Un secret partagé

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« - Comment va-t-il? »

Je m'empressai d'aller agresser le médecin, cherchant à tout prix à connaître les résultas.

« - Connaissez-vous des personnes de sa famille ? J'aimerais d'abord m'adresser à ses parents. »

La déception se lit subitement dans mon regard mais je me décidai enfin à lui fournir les numéros respectifs de ses géniteurs.

« - Est ce que ses visistes sont autorisés ? Demandais-je tout de même, je ne lâcherais pas l'affaire tant que je ne l'aurais pas vu. »

L'homme en face de moi replaça de manière impatiente ses lunettes sur l'arrête de son nez et me fournis l'étage et le numéro de chambre dans laquelle mon ami se trouvait. Je ne cherchai pas à en comprendre davantage, je me précipitai vers l'ascenseur, manquant presque de le bloquer en appuyant sur tous les boutons en même temps. Depuis près de deux heures mon coeur était rongé par l'inquiétude. Je savais bien que quelque chose clochait.

Je me giflai mentalement, m'accusant de n'avoir pas décidé de faire quelque chose avant que ce drame n'arrive. Arrivé à l'étage, je courrais presque à travers les couloirs bondés de l'hôpital et trouvais enfin la bonne chambre. Je pris soudainement ma respiration et toquai une première fois. D'un reniflement, j'entendis un léger « entrez ». Mon coeur s'emballa à nouveau. Je posai doucement une main sur ma poitrine tentant de respirer calmement, en vain.

J'entrai dans la pièce plongée dans la blancheur des murs. J'aperçus adossé contre le dossier de son lit relevé Marco, la télécommande en main, cherchant à trouver une chaîne légèrement plus entraînante que les autres. Son regard se détourna enfin de l'écran allumé et se posa sur moi. Son sourire s'agrandit et il prononça gaiement.

« - Coucou. » je soufflais de soulagement sachant sincèrement que mon ami était toujours conscient, toujours le même. Je m'empressai de me poster près de lui encadrant sa tête et posant son front contre le mien. Mon nez frôla le sien et ses joues s'empourprèrent légèrement. Il s'amusa à regarder ailleurs.

« - Bordel Marco... soufflais-je. Tu ne pouvais pas faire pire ? Tu m'a fait terriblement peur, ne refais plus jamais ça. »

J'entourai doucement sa taille et vins le coller à moi.

« - Tu es maigre. Fis-je remarquer d'un murmure.
- Ne dis pas n'importe quoi, répondit-il. »

Têtu, il n'arrivera jamais à avouer sa maigreur. Je plongeai mon visage au creux de son cou et profitai qu'il ne soit pas distant comme toutes les autres fois.
Tu ne m'échapperas pas, pas cette fois.

« - Tes parents ont rendez-vous avec le docteur, j'imagine qu'ils passeront te voir aussi.
- Tu es toujours furieux contre moi d'avoir brisé ta bouteille? »

Pourquoi changeait-il subitement de sujet. Est-ce que parler de ses parents était un sujet tabou?

« - Marco, arrête maintenant, je m'en fiche de ma bouteille. J'étais pétrifié à l'idée de te perdre. »

Il ne répondit pas et changea subitement de position, se tournant à présent dos à moi.

« - Marco... parle moi.
- Je n'ai rien à te dire Jean. J'aimerais me reposer, veux-tu bien me laisser ? »

Son changement d'attitude me fis l'effet d'un coup de poing en pleins dans l'estomac. Marco m'évitait de plus en plus, et je songeais à croire qu'il cherchait définitivement à me rayer de sa vie, et rien que de penser à ça me blessait profondément.

Sans m'en rendre compte, une colère soudaine s'empara de moi, laissant libre cours à mes larmes de couler le long de mes joues.

« - Pourquoi agis-tu si égoïstement ? Je m'écriais.»

Il se retourna vivement vers moi les yeux ronds.

« - T'es vraiment le pire des égoïstes, et le pire dans tous ça c'est que tu t'en rends compte! Tu comptes me blesser ? Vas-y, fais le autant que tu veux, mais jamais tu m'écarteras de toi.
- Jean je... »

Il posa ses mains tremblantes devant sa bouche. Son menton était plissé et il tremblait. Ses yeux étaient larmoyants, un voile de tristesse et de désespoir les avait submergé.

« - J'ai peur Jean, avoua-t-il difficilement. Ses mots étaient ensuite restés coincés dans sa gorge et il hoqueta.
- Peur de quoi? Crachais-je toujours aussi contrarié.
- Je veux pas être tout seul, mais tellement de choses m'en contraint, couine-t-il.
- Quelles genre de choses ?
- T-tout... regarde ce que je suis devenue, tu es déçu de moi, je n'accepte plus qui je suis et en plus de ça, mes parents me voient comme le pire des monstres depuis que... »

Il s'arrêta subitement, déversant à nouveau un hoquet de tristesse. Il secoua doucement sa tête de droite à gauche, posant ses poings sur ses yeux.

Affolé de ce qu'il me cachait, je me précipitai vers lui, agrippant ses poignets, le forçant à me regarder dans les yeux.

« - Depuis quoi ! »

Il se tût subitement lorsque la porte de la chambre s'ouvrît, laissant entrer les deux parents de mon ami. Son visage se crispa subitement et ses poings se resserraient sur le matelas, laissant les jointures se blanchir. Sa mère se rapprocha du lit, et vint avec affection embrasser le front de son fils. Son père s'avança seulement de peu, atteignant à présent ma hauteur après que j'eu pris le temps de me reculer. Il me fait un léger signe de tête puis vient s'assoir sur le lit de mon meilleur ami. Face à ce geste, il sursaute brusquement, se renfonçant encore plus dans le dossier du matelas.

Malgré toutes les frayeurs qu'il avait pu avoir vis à vis de son père, il n'aurait jamais cru qu'un tel geste allait le surprendre autant. Son paternel venait de poser ses larges mains sur son frêle avant bras. Un geste que jamais auparavant il n'aurait fais. Marco se mit doucement à pleurer, à la fois de soulagement et de fatigue. C'est vrai, il devait être épuisé. Sa mère lui caressa la joue, un petit sourire s'était étiré de ses lèvres. A la voir, ses yeux brillaient, ses gestes étaient doux. L'appel venant de l'hôpital avait l'effrayer au plus au point.

« Marco. » appela son père.

Ce dernier releva doucement la tête, les yeux bouffis et regarda son père.

« - J-Je crois que nous avons à parler. »

Cette phrase me fit comme un électrochoc. Était-ce une phrase qui me faisait comprendre que j'étais de trop dans la salle? Non! Je ne peux pas quitter Marco. Mon coeur accéléra, je lançais un regard suppliant Marco de ne pas me laisser partir.

« - Tu as besoin de savoir aussi, Jean. »

Mon corps tendu se relâcha brusquement. Ma mâchoire se détendit, mais je ne pu m'empêcher de rester inquiet face à la révélation du père. Qu'avais-je besoin de savoir ?
Sa mère avait arrêté de sourire et son visage s'était crispé.

« - Tu es anorexique, Marco. »

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