Diana - La traque a commencé

XIV- La vengeance est un plat qui se mange froid

Le lendemain matin, Diana se lève plus déterminée que jamais. Elle a eu le loisir de réfléchir encore et encore mais maintenant il est plus que temps d'agir. Une énergie et une volonté nouvelle semblent la posséder alors qu'elle s'habille. Ses mouvements sont rapides et précis. Son esprit concentré. Elle est fermement décidée à traquer et abattre ces chasseurs. Elle en a assez d'attendre inéluctablement qu'ils ne s'introduisent ici et ne la tuent. Elle en a assez d'agir comme une proie affaiblie et sans défense, se cachant dans la plus haute tour de la ville, prisonnière de son propre chez-soi. Elle veut rester en vie. Mais pour cela, elle préfère encore risquer sa peau en attaquant la première.

Elle prend avec elle son sac à main dans lequel elle y cache différentes potions qu'elle a préparées ainsi qu'une dague aiguisée. Sans perdre un instant, elle sort de l'immeuble et se rend là où elle aurait dû aller dès le début de cette affaire : chez Aisha.

Normalement, Aisha habite toujours au même endroit depuis que Diana est arrivée à New-York. Si c'est bien le cas, elle devrait la trouver dans une vieille maison du Bronx, beaucoup plus âgée que la dernière fois qu'elle l'a vue. Elle espère néanmoins la reconnaître. En tout cas Aisha ne devrait pas avoir de mal en ce qui concerne Diana, qui n'a pratiquement pas changé depuis 1955.

Consciente que des chasseurs doivent être alertés de son départ et qu'ils n'hésiteront pas à la suivre, la sorcière joue le coup de la ruse. Elle demande au chauffeur de la conduire à l'opposé de là où elle souhaite se rendre et à un feu rouge, elle change de veste et descend discrètement du véhicule. Elle marche plusieurs minutes à pied puis hèle un autre taxi. Celui-ci la mène jusqu'au port et elle fait mine de monter à l'intérieur d'un ferry avant de quitter le navire juste avant qu'il ne se mette en marche. Finalement elle demande à un automobiliste de bien vouloir la conduire dans le Bronx et finit le reste du chemin à pied.

Elle espère qu'avec tout le mal qu'elle s'est donnée, elle aura au moins réussi à les semer et à ne pas les conduire jusqu'ici. Comme dans ses souvenir, la bâtisse est habillée d'une pâle couleur jaune et ses rebords de fenêtre traduisent l'usure du temps. Elle est composée de deux étages et d'un grenier, mais la pièce la plus importante est le sous-sol. C'est là que Aisha cache tout ce qui est relatif au monde des sorciers, là qu'elle parvient les tours de magie les plus fous, sans pour autant utiliser la moindre once de sorcellerie.

Alors qu'elle monte les marches jusqu'à la porte d'entrée, elle espère de tout son cœur qu'elle habite toujours ici et que rien ne lui est arrivé. Cette appréhension atteint son paroxysme lorsque Diana se décide enfin à frapper à la porte. Personne ne répond et la jeune femme jette un coup d'œil anxieux dans la rue pour vérifier que personne ne l'ait suivi. Finalement, la lourde porte de bois s'entre-ouvre, laissant voir à Diana la moitié d'un visage vieilli par le temps.

- Diana ? demande la voix quelque peu affaiblie et changée de sa vieille amie, mais reconnaissable entre toutes.

- Aisha ? Oui c'est moi, Diana.

La porte s'ouvre assez grand pour que la sorcière s'introduise à l'intérieur avec un vif soulagement. L'intérieur de la maison est encore plus impressionnant que son extérieur et la lumière vient filtrer à travers les fenêtres et se refléter sur les lambris de bois. Baissant la tête, Diana peut enfin contempler Aisha qui a bien changé. Ses cheveux grisonnants sont ramassés en une longue tresse et elle porte une sorte de kimono japonais rouge et noir. Ses traits autrefois lisses et bronzés sont aujourd'hui plissés et sa peau encore plus halée. Même les années sont visibles dans ses yeux verts mais ceux-ci sont toujours vifs et alertes.

Sans dire un mot, la vieille femme prend Diana dans ses bras en l'attirant contre elle, forçant cette dernière à se baisser un peu pour se mettre à sa hauteur. Que ça lui fait du bien de revoir un visage familier. À la façon dont Aisha l'étreint, on dirait qu'elle vient de retrouver un enfant perdu depuis bien trop longtemps.