-Mylène, tu veux que je te joue un morceau de piano, se réjouit le blond.
Elle hoche timidement la tête et le suit. La rousse s'assoit à ses côtés et l'admire jouer. Avec joie, Mickaël change les idées de sa nouvelle amie avec qui il a enfin réussi à simpatiser lors de leurs études. Perdue sous les forts traitements, l'aide de Mickaël lui est précieuse pour s'y retrouver dans les cours. Même si elle est âgée d'un an de plus que lui et qu'elle passe le BAC, Mickaël parvient à enseigner et lui faire réviser. Ainsi, le stress envahissant de Mylène s'estompe petit à petit et ce n'est que bénéfique pour sa santé mentale.
*
-Bonjour papa, sourit Laurent.
-Bonjour, entre, fit son père dans une gracieuseté à en couper le souffle.
L'ambiance vite annoncée, Laurent devient encore plus tendue.
-Tu as passé une bonne journée, tente alors le blond en le suivant jusque dans le salon.
Théodore soupire et se rassoit sur le canapé devant la télé.
-Qu'est ce que tu veux ? Pourquoi tu viens m'voir ?
-Fils ?
-Quoi ?
-Tu as déjà oublié deux fois de placer fils dans tes phrases. Ça fait beaucoup.
-Mmf...
-Tu es toujours aussi distant, constate tristement Laurent en s'appuyant contre le mur, papa, je suis désolé...
Théodore fait la sourde oreille et pose sa tête contre son poing.
-Papa, insiste Laurent, arrête ! T'as pas l'droit d'me faire ça, s'énerve le fils, t'as pas l'droit de m'en vouloir parce que je ne suis plus capable de m'occuper de mon fils ! C'est de ta faute si...
-Ah non, hausse Théodore en se levant, je t'interdit de m'accuser de quoi que se soit !
-À qui la faute si je suis schizophrène ?!
-Sûrement pas moi !
-Ah oui ?! Explique alors ! C'est bien toi le premier schizophrène de la famille ?! À moins qu'Aniello ou Adriano l'étaient ou tous les précédents !
Théodore contracte sa mâchoire et baisse les yeux, embué de colère.
-Je n'ai jamais voulu être malade pauvre imbécile, crie l'italien, si tu crois que j'suis fière d'avoir transmis à mon propre fils et voir mon petit fils tu te trompes !
-Alors comprend moi moi aussi, hurle Laurent, tu sais ce que sait que de se faire bouffer et humilier par des voix !! De voire des choses qui n'existe pas !! De finalement écouter les ordres de ces démons qui se collent à notre cerveau jusqu'à commettre la pire des erreurs !! Mon erreur à moi !! Ça été de torturer Mickaël !! JE NE VEUX PLUS JAMAIS LUI FAIRE DE MAL !
Laurent reprend sa respiration à travers ses larmes de rage.
-Tu ! Tu dois me comprendre ! Tu es obligé de me comprendre, insiste Laurent en approchant son père, t'imagines un peu si j'le tue comme toi avec Maman ?! Tu me laisserai vraiment prendre le risque de tuer mon fils ?!
-Moi aussi je pourrai très bien lui faire du mal sous une crise espèce d'idiot !!
-Non !!
-Et pourquoi ?!
-J'ai confiance en toi !
Laurent lâche le pull de son père et se recule en réalisant ses propos.
-J'ai... Bien entendu, bégaye Théodore.
Laurent hoche silencieusement la tête.
-Je sais que tu ne lui fera aucun mal... Tu as appris à anticiper la maladie en prison. Moi je n'arrive plus à le faire depuis la mort de Marie. J'aimerai réapprendre à me contrôler comme avant et prendre les devants. C'est pour ça que je te demande de prendre soin de Mickaël le temps que je me sente à nouveau prêt à être à ses côtés.
Théodore ne quitte pas les yeux noisettes de son fils qui lui rappellent tant ceux de sa femme.
-Très bien, accepte enfin pleinement Théodore, tu sais qu'il veut partir faire ses études en Angleterre ?
-Depuis tout petit.
-Tu me laisse son orientation scolaire entre les mains ?
-Je te laisse tout de lui. Fait tout ce qui te semble le mieux pour lui. Comme si... Comme si c'était ton propre fils, lui supplie Laurent.
-Mais c'est toi mon fils, réctifie Théodore un peu troublé.
-Nan, soupire Laurent, moi je ne suis rien. Je suis le fils de personne et encore moins le père de quelqu'un. Je ne suis plus tout ça. J'ai plus de rôle dans l'histoire.
Théodore prend une longue inspiration en levant légèrement la tête sans quitter son fils des yeux.
-Tu as tord, chuchote ce dernier, tu n'es pas rien à mes yeux, avoue Théodore avec de longues larmes qui roulent à toute vitesse sur ses joues, je déteste... T'entendre te traiter de la sorte... Je me sens mal. Tu n'es pas rien ! Tu es Laurent Jify ! Laurent Jify !!
Laurent en eu le souffle coupé face à la sincérité dans les yeux bicolores de son père. Ce dernier le prend par le bras et l'entraîne jusqu'à la chambre de son fils.
-Laurent Jify, un petit garçon passionné par l'astronomie, la physique, les mathématiques, la géométrie ! Des choses qu'il a appris tout seul pour ensuite les transmettre à des plus jeunes ! Tu trouves que c'est rien ça ?!
Il lui retire ses lunettes et le pousse à s'approcher dans sa chambre.
-Regarde ! Allez !
-Arrête, hurle Laurent effrayé par la chambre de son enfance, je déteste-cette-chambre...
Il ferme les yeux résistant à l'envie d'arracher les posters présentant les planètes, de casser cette petite maquette d'une fusée posé sur son bureau remplie de cahier d'exercices de maths et de géométrie. Il ouvre ses yeux tristes et s'approche d'une petite photo de lui à ses dix ans accrochée au mur. Il l'a déchire sous le regard anéanti de son paternel.
-Laurent, non !
Trop tard, la photo est en mille morceaux. Un silence règne et Laurent sort.
-Fils, le retient Théodore, fils, revient !
Laurent a du mal à respirer, comme si il était pris de hoquet. Il revient sur ses pas et laisse son père le prendre dans ses bras.
-Tu n'es pas rien, murmure Théodore, tu es mon fils.
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Mickaël Jify (Volume 6;Partie 2)
Teen FictionTourmenté par ses parents eux-mêmes troublés par leurs maladies respectives, Mickaël ne parvient pas à grandir sainement, bien au contraire. Contraint de faire face à des situations qui n'ont pas lieu d'être en présence d'un adolescent de son âge, i...