que ses parents devaient encore être aux champs à cette heure-ci, pas la peine d'aller sonner à leur porte. La jeune fille souriait tellement qu'elle finissait par en avoir mal aux joues. Rien d'autre n'avait d'importance, Ochako était chez elle.

Courant à travers la forêt, elle admirait les arbres qui avaient grandi en son absence. Le chemin de terre battue avait été creusé davantage par les passages répétés des engins agricoles et le cours d'eau courait à vive allure le long de la roche jusqu'à la mer. À l'orée des bois, elle se hâta pour déboucher sur les champs du village ainsi que ses parents. Ne pouvant plus contenir sa joie, elle les interpella en faisant des gestes rapides de la main. En la voyant, ils en lâchèrent leurs outils de travail. Les retrouvailles se scellèrent par une embrassade emplie d'amour et de joie.

En rouvrant les yeux, la brunette put apercevoir une autre personne un peu plus loin dans le champ qui s'était arrêté également en entendant les cris de la jeune fille. Elle reconnaissait ces cheveux blonds en épis et ces yeux rouges bien plus profond qu'à l'époque. Il portait un visage impassible et être torse nu ne semblait pas le déranger. Il devait travailler souvent ainsi pour avoir la peau aussi mate, pensa-t-elle.

- C'est bon ? T'as fini de me dévisager comme ça ?

Il fronçait les sourcils et regardait aussi Ochako de haut en bas.

- Salut Katsuki, heureuse de te revoir, rétorqua-t-elle. Pourquoi est-il avec vous aux champs ?

Son père ria avant d'emmêler les cheveux de sa fille de son poing.

Loin des yeux, près du cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant