Prologue.

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La musique résonne dans les baffles de la boîte de nuit et retentit trois de pâtés de maison plus loin. Le brun entre dans le carré VIP sans même jeter un regard au colosse qui contrôle les entrées. Après tout, il le connaît depuis qu'il a l'âge de quinze ans et qu'il entrait dans la boîte en douce pour profiter de la vie de la jeunesse dorée londonienne.

Aujourd'hui à 27 ans, il est l'un des piliers de cette jeunesse née avec une cuillère en argent dans la bouche. Et il le sait. Il sourit à peine aux nombreux fêtards qui le hèlent comme s'il étaient amis depuis toujours.
Il monte dans la cabine du DJ et lui fait la bise comme à une vieille connaissance. Il a en effet mixé à l'énorme fête de ses 20 ans.

Le jeune homme continue sa déambulation au milieu des gens beaucoup trop alcoolisés jusqu'à atteindre la table la plus en hauteur de toute la boite. Sa table. Toujours libre et recouverte de tous les alcools dont il a besoin pour passer une bonne soirée.
Ce soir là, Gabriel Montrose l'attend, avachi sur la luxueuse banquette en velours noir.
Quand il aperçoit son ami il s'exclame en se levant tant bien que mal :
— Edward, te voilà enfin ! Je désespérais de te voir ce soir !

Edward jette un coup d'œil à sa Rolex fétiche. Pourtant il n'est que deux heures du matin. Il hausse les épaules en se disant que pour les gens normaux, deux heures, c'était plus le signe de fin de soirée que de commencement. Mais pas pour lui.

—Désolé, j'étais à une pendaison de crémaillère à Regent street puis je suis passé à la soirée de Cara Delevingne. il lance en passant sa main dans ses grosses boucles brunes.

—J'ai un peu entamé tes bouteilles... grimace le petit roux, visiblement déjà bien alcoolisé.
Edward fronce les sourcils. Comme s'il en a quelque chose à faire. Des bouteilles, il peut en avoir des tas. C'est fascinant comment les gens le respectent juste grâce à son statut.

Il finit par s'asseoir aux côtés de son ami sur sa table et à commander une dizaine de shoots pour tous ceux qui osent le défier.
Évidemment une dizaine de filles et de gars trop heureux de pouvoir l'approcher se ruent vers la table tant convoitée.
Après un rapide examen de la foule demandeuse, Edward pointe du doigt à son ami les quelques chanceux qui pourront les rejoindre. Pour ce soir, ce ne sera que des filles. L'une grande à la silhouette d'anorexique, sûrement mannequin, une autre aux cheveux rose néons et enfin, une dont les faux seins semblent sur le point d'exploser dans son mini-haut en dentelle noire.

Il s'assoit et regarde la foule être dispersée par les vigiles et les trois filles rejoignent sa table en gloussant. Il ne prend même pas le temps de connaître leur prénom et leur fourre une bouteille de tequila sous le nez. Il descend une ligne de shoot de rhum d'une traite avant de lever les bras en l'air et de crier jusqu'à recouvrir le son de la musique : —Ce soir j'invite tout le monde !

Même pas une demi-heure plus tard, il est complètement torché et ne peut que rester assis sur la banquette, sous peine de tomber comme une vulgaire poupée de chiffon. Ses bras entourent les épaules de la blondasse aux faux seins et son cou pris d'assaut par Miss cheveux néons. Soudain, des vibrations provenant de la poche de son pantalon Ralph Lauren le tirent de son activité.
Il jure en voyant le numéro de son frère aîné s'afficher et hésite à laisser sonner.
Mais il sait que s'il ne répond pas, il en a pour une soirée de harcèlement et des reproches insupportables le lendemain.

Alors il se décolle des deux filles et titube comme il peut jusqu'aux toilettes les plus proches, où les hurlements de la musique se font moins fort. Il appuie sur le bouton vert et porte l'appareil à son oreille en inspirant.

–Allo ? il demande d'une voix plus pâteuse qu'il ne veut.

–Putain t'es où Edward ? jure la voix a l'autre bout du fil.

–En Australie pauvre con ! s'écrit le fêtard avant de glousser, hilare, de sa propre blague.

–Arrête de faire le débile ! On t'a attendu pendant une heure avec les parents ! continue la voix.

–Vous arrivez plus à dîner sans moi maintenant ?! pouffe Edward en sentant son esprit s'embrumer.

–Je présentais Margareth a la famille ce soir !

Alors c'est ça le motif de son appel à une heure si tardive. Juste pour lui dire que c'est un con de ne pas être allé à ce stupide dîner de famille. Edward n'en a strictement rien à cirer de rencontrer la petite amie de son grand frère. Il hésite entre dire la vérité ou prétendre que le dîner lui est sorti de la tête. Mais le taux d'alcool dans son sang est comme un sérum de vérité et il cri dans le téléphone avec un peu trop de véhémence :
–Mais putain Heathcliff j'en ai rien a foutre de ta pute !

Et il raccroche.

Même s'il fait partie des Neville, une richissime famille britannique, illustre depuis plus d'un siècle, il déteste le monde ses aristos dans lequel il baigne depuis l'enfance. Lui, Edward, est complètement différent de son frère Heathcliff Neville, bientôt le plus jeune lord a siéger a la Chambre. Il est comme ses parents l'ont toujours voulu : beau, intelligent, serviable, déterminé, dévoué à son pays, mais il est aussi cruellement froid. Comme une vulgaire machine qui fait ce qu'elle est programmée à faire.
Il est tout le contraire d'Edward qui est un vrai bordel et qui n'en a que faire des conventions et des règles.

C'est sûrement pour ça que les deux frères se détestent.

Heathcliff trouve Edward puéril et égoïste, Edward trouve Heathcliff froid et méchant.

Jetez une journaliste beaucoup trop curieuse dans tout ça, et c'est un scandale assuré.

Call me LadyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant