Je déteste le noir.
La nuit, l'obscurité ; là où on ne peut jamais voir qui nous observe, là où notre vulnérabilité est à son paroxysme. Et malgré mon âge, je n'arrive toujours pas à dormir sans au moins une source de lumière proche.
C'est pour quoi marcher le long de cette rue vide et sombre est un réel cauchemar. Je jette quelques coups d'œil par dessus mon épaule à chaque pas que je fais, les mains fourrées dans les poches de mon pull.
J'essaie de me convaincre que tout ira bien, mais mon angoisse grandit de minutes en minutes.
–Foutue soirée, je marmonne en avançant.
Et dire que je suis obligé d'emprunter cette route parce que mes potes sont partis sans moi. Voilà ce que ça fait de jouer Call Of Duty sur les W.C pendant un peu trop longtemps.
Je rabats la capuche de mon pull sur l'arrière de ma tête lorsque des silhouettes apparaissent au bout de la ruelle. Tout ce qu'il me faut, c'est marcher près d'eux sans paraître suspicieux et ça devrait aller.
Je me rapproche doucement, la tête baissée. Lorsque j'arrive à quelques pas d'eux, je risque un regard dans leur direction et voit un groupe de quatre hommes baraqués, tous tatoués, des clopes à la main et tout ce qu'il existe de moins rassurant au monde. Chacun d'entre eux est debout contre une moto et mon cœur semble tomber dans mon estomac lorsque je perçois un flingue à moitié caché dans le pantalon de l'un d'entre eux.
Je vais mourir d'angoisse avant même de les atteindre.
J'accélère le pas lorsque je passe près d'eux et souffle longuement. Ils ne semblent pas m'avoir remarqué.
–Hé, blondinet ! Tu vas où, comme ça ?
Ou pas.
Mon cœur se serre, et mon corps tout entier frémit. J'accélère la cadence jusqu'à ce que je me mette à courir mais il ne faut que très peu de temps pour que l'un d'entre eux réussisse à me rattraper. Il me fout un coup puissant dans les mollets et je m'écroule presque instantanément, ma tête frappant contre le sol et mon téléphone s'écrasant un peu plus loin.
Ils explosent tous de rire alors que je retiens mes grognements de douleurs, un bruit perçant vrillant mon cerveau après le choc. Je vois à peine clairement devant moi, mais j'aperçois trois hommes debout au dessus de mon corps.
Celui qui m'a asséné le coup me redresse par le haut de mon pull, si facilement que je me demande si je fais le poids d'un putain de chat. Il me tient en face de lui, son sourire dévoilant ses dents dont certains sont en argent.
–T'es un gosse de riche toi, ça s'voit. T'as quoi dans les poches ? Il parle si proche de mon visage que je sens son haleine pestilentielle.
Je me retiens de vomir alors que je fourre mes mains dans mes poches et en sort mon seul billet de vingt que j'ai été assez stupide pour ne pas utiliser pour un Uber. Je le tends dans sa direction, la main tremblante.
Ils explosent tous de rire en observant mon billet. Je serre les dents, priant intérieurement pour que ce cauchemar s'arrête.–J'ai rien d'autre. Laissez-moi partir, s'il vous plaît.
Il m'éjecte de nouveau au sol et j'arrive à me tenir par mes mains avant que ma tête ne le frappe à nouveau.
–Tu veux t'en occuper, Nic ? Lance-t-il à l'intention de l'homme derrière lui sans me quitter des yeux.
Nic.
Le mystérieux homme s'avance, les mains dans les poches de sa veste en cuire noire. Il me regarde de toute sa longueur, ses yeux sombres scrutant chaque parcelle de mon corps.
Lorsque nos yeux se croisent, c'est comme si une décharge électrique me frappait de plein fouet. Son regard est si familier... ses yeux, ses lèvres, son expression. Je peux jurer l'avoir déjà vu. Mais où ?
C'est peut-être le coup que je me suis pris sur la tête qui me fait imaginer des choses.
Il me regarde, l'expression impassible, presque comme s'il ne me voyait pas. Ses tatouages grimpent jusqu'à son cou, et certaines mèches de ses cheveux noirs retombent sur son visage.
Mon cœur s'emballe dans ma poitrine, et je reconnais ce sentiment. Comme si nos regards se sont déjà croisés auparavant.
–On se barre, il déclare en faisant signe à ses hommes sans jamais me quitter des yeux.
Les autres ne bronchent pas et se retournent tous alors que notre échange de regard interminable se poursuit dans le plus grand des silences. Mon cœur bat si vite que j'ai l'impression qu'il va exploser et je reste figé sur le sol.
–Ce quartier est dangereux la nuit.
Sa voix rauque me transperce la peau et se dissipe dans mon corps.
Il tend la main dans ma direction et je l'agrippe pour me relever. Lorsque je lui fais face, il finit par se retourner et grimpe à son tour sur sa moto. Il glisse son casque sur sa tête, démarre son engin et s'engage sur la route. Ma main rejoint instinctivement ma nuque légèrement blessée alors que je l'observe pendant qu'il s'éloigne avec ces hommes.
Avant qu'il ne disparaisse au bout de la ruelle, il se retourne une dernière fois, jetant un coup d'œil par dessus son épaule dans ma direction.
Et c'est à ce moment que tout me revient.
Ce regard, cette sensation étrangement familière dans ma poitrine lorsque nos yeux se croisent.C'était lui.

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Succomber à la tentation [bxb]
RomanceLa vie de Lucas Stewart est tout ce qu'il y a de plus normal pour un lycéen de 17 ans. Issu d'une famille aisée, entouré de ses amis et bon élève, un avenir brillant l'attendait. Mais lorsqu'un malheureux hasard le met nez-à-nez avec Nico Castiel, c...