Chapitre 23

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Ses paroles restèrent figées dans mon esprit, cherchant à en comprendre le sens, et, même si je ne parvenais pas encore à mettre la main dessus, j'étais certaine qu'au fond de moi, je savais ce qu'elle essayait de me dire. Après tout, c'était une partie de moi qui parlait, cela devait peut-être fonctionner comme le fait le subconscient quand on rêve, avec des "messages" qui peuvent en émerger, non ?

Je me résolus à me relever et à sortir de la salle d'entraînement, comme je l'ai surnommée, la chaleur montant de plus en plus au fil des secondes qui passaient, ravivant inconsciemment le douloureux souvenir datant de quelques jours seulement. L'air irrespirable. Les cendres. La destruction. La mort. Non. Il ne fallait pas que j'y repense, où j'allais devenir folle. Je devais cesser de ressasser le passé, ce qui est fait est fait, point. Air et Terre avaient raison, il me fallait aller de l'avant.

Je tendis instinctivement la main vers les flammes, et, sans réfléchir, en fis sortir une vague d'eau qui les éteignit immédiatement, ne laissant là plus qu'une épaisse et sombre fumée. Je sortis, évitant de claquer trop fort la porte, de peur que les murs, déjà fragilisés par l'explosion de tout à l'heure, ne s'effondrent.

À l'extérieur, je constatais avec étonnement que les multiples fissures que j'avais causées un peu plus tôt se refermaient d'elles-mêmes, comme par magie. Enfin, ça, c'était plutôt une certitude, quand il y avait un certain sorcier dans le coin.

Je ne m'attardai pas là-dessus et me dirigeai vers la porte d'entré de ma nouvelle maison. Je m'y arrêtai, hésitant à la pousser. Je ne savais pas trop comment avait réagis Thor après ce que je lui avait dit, et j'avoue que je m'en voulais un peu, désormais. Ce n'était pas de sa faute, après tout, ce qu'il nous arrivait. Il essayait de faire en sorte de mettre un maximum de chances de notre côté, même si tout n'était pas parfait dans sa façon de faire. Comme avoir fait confiance à Loki, par exemple, bien que je ne comprenne pas vraiment ce qu'il voulait, dans tout ça... Je commence à me demander si c'était une bonne idée de faire de lui mon "professeur" de magie.

Je finis par pousser la porte et entrai dans le salon. Mais à peine ai-je pu faire un pas que je percutais quelqu'un. Elenwë était devant moi, une sacoche en cuir sur le dos, ses armes -un arc, des flèches et une petite épée- entre les mains ou accrochés à sa ceinture. Ses long cheveux roux tombaient en petites boucles sur ses épaules, encadrant son visage d'enfant. Contrairement à moi et mes amis, elle n'avait pas eu une poussée de croissance dû à un sort divin et restait aussi jeune que lorsque je l'avais rencontrée, même si, étant une elfe, et donc immortelle, nous devions avoir à peu près le même âge. Mais je m'égare...

- Alors, ça y est, tu retournes sur Alfheim. dis-je, une pointe de mélancolie dans la voix.

Elle hocha le tête avec un petit sourire amical, et, sans trop savoir pourquoi, je la pris dans mes bras et lui souhaitai bonne chance. Elle avait voulu empêcher les Jotuns de conquérir sa planète en se battant aux côtés des siens, et elle en fut la seule survivante. Je n'avais pas eu plus de détails, mais je pouvais voir au travers de son regard qu'elle en avait été traumatisée, et que retourner là-bas, malgré tout, montrait à quel point elle était déterminée à prendre sa revanche, à se venger. Je pourrais même la qualifier comme étant la représentation du courage. Oui, c'est cela, le courage.

- Je ne voudrais pas avoir l'air de vous déranger, mais il faut que tu y ailles, Elenwë.

Je relâchai l'elfe de mon étreinte pour voir Loki, juste devant nous, l'air blasé, la pierre de voyage dans les mains.

- Thor te laisse encore jouer avec ce truc ?

Ce n'était pas pour me moquer que je lui demandais ça. Je me posais vraiment la question.

Laïra, la fille du TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant