Chapitre 12.

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Neha dort déjà et je discute avec Zora, assises autour de la table de cuisine. On évoque le lycée, les cours et ses amis. Zora évoque un futur déjà très clair et j'en suis étonnée. Elle veut faire des études d'esthétique. Elle veut apprendre à manucurer, à coiffer mais surtout à maquiller. Elle me demande si elle peut faire un essai sur moi et j'approuve. C'est toute excitée qu'elle part chercher l'essentiel dont elle a besoin. Elle installe sa panoplie sur la table et me remonte les cheveux vulgairement. Elle me montre ses produits, commence par une crème hydratante puis étale du fond de teint sur mon visage à l'aide d'un pinceau. Elle se plaint de la qualité de ses produits et soupire plusieurs fois. Je me fais un petit mémo mental pour me souvenir de lui acheter du maquillage pour son anniversaire. Il est vingt-deux heures, je ne vais sortir nulle part mais je ne veux pas lui gâcher son plaisir même si ce maquillage sera retiré d'ici une heure. Elle s'attaque à mes sourcils, à mes paupières et à mes cils. Elle finit par la bouche et replace convenablement mes cheveux.

- T'es trop belle Alice. dit-elle en m'admirant.

Elle me pousse jusqu'à la salle de bain et je dois admettre que le résultat est bluffant. J'ai l'air beaucoup plus femme, plus adulte.

Je la félicite et lui jure qu'elle sera une très bonne esthéticienne si elle continue ainsi. Je la vois rougir et suis surprise quand elle me serre dans ses bras.

- Je vais me coucher, Zayd va arriver. déclare-t-elle en me faisant un clin d'œil.

Elle s'enfuit vers sa chambre et me laisse interdite dans la salle de bain. Que vient-elle de dire ? Que signifiait ce clin d'œil ? J'ai les joues encore plus rouge qu'une écrevisse et je retourne dans la cuisine finir de ranger. Mon cœur fait des embardées rocambolesques quand une clef se tourne dans la serrure. Le visage de Zayd apparait quelques secondes plus tard dans la l'embrasure de la porte. Il m'adresse un sourire à tomber et je détourne les yeux.

- Bonjour.

Sa voix grave me donne des frissons.

- Bonsoir.

Il pose sa veste en cuir sur le dos d'une chaise et se rapproche. J'ai les jambes en coton et le bas ventre bouillant. Il m'observe par-dessous ses longs cils et je m'embrase davantage. Il ne fait aucune remarque sur mon maquillage, rien. Il réchauffe son plat sur le feu puis m'invite à m'asseoir avec lui. J'ai envie de glisser les mains sur ses épaules et de le masser pour le détendre, ses traits sont plus tirés qu'à l'ordinaire.

- Comment s'est passé ta journée ?

Il déglutit puis souffle.

- Mon livreur s'est trompé dans les colis et pour finir je me retrouve avec trois cartons de coton tiges à la place de conserves de légumes.

- Oh.

Il relève la tête puis hausse les épaules avant de se mettre à rire de la situation. Seigneur, qu'est-ce qu'il est beau. Il se lève, lave son assiette et ses couverts puis se tourne vers moi. Il rompt la distance entre nous de deux pas et je me racle la gorge, nerveuse. C'est étrange, on parle beaucoup plus par téléphone et par messages que lorsqu'on se voit. Je me sens incroyablement intimidée quand il est à mes côtés.

Il me dit à voix basse quelque chose que je ne comprends pas et je fais la moue.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? demandé-je.

Il craque un sourire timide et plonge ses yeux noirs dans les miens.

- Secret défense.

Je fronce les sourcils, croise les bras contre ma poitrine et le suis jusqu'au salon.

Pas d'arabe à la maison.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant